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Montreux. Auditorium Stravinski. 29-VIII-2017. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth, Ouverture et ballet (acte 3). Max Bruch (1838-1920) : Concerto pour violon et orchestre en sol mineur op. 26. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 en si mineur op. 64. Pietro Mascagni (1863-1945) : Cavalleria Rusticana, Intermezzo. Orchestre European Philarmonic of Switzerland. Renaud Capuçon (violon). Direction musicale : Lorenzo Viotti.
En 2013, le chef suisse Lorenzo Viotti remportait à 23 ans (!) le Concours international de direction d'orchestre de Cadaquès. L'an dernier, il remplaçait brillamment Marc Minkowski lors du Festival de Verbier après avoir dirigé un Viva la Mamma ! à l'Opéra de Lyon. C'est devant un programme imposant qu'on le retrouve aujourd'hui devant l'European Philharmonic of Switzerland, un orchestre issu des rangs du Gustav Mahler Jungendorchester créé par Claudio Abbado.
Enserrés entre deux œuvres signature de l'italianité du chef Lorenzo Viotti, avec Giuseppe Verdi et Pietro Mascagni, le jeune chef fait preuve d'une maturité interprétative et d'une musicalité prodigieuse. Si sa jeunesse et sa fougue l'emmènent parfois dans des débordements quelque peu excessifs, créant quelques légers décalages, comme dans l'ouverture et le ballet du troisième acte de Macbeth, il faut lui reconnaître une qualité d'expressions colorées de l'orchestre d'une belle facture.
Ainsi, dans le Concerto pour violon et orchestre de Max Bruch, son attention à ne jamais couvrir le violon soliste avec l'orchestre est tout simplement remarquable et sceau d'une parfaite maîtrise de l'œuvre. Avec un Renaud Capuçon au phrasé souverain quoique sans grande émotion, il se passe plus de musique et de superbe dans les instants orchestraux. Quelle solennité, quelle magnificence, quelle ouverture d'âme dans ces courts instants de l'orchestre ! On apprécie tout particulièrement la délicatesse avec laquelle Lorenzo Viotti a fait passer tout son orchestre de l'allegro moderato a l'adagio dans une continuité musicale subtile.
Mais c'est probablement dans la Symphonie n° 5 de Piotr Ilitch Tchaïkovski que le jeune chef s'illustre le mieux. Conduisant sans partition, il joue de sa personne exposant tout son corps aux intentions de sa musique. Tantôt frémissant, tantôt s'épanchant, se penchant et se relevant soudain, sa musique est un ballet. Comme son ballet est musique. Aucun pupitre n'échappe à ses desseins musicaux. Fascinant, des quelque soixante-dix musiciens de son orchestre on ne voit que lui. Qu'on détache le regard de son image que bien vite il se retrouve aimanté sur la personne de ce chef si charismatique (même de dos !). En peignant les sons de l'orchestre avec une multitude de nuances, sans jamais que la tension ne diminue, Lorenzo Viotti raconte sa musique comme un peintre. On y voit le soir qui descend, on y voit les gens qui se pressent pour rentrer chez eux, on sent l'orage qui gronde au loin. Tant d'images suggérées par cette symphonie et tant d'images que le chef nous restitue avec bonheur. Des climats ainsi évoqués, quelques solistes de ce très bel orchestre jaillissent brièvement. Telle cette admirable clarinette, ou ce cor superbe. Inévitable talent familial, les cors appartiennent à la sœur et au frère du chef !
A voir les regards souriants, les clins d'œil entendus entre les musiciens, on en ressent la communion, la potentialisation vers l'édification d'un grand moment de musique. Aucun doute, avec Lorenzo Viotti, le monde de la musique possède un véritable joyau. C'est un évident triomphe qui salue cette prestation. Un triomphe que le jeune chef a construit tout au long de cette soirée. Et s'il s'attendait à une juste récompense du public, il apparaît cependant ému et étonné à la voir se prolonger aussi longuement.
Crédit photographique : 72e édition de Septembre musical, festival de musique classique Montreux-Vevey © Céline Michel
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Montreux. Auditorium Stravinski. 29-VIII-2017. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth, Ouverture et ballet (acte 3). Max Bruch (1838-1920) : Concerto pour violon et orchestre en sol mineur op. 26. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 en si mineur op. 64. Pietro Mascagni (1863-1945) : Cavalleria Rusticana, Intermezzo. Orchestre European Philarmonic of Switzerland. Renaud Capuçon (violon). Direction musicale : Lorenzo Viotti.