Somptueux mais partiel hommage de Warner à Rostropovitch
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Rostropovitch, le violoncelliste du siècle: L’intégrale des Enregistrements Warner (40 CD et 3 DVD ). Warner 90295 89230. Orchestres, chefs et solistes divers. Enregistrements réalisés dans divers lieux de 1949 à 1999. Un livre de 200 pages en allemand, anglais, et français. Durée : 40 heures 20’ (CD) ; 4 heures 54’ (DVD)
Warner ClassicsWarner regroupe toutes les gravures réalisées par Mstislav Rostropovitch pour Melodiya puis EMI et Erato en un luxueux coffret, enrichi d'un beau livre de présentation. L'ensemble est indispensable certes mais n'offre qu'un panorama incomplet de l'art de « Rostro »: peu de musique de chambre, ni d'oeuvres orchestrales ou lyriques sous sa baguette. A compléter par l'ensemble similaire édité chez DG, Universal ayant été l'autre grand éditeur du maestro russe.
Mort il y a dix ans, Rostropovitch méritait bien un large hommage de ses deux grandes maisons de disques. DG a publié un gros coffret (dont nous avions commenté la réduction en trois disques) et Warner édite la totalité de ses enregistrements sous les étiquettes d'origine Melodiya, EMI et Erato. Sans rentrer dans le détail fastidieux de ces quarante CDs auxquels sont joints trois DVD (les suites de Bach à Vézelay et les concertos de Dvorak et Saint Saens avec Giulini à Londres), on peut dégager plusieurs grandes lignes.
La première période (disques russes et EMI des années cinquante) comprend des merveilles : les concertos de Dimitri Chostakovitch avec Guennadi Rojdestvensky, la symphonie concertante de Sergueï Prokofiev avec le même chef ou le vaste et somptueux concerto de Nikolaï Miaskovski avec Svetlanov (le seul chef à avoir gravé les 27 symphonies du maître russe, à ses frais !) sont des pépites , dépassant les gravures occidentales de ces mêmes œuvres. Des trois enregistrements du concerto d'Antonín Dvořák, celui avec Carlo Maria Giulini s'impose par sa nostalgie bouleversante plus que par son héroïsme, seule version rivalisant avec celles, légendaires, gravées avec Talich et Herbert von Karajan. On retrouve d'ailleurs le maître de Berlin dans un triple de Beethoven lui aussi iconique (avec Richter et Oistrakh) et un Don Quichotte de Strauss tout aussi anthologique. Si l'on ajoute deux gravures du double de Johannes Brahms avec des partenaires de génie (Oistrakh et Szell versus Perlmann et Haitink), on voit que la moisson est féconde. On passera sur les arrangements de concertos ou pièces baroques, et même sur des suites de Bach dont la sincérité et l'engagement souffrent de choix stylistiques assez datés.
Restent deux limites à cet ensemble : d'une part des absences incompréhensibles (les concertos de Lalo et Elgar par exemple), d'autre part tout un répertoire contemporain que Rostropovitch défendit avec passion mais qui parait bien inégal. Si les concertos de Chostakovitch ou Henri Dutilleux (ou la symphonie de Prokofiev) sont désormais des classiques du répertoire et si ceux de Darius Milhaud et Arthur Honegger sont de pures merveilles, en revanche avouons que certaines des commandes de Rostropovitch ne franchiront pas le cap du temps. C'est la règle de genre sans doute mais bien des compositeurs (notamment de l'époque soviétique) ici défendus seraient tombés dans l'oubli s'il ne les avait joués. Un coffret pour les passionnés donc mais où manque aussi l'aspect chambriste du talent de « Rostro » assez mal illustré, car gravé surtout pour Universal. Hétérogène donc mais évidemment indispensable.
Un gros livre apporte quelques témoignages intéressants et une iconographie de qualité à ce bel objet éditorial.
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Rostropovitch, le violoncelliste du siècle: L’intégrale des Enregistrements Warner (40 CD et 3 DVD ). Warner 90295 89230. Orchestres, chefs et solistes divers. Enregistrements réalisés dans divers lieux de 1949 à 1999. Un livre de 200 pages en allemand, anglais, et français. Durée : 40 heures 20’ (CD) ; 4 heures 54’ (DVD)
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