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À Lausanne, Stéphane Degout l’orfèvre

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Lausanne. Opéra. 10-XII-2017. Gabriel Fauré (1845-1924) : Aurore (Armand Silvestre), op.39, Poèmes d’un jour (Charles Grandmougin), op.21 n°1 à 3, Automne (Armand Silvestre), op.18 n°3. Johannes Brahms (1833-1897) : Die Mainacht (Hölty), op 43 n°2, Auf dem Kirchhofe, op.105, Feldeinsamkeit (Allmers), op.86 n°1, Alte Liebe (Candidus), op.72 n°1, O kühler Wald (Brentano), op.72 n°2, Nicht mehr zu dir zu gehen (chanson moldave), op.32 n°2, Willst du dass ich geh ? (Lemcke), op.71 n°1, (bis) Lerchengesang (Candidus), op.70 n°2. Robert Schumann (1810-1856) : Zwölf Gedichte [Kerner Lieder], op.35. Stéphane Degout (baryton), Simon Lepper (piano)

Stephane Degout©Julien Benhamou.01Au milieu d'une tournée passant par Lyon, s'est arrêté à l'Opéra de Lausanne pour y présenter son récital.

À l'Opéra de Lausanne, les dimanches se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors que la semaine dernière Béatrice Uria-Monzon tentait de nous faire vivre Maria Callas devant une salle comble jusqu'aux derniers rangs des balcons, ce dimanche, c'est à peine un quart de salle qui assiste au récital du baryton français . C'est à n'y rien comprendre !

Mais le nombre ne fait pas la qualité. C'est donc devant un petit aréopage de connaisseurs que le baryton français a déroulé son récital. Des connaisseurs qui se sont régalés de ce moment de chant irréprochable, devant un programme d'une intelligence musicale formidable et devant le travail impeccable des deux artistes.

De l'orfèvrerie. Comme un bijou élaboré, le récital de force l'admiration. D'abord, on l'approche dans son ensemble, on y voit sa forme, son imposante grandeur, son dessin, puis, on s'avance pour en découvrir les détails. Ce chaton enserrant délicatement le diamant. La découpe en dentelle de la châsse. Ces ajours qui laissent la pierre jouir de son éclat. Le chant de Stéphane Degout s'assimile à cet art subtil de la joaillerie.
D'abord, on s'impressionne du son, du volume, de la couleur. Alors, l'intérêt fait tendre l'oreille. On découvre et on admire tout le travail qu'il y a derrière ce chant, comme celui de l'œuvre du bijoutier. Les heures et les heures de travail qu'il a fallu pour arriver à ce que la parole et la note soient totalement intelligible. Pour que le mot fasse sens. Pour que sa couleur soit juste. Quelle minutie, quelle volonté, quelle patience, quelle obstination pour atteindre ce résultat !

Parce qu'il semble que Stéphane Degout a fait de la prononciation, la diction, la raison d'être de son chant. Non seulement sur les poèmes de sa langue maternelle mis en musique par qui ouvrent son récital, mais aussi, dans la partie germanique de son récital. Sa langue est si claire qu'on a soi-même l'impression de parler couramment l'allemand.

Il y a une telle recherche de perfection vocale qu'on se prend à chercher la faille. Hormis un très léger accroc dans Alte Liebe de Brahms, tout est fluide, admirable. Capable d'une puissance de projection impressionnante, jamais sa voix ne sature. Elle conserve sa structure, sa ligne, sa beauté. On reste stupéfait par la justesse et la longueur de la note tenue dans l'ultime vers de Adieu de .

Après la pause, l'attaque en puissance des Zwölf Gedichte de Schumann dévoile la générosité du chanteur et l'extrême confiance qu'il a dans son instrument. Dans le silence respectueux du public, Stéphane Degout déroule son récital avec l'identique apparente facilité qu'il avait démontré jusqu'ici. On s'achemine vers un concert magnifiquement réussi. Sauf que…ce qui ne paraissait que comme un travail d'une extraordinaire précision se mue soudain dans la grandeur musicale d'un artiste.
Peut-être s'est-il laissé aller plus loin que son champ de connaissance technique ? Peut-être s'est-il libéré ? Peut-être, peut-être, peut-être…? Reste que les cinq derniers chants de Schumann font toucher à un chant explosé, empreint de ce fameux « je-ne-sais-quoi » qui donne à l'orfèvre la qualité d'artiste. Planant au-dessus de son art, Stéphane Degout et son impeccable accompagnateur et complice offrent la touche émotionnelle qui semblait cachée jusque-là.

Et quelle audace de clore un récital avec un Alte Laute chanté mezza-voce et pianissimo. Moment suspendu qui termine avec un Und aus dem Traum, dem bangen, wecht mich ein Engel nur (Et de ce rêve si inquiet ne pourra m'éveiller qu'un ange) qui laisse un silence prolongé dans le public. Longs moments de communion avec deux artistes merveilleux qui, le silence se prolongeant, semblent soudain inquiets. Une inquiétude bientôt balayée par le triomphe que le public réserve aux deux jeunes hommes. Merci Messieurs, merci !

Crédit photographique : Stéphane Degout © Julien Benhamou

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Lausanne. Opéra. 10-XII-2017. Gabriel Fauré (1845-1924) : Aurore (Armand Silvestre), op.39, Poèmes d’un jour (Charles Grandmougin), op.21 n°1 à 3, Automne (Armand Silvestre), op.18 n°3. Johannes Brahms (1833-1897) : Die Mainacht (Hölty), op 43 n°2, Auf dem Kirchhofe, op.105, Feldeinsamkeit (Allmers), op.86 n°1, Alte Liebe (Candidus), op.72 n°1, O kühler Wald (Brentano), op.72 n°2, Nicht mehr zu dir zu gehen (chanson moldave), op.32 n°2, Willst du dass ich geh ? (Lemcke), op.71 n°1, (bis) Lerchengesang (Candidus), op.70 n°2. Robert Schumann (1810-1856) : Zwölf Gedichte [Kerner Lieder], op.35. Stéphane Degout (baryton), Simon Lepper (piano)

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