Le Mystère de l’écureuil bleu ouvre Mon premier festival d’opéra
Plus de détails
Paris. Opéra Comique. 25-II-2018. Marc-Olivier Dupin (né en 1954) : Le Mystère de l’écureuil bleu, opéra-comique. Mise en scène : Ivan Grinberg. Décors : Aurélie Maestre. Costumes : Alain Blanchot. Lumière : Madjid Hakimi. Chorégraphie : Caroline Marcadé. Avec : Ronan Debois, Saint-Germain ; Anna Reinhold, Adèle/Al Sirbec ; Armelle Khourdoïan, Margot ; Jean-Jacques L’Anthoën, Léon ; Patrick Kabongo, Bernabé dit Bébé ; Marion Tassou, Zineb ; Stuart Seide, la voix de Pel & Mel ; Marine Thoreau La Salle, chef de chant. Orchestre Les Frivolités Parisiennes, direction : Marc-Olivier Dupin.
L'Opéra Comique a lancé « Mon premier festival d'opéra », destiné aux petits à partir de 8 ans (et à leurs parents et grands-parents). Le théâtre relève ainsi le défi de transmettre aux jeunes générations la joie et la curiosité pour ce genre vieux de 300 ans.
C'est pendant les importants travaux du théâtre, qui ont entrainé sa fermeture pendant 18 mois, que Le Mystère de l'écureuil bleu a été créé. Mais comment, alors que la salle était alors entièrement vide de tout équipement ? Sur le web ! En partenariat avec le Théâtre Impérial de Compiègne, la création sur ce théâtre, sans spectateur, dans l'après-midi du dimanche 21 février 2016, a été retransmise en direct sur internet. Cette version est toujours visible via le site de l'Opéra Comique.
L'histoire a pour cadre l'Opéra Comique avec des personnages exerçant chacun un métier lié au théâtre. La salle s'apprête à rouvrir ses portes après des travaux… Saint-Germain, directeur du théâtre, prépare le gala d'inauguration. Mais son principal mécène, Pel & Mel, juge qu'il dépense trop d'argent pour Adèle, la chanteuse vedette de la troupe. Elle impose d'ailleurs ses conditions : elle ne chantera pas si Léon, le ténor qui a pour passion le tricot, est sur scène avec elle. Mais Saint-Germain doit mener ce gala au succès, sinon, c'est la ruine ! Il donne alors le rôle de la vedette à Margot, une choriste de la troupe, qui se promène partout avec son écureuil. Or, Zampa, c'est le nom de l'animal, est retrouvé mort, tout bleu, dans un piano. Qui a tué l'écureuil ? Dans cette énigme interviennent également Bernabé, le technicien-cintrier et Zineb, la costumière, personnages aussi indispensables qu'Adèle/Saint-Germain.
L'œuvre, en un acte à sept tableaux, fonctionne par séquences, comme un film, avec des changements fréquents de décors et de scènes qui reproduisent différents lieux de l'Opéra Comique : plateau, cintres, atelier de costumes, bureau du directeur, coulisses… Les personnages sont habillés en fonction de leur caractère, comme au cinéma : Bernabé en jean, Léon avec des pulls tricotés, Margot comme dans un manga de filles, Zineb très fashion ou Adèle en belle robe courte et noire. À chaque tableau, on entend, explicitement ou discrètement, des extraits d'opéras et d'opéras-comiques connus et moins connus, insérés dans l'intrigue et la musique de Marc-Olivier Dupin : La Dame Blanche de Boieldieu, Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach, Les Troqueurs d'Auvergne, Louise de Charpentier, Lakmé de Delibes, Manon de Massenet, Carmen de Bizet, Le Postillon de Longjumeau d'Adam, Richard Cœur de Lion de Grétry, Robert le Cochon de Dupin et Grinberg, mais aussi la comédie musicale Le Fantôme de l'Opéra. Le compositeur fait appel à des styles et des procédés musicaux très variés, des mélodies de facture classique jusqu'au boogie-woogie final, en passant par des valses ou des morceaux atonals, tout aussi changeants que les décors. La partition garde cependant sa cohérence dans cette diversité qui, sans jamais provoquer l'impression de dispersion, créé un dynamisme rafraichissant.
Les chanteurs sont tous des jeunes interprètes émergents, dont certains sont issus de l'Académie de l'Opéra Comique. Anna Reinhold est délicieusement orgueilleuse dans le rôle d'Adèle, et son beau timbre chaud trahit, malgré le caractère capricieux de la diva, une grande sincérité dans sa démarche vocale, à quoi s'ajoute une belle présence scénique. L'expression de Ronan Debois, directeur du théâtre en détresse, est convaincante, son naturel dans le jeu d'acteur est ici un grand avantage. Armelle Khourdoïan, alias Margot, se démarque par sa voix cristalline et légère, qui s'étire avec souplesse. Le rôle de Bernabé est tenu par Patrick Kabongo dont la belle voix de ténor est solaire, fraîche et ouverte, avec une diction claire. Marion Tassou incarne avec assurance Zineb au caractère affirmé ; son chant est aussi ferme que son personnage et ses gestes, tranchés. Jean-Jacques L'Anthoën campe merveilleusement Léon quelque peu pusillanime mais drôle, alors que sa voix sonore s'élance tout droit dans l'espace. Dans la fosse d'orchestre, les musiciens des Frivolités Parisiennes répondent joyeusement à la baguette du compositeur. Cependant, l'équilibre entre la fosse et le plateau est parfois délicat, l'orchestre couvrant de temps à autre les voix.
Après chaque représentation, les musiciens des Frivolités parisiennes ont donné une séance d'initiation à l'orchestre avec des explications plaisantes à propos de chaque instrument, devant les curieux qui s'amassaient au bord de la fosse. Notons qu'aux saluts à la fin de la représentation, les vrais techniciens qui manipulaient les décors du spectacle se sont présentés en premier. Ainsi, le métier de Bébé devenait tout d'un coup très réel ! Une belle initiative en somme, qui pourrait donner envie à certains enfants de devenir musiciens ou chanteurs.
Crédit photographique © Vincent Pontet
Plus de détails
Paris. Opéra Comique. 25-II-2018. Marc-Olivier Dupin (né en 1954) : Le Mystère de l’écureuil bleu, opéra-comique. Mise en scène : Ivan Grinberg. Décors : Aurélie Maestre. Costumes : Alain Blanchot. Lumière : Madjid Hakimi. Chorégraphie : Caroline Marcadé. Avec : Ronan Debois, Saint-Germain ; Anna Reinhold, Adèle/Al Sirbec ; Armelle Khourdoïan, Margot ; Jean-Jacques L’Anthoën, Léon ; Patrick Kabongo, Bernabé dit Bébé ; Marion Tassou, Zineb ; Stuart Seide, la voix de Pel & Mel ; Marine Thoreau La Salle, chef de chant. Orchestre Les Frivolités Parisiennes, direction : Marc-Olivier Dupin.