Dans le cadre du projet « Action Publique 2022 » lancé le 13 octobre par le Premier ministre Édouard Philippe et qui a pour objectif la transformation du service public, les services du ministère de la Culture travaillent actuellement sur des pistes de réforme. Le journal Le Monde s'est procuré un document de travail d'une trentaine de page, dévoilé hier.
Différentes propositions sont envisagées pour économiser plusieurs milliards sur les cinq prochaines années et notamment dans le secteur de la musique : des mutualisations dans l'audiovisuel qui pourraient concerner les orchestres de Radio France, une fusion de l'Orchestre de Paris et de la Cité de la Musique-Philharmonie de Paris (Laurent Bayle, directeur général de la Philharmonie de Paris avait été chargé d'un rapport d'expertise par le gouvernement luxembourgeois sur la fusion de la salle et de l'Orchestre Philharmonique au Luxembourg en vue d'économies, ce qui ne s'est pas réalisé), des réformes à l'Opéra National de Paris dont l'alignement du régime spécial des retraites.
Plusieurs orientations sont données : mieux adapter l'offre aux attentes du public, faire porter les grands événements culturels par des Établissements publics, réduire les archives au maximum en les dématérialisant pour ne garder que les « archives essentielles »…
Devant le risque social élevé de ces possibles réformes, un appel à manifester demain a été lancé par les syndicats pour préserver « un service public de la culture ».
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a indiqué son intention de porter plainte contre X après la publication de ces documents « non validés ».
Il est désespérant de voir comment la moindre réforme soulève les boucliers. Dans quelques domaines que ce soit. Le consensus est total sur la nécessité absolue de faire des économies, mais à condition que ce soit les autres qui les subissent. Il me semble qu’il soit question de revoir ces fameux régimes spéciaux, présent aussi dans la Culture. N’est-ce pas là une volonté évidente de « justice sociale » si chère à la gauche mais qu’elle s’est bien gardé de revoir. pas de vagues!! Bon courage à Françoise Nyssen pour la pérennisation de la Culture en France!
Les archives essentielles à privilégier, et les autres livrées au caprice de la dématérialisation… Mais qu’entend-t’elle par essentielle ? Celles de l’Opéra de Paris, mais les archives sur la vie lyrique de nos régions seront-elles désignées comme mineures et donc à ne pas privilégier ? Cela veut-il dire aussi moins de travail pour les musiciens, pour les chanteurs français sous le prétexte qu’on est en crise et qui’il faut sacrifier tout ce qui n’est pas international, tous ceux qui ne sont pas des stars, et donc pour elle non prestigieux ?
En fait, cette piste de ne conserver que les « archives essentielles » concernerait toutes les administrations, et pas seulement celles de la culture (elle est proposée par ce ministère car c’est principalement lui qui a en charge la politique des archives publiques en France). Quant à la notion d' »archives essentielles », qui nous vient du Canada, elle recouvre le fait de trier à l’intérieur d’un fonds entre ce qu’on conserve et ce qu’on détruit, et pas celui de garder un fonds (celui d’une institution parisienne, par exemple) au détriment d’autres (ceux d’institutions de province). De ce point de vue, je pense qu’il n’y a pas de craintes à avoir. Il n’empêche qu’il est très étonnant de voir le ministère de la Culture préconiser cela… car c’est ce que font déjà les archivistes depuis des années, trier les archives essentielles. Mais sans utiliser cette expression. En outre, les auteurs du document sous-entendent que dématérialiser permet d’économiser les coûts de conservation des documents physiques, comme si la conservation du numérique ne coûtait pas. Or rien n’est plus faux.