Après le cinéma et la politique, c'est au tour du monde de la musique classique de prendre la mesure du harcèlement sexuel, et c'est là encore les pays anglo-saxons qui sont à la pointe de ce phénomène de mobilisation.
C'est ainsi que la Incorporated Society of Musicians britannique, a lancé le 2 novembre un sondage auprès de ses membres sur le harcèlement sexuel, dont les premiers résultats ont été communiqués par la directrice générale Deborah Annetts à la BBC Radio 3 dans l'émission « Music Matters » et notamment rapportés par The Independent le 2 décembre : sur 250 musiciens qui ont répondu, 60% ont subi une forme de harcèlement, dans la majorité des cas ce harcèlement étant de nature sexuelle.
Si la méthode du sondage reposant sur le volontariat n'a pas de valeur statistique, cette initiative permet de révéler que 70% des victimes de harcèlement seraient des musiciens indépendants, tandis que 30% seraient des musiciens employés dans des orchestres et ensembles. Une disparité que la directrice explique par le fait que les grandes structures disposent de procédures de ressources humaines, mais qui est à relativiser étant donné que 75% des victimes n'ont pas déclaré le harcèlement qu'elles ont subi par peur de perdre leur travail.
Le magazine Arts Professional a publié le 24 novembre un sondage sur le harcèlement sexuel qui révèle que 48% des participants (soit 473 personnes) ont été directement victimes d'abus sexuels. L'intérêt de cette étude est qu'elle montre que le monde de la musique est avec celui du théâtre celui qui abriterait le plus ce type de pratiques – le taux monte respectivement à 51 et 53% – et celui de la danse serait le moins exposé – 29%). Parmi les victimes, 2% ont porté plainte à la police, et 39% ont totalement gardé le silence, n'en parlant à quiconque (proches, collègues, supérieur hiérarchique etc.).
La révélation d'une plainte contre James Levine va amplifier la prise de conscience du monde de la musique classique.