Classiques chambristes de Brahms par Hélène Dautry et Sandra Chamoux
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Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en mi mineur op. 38 ; Sonate pour violoncelle et piano n° 2 en fa majeur op. 99. Hélène Dautry, violoncelle. Sandra Chamoux, piano. 1 CD Lyrinx. Enregistré en juillet 2016 au Musée du terroir marseillais. Notice bilingue (français-anglais). Durée : 51’64.
LyrinxCe disque matérialise la collaboration, commencée en 2015, de la violoncelliste Hélène Dautry avec la pianiste Sandra Chamoux. Dans cet enregistrement, les deux musiciennes ne sortent pas des sentiers battus, en proposant les deux sonates que Brahms a dédiées à leurs instruments. Démarche sincère, complicité attachante et générosité caressante caractérisent le premier volume de ce duo de musiciennes.
Même si Brahms s'est naturellement tourné dans un premier temps vers son instrument de prédilection, le piano, pour écrire des sonates, rapidement, il fait le choix de lui associer un instrument récitant. Le violoncelle (Sonate n°1 en mi mineur op. 38 et Sonate n°2 en fa majeur op. 99), le violon (Sonate n°1 en sol majeur op. 78, Sonate n°2 op. 100 et Sonate n°3 en ré mineur op. 108) et la clarinette (Sonate n°1 en fa mineur et Sonate n°2 en mi bémol majeur op. 120) bénéficient ainsi de la créativité du pianiste, qui se traduit dans ce genre par des thèmes simples et tendrement mélancoliques, inspirés de la chanson populaire et du lied allemand, évoluant au sein d'une écriture et d'une architecture d'une surprenante habileté (et complexité).
En particulier, pour les pièces de ce CD, la Sonate pour violoncelle et piano n°1 s'inspire de L'art de la fugue de Bach pour son premier et troisième mouvement (le thème de l'Allegro non troppo peut être associé au troisième contrapunctus, alors que le dernier mouvement cite le treizième contrapunctus dans une forme fuguée) et fait résonner l'art de Haydn ou Mozart dans son mouvement central.
La Sonate n°2 fait preuve quant à elle d'une écriture encore plus technique autour d'une seule note, le fa, allant à l'encontre des conventions classiques de l'époque, en délaissant l'enchaînement de tonalités normé généralement à la dominante, sous-dominante ou au mode relatif, pour une séduisante rhétorique à multiples facettes (tonales, modales et chromatiques). Cette opposition et cette singularité permettent ainsi à ces sonates pour violoncelle et piano de faire aujourd'hui partie intégrante du répertoire ainsi que de notre discographie, certains artistes faisant le choix de leur associer la Sonate pour violoncelle et piano en ré majeur, transcription de la Sonate pour violon et piano en sol majeur op. 78, comme Marc Coppey et Peter Laul (Aeon, 2008) ou bien encore Henri Demarquette et Michel Dalberto (Warner Classics, 2008) – ce qui n'est pas le cas ici.
Sans atteindre l'excellence d'Alexandre Kniazev (Clef ResMusica en 2016), mais sans se complaire dans une proposition rassurante bien que dépourvue de disparités, parti-pris de Laura Buruiana et Matei Varga, cette interprétation contourne les difficultés propres à l'association des deux instruments par une écoute mutuelle attentive des deux artistes, qu'unit une parfaite connivence. La prise de son est pour beaucoup dans cet équilibre, la force de cette interprétation s'affirmant également par les respirations audibles des musiciennes. Le chant juste du violoncelle de la part de la première, délié par une belle ligne mélodique, n'est jamais étouffé par le jeu pianistique de la seconde, même si la partie que Brahms consacre au piano est de nature assez dense. Les attaques parfois un peu rêches de l'archet sont un moindre mal pour atteindre un discours nuancé, renouvelé et une certaine vigueur dans l'expression. Même si le niveau de tension dans le premier mouvement de la Sonate n° 2 n'est pas à son paroxysme, le lyrisme excelle dans l'Adagio qui suit (l'un des chants les plus gracieux consacrés au violoncelle). La fougue et la passion de ces partitions se révèlent légèrement contraintes par le choix de privilégier un traitement égal des deux instruments : le piano n'écrase pas le timbre voilé de l'instrument à cordes frottées, au détriment peut-être d'une lecture plus audacieuse, mais au bénéfice d'un échange tempéré, dont la fugue de l'Allegro de la première sonate est bien révélatrice.
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Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en mi mineur op. 38 ; Sonate pour violoncelle et piano n° 2 en fa majeur op. 99. Hélène Dautry, violoncelle. Sandra Chamoux, piano. 1 CD Lyrinx. Enregistré en juillet 2016 au Musée du terroir marseillais. Notice bilingue (français-anglais). Durée : 51’64.
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