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Luxembourg. Philharmonie. 22-XI-2017. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 8. Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise ; direction : Mariss Jansons.
En tournée à Luxembourg, l'Orchestre de la Radio Bavaroise confirme ses immenses qualités.
Mariss Jansons a beaucoup dirigé Bruckner ces dernières années à Amsterdam comme à Munich, le disque en témoigne : on ne peut donc dire que ses choix interprétatifs surprennent pour cette Huitième symphonie qui ne tardera pas à rejoindre sa discographie, mais la voix de Jansons est éloquente.
Faut-il utiliser les grands mots ? Romantique, il l'est certainement, ici comme très souvent, sans sentimentalité, mais avec sentiment, avec aussi cette composante essentielle du romantisme : la vision d'un idéal à atteindre, non pas dans les lointains métaphysiques, mais comme une force agissante qui fait avancer – les tempi choisis par Jansons, avec environ 80 minutes de musique, sont tout sauf extrêmes, plus resserrés peut-être dans le dernier mouvement, qui prend ainsi, par contraste, une tournure plus dramatique. L'entame de ce dernier mouvement a sa rudesse, mais sa conclusion est plus réconciliatrice que d'autres interprétations qui semblent s'arrêter au bord du gouffre.
Humaniste, il l'est tout autant, avec une chaleur expressive qui est sa marque quel que soit le répertoire ; ce Bruckner est prenant par cette chaleur même ; sans doute Jansons est-il, aussi, un chef résolument analytique qui sous-tend ses interprétations par un soin absolu de la construction et de l'équilibre, mais il revêt ce solide squelette de toute la chair vivante qui donne cette force vitale à la musique. Quand le flux s'arrête, quand Bruckner fait silence, avec cette brusquerie et en même temps cette nécessité absolue qui font le prix de sa musique, ce silence-là surgi de la baguette de Jansons est porteur d'une telle émotion qu'il est plus que jamais facteur de continuité autant que rupture du discours musical.
Il est soutenu par un orchestre de la radio bavaroise qui, ayant déjà donné deux fois ce programme à Munich, arrive à Luxembourg au sommet de ses moyens : rien que le jeu sur les textures et les couleurs différentes des cordes au début du scherzo suffirait au bonheur du mélomane – mais c'est encore mieux quand un chef aussi stimulant que Mariss Jansons insuffle la vie à ces merveilles sonores.
Crédit Photographique : © Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks.
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Luxembourg. Philharmonie. 22-XI-2017. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 8. Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise ; direction : Mariss Jansons.
« Environ 80 minutes de musique » … ? Voilà qui, dans l’excès contraire, doit changer le Philharmonique de Munich jadis phalange de Celibidache !!! Des tempi resserré dans le Finale … Pourtant Bruckner a inscrit à l’en-tête une de ses rares indications métronomiques qui prouve que ce « Feierlich nicht schnell » est tout sauf rapide !!!
Plus resserré, oui, mais pas précipité pour autant…
Vous faites erreur pour l’orchestre : avec Jansons, c’est toujours la Radio bavaroise, tandis que l’orchestre de Celi a hérité depuis 2015 de… Gergiev. Même s’il s’y investit à peu près sérieusement, on est très loin de l’esprit du maître ! Et il va probablement avoir droit à la prolongation de contrat que la ville de Munich avait refusé à Thielemann. Bref, vous comprenez pourquoi je vois cinq fois plus de concerts avec la Radio qu’avec le Philharmonique!
Je trouve aussi que le BRSO sonne mieux le Philharmonique de Munich. Tout-à-fait subjectivement, je le place d’ailleurs en tête de tous les orchestres du monde en ce moment. Je pense que c’est aussi du à la qualité de leur label BR Klassik qui a su trouver une couleur d’orchestre vraiment passionnante : c’est compact, court (peu de réverbération) et très naturel.
Quelques enregistrements pour s’en convaincre :
– les Beethoven et les Mahler d’Haitink (sans parler de la 6ème de Bruckner qui vient de sortir)
– la 1ère de Mahler par Nézet-Séguin et la 6ème de Mahler par Harding
– le Rheingold par Rattle
Et chez d’autres labels, il y a deux Heras-Casado qui valent le détour :
– les concertos de Chostakovich (chez Decca)
– la 2ème de Mendessohn (chez Harmonia Mundi)
Et puis il y a les Jansons, évidemment (Beethoven, Strauss, Mahler, Dvořák, etc.). Mais pour moi, ce chef enregistre beaucoup trop. Du coup, ça donne une avalanche de disques très propres mais aussi très anecdotiques. Et comme il enregistre aussi avec le Concertgebouw, ça fait pas mal de doublons, pas toujours indispensables.