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A Sablé, le loufoque Don Quichotte chez la duchesse par les Benizio

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Sablé-sur-Sarthe. Centre culturel. 22-VIII-2017. Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755) : Don Quichotte chez la duchesse, opéra-ballet comique en trois actes sur un livret de Charles-Simon Favart. Mise en scène : Corine et Gilles Benizio. Chorégraphie : Philippe Lafeuille. Décors : Daniel Bevan. Lumières : Jacques Rouveyrollis. Costumières : Anaïs Heureaux, Charlotte Winter. Avec : Emiliano Gonzalez Toro, Don Quichotte ; Marc Labonnette, Sancho Panza ; Chantal Santon-Jeffery, Altisidore ; Virgile Ancely, Montesinos, Merlin, le traducteur ; Marie-Pierre Wattiez, la paysanne ; Agathe Boudet, amante 1, la suivante ; Charles Barbier, amante 2 ; Corinne Benizio, la diva espagnole ; Gilles Benizio, le Duc, le Japonais. Le Concert spirituel, direction : Hervé Niquet.

Cette soirée d'ouverture de l'édition 2017 préfigure de jolis moments au festival de Sablé. La programmation de cette manifestation entre Orient et Occident donne l'occasion au Concert Spirituel et au couple Benizio d'amuser les festivaliers avec leur Don Quichotte chez la duchesse de Boismortier.

France 3

« Coco, viens vite, je crois que j'ai fait une connerie ! » Voilà la première réaction de lorsqu'il réalise les conséquences de son « oui » à la proposition d' quand le chef d'orchestre à la sortie de l'un de leur spectacle, propose au duo comique de se lancer dans la mise en scène d'opéra. Ce Don Quichotte chez la duchesse créé à l'Opéra-Théâtre de Metz début 2015 est à l'image de ses créateurs : drôle, précis et empreint d'une douce et folle poésie.

De passage sur les terres du Duc et de la Duchesse, Don Quichotte et son célèbre acolyte Sancho Pança se laissent embarquer dans des aventures rocambolesques menées à la baguette par le maître des lieux afin que le subterfuge soit du plus brillant effet et que la blague fasse rire aux éclats, autant les gens de leur maison participant à la farce, que le spectateur dans la salle pris pour témoin de la naïveté du fameux duo. Mais, en vérité, l'argument de cet opéra a peu d'importance. Initialement concocté en guise de préambule pour le Carnaval qui attendait le public de 1743 à la sortie du théâtre, ce n'est qu'un simple alibi pour A-MU-SER. Ainsi, ceux qui cherchent à intellectualiser le travail des Benizio et d', ceux qui cherchent à modeler ce parti-pris pour y trouver de la dérision plutôt qu'un humour simple et sincère, passent totalement à côté de la proposition des trois complices.

Mais l'opéra n'est plus un art noble dites-moi ? Ne serait-ce pas plutôt ce type de production qui permettrait d'arriver à une plus grande démocratisation d'un genre musical qui souffre bien trop encore aujourd'hui de son image élitiste. Mais c'est qu'en plus, avec les blagues du texte parlé entièrement réécrit par (les scènes comiques parlées du fabuleux Favart ont été perdues), on se retrouve totalement dans l'esprit de l'œuvre par des références qui parlent au spectateur du XXIe siècle. Parce que faire rire est un art sérieux et rigoureux, la femme de théâtre a repris les deux tomes volumineux de Cervantes afin d'aboutir à cet ingénieux résultat d'un seul tenant, les Benizio aimant proposer des spectacles sans entracte.

Les pitreries avec le Maestro permettent ainsi que les changements de décor s'opèrent derrière le rideau. Au final, le théâtre est présent autant dans la fosse que sur le plateau, le chef d'orchestre se positionnant comme un personnage à part entière, tout comme le reste des musiciens.

Avec des décors (Daniel Bevan) et des costumes (Anaïs Heureaux et Charlotte Winter) très colorés et kitschs à souhait, c'est une douce poésie agréable par sa simplicité qui se met en place, à l'image de Don Quichotte et Sancho Pança chevauchant un énorme cheval à bascule pour un voyage sur la lune. Il faut dire qu'il y a de la matière pour partir dans un savoureux délire, entre une forêt enchantée et un japon imaginaire, entre des monstres, des magiciens et des géants, c'est un univers totalement déjanté qui se renouvelle tout au long de ces trois actes.

Don-Quichotte-2-854x569Sous le costume de Don Quichotte, dans son répertoire de prédilection qu'est l'opéra baroque, sait ne pas se prendre au sérieux. Toutefois, la candeur de son personnage est d'une solide vérité, le chanteur étant doté d'un notable sens du théâtre. Son medium riche et son excellente diction renforcent les qualités expressives de ce héros bien naïf qui ne voyage que dans sa tête. assure un duo de belle tenue, toujours compréhensible et clair malgré toutes ces péripéties. complète le trio de tête avec une belle variété de couleurs entre séduction et colère face aux multiples refus du chevalier errant.

La version de tournée de ce spectacle se compose d'un effectif à l'italienne du Concert spirituel. Ecrite par Boismortier lui-même, cette version de chambre est typique de l'époque pour que chacun puisse jouer ses airs préférés entre amis dans son salon. Mais aucune frustration à l'écoute de cette formation réduite, les mélodies facilement mémorisables et la grande richesse d'écriture mettant en valeur l'ensemble des 9 instrumentistes avec des tempi allants afin de dynamiser encore plus le tout. Sur la base du manuscrit autographe du compositeur lorsque celui-ci dirigea son œuvre à l'Opéra, le chef d'orchestre a choisi de densifier l'œuvre en la rapetissant. Avec ce spectacle, revient à ses premiers amours puisque la création du Concert Spirituel s'était opérée il y a trente ans avec cette même œuvre, le contrebassiste Luc Devanne présent ce soir faisant également partie de cette aventure en 1987.

Cette production partira encore en tournée lors de la prochaine saison lyrique. En espérant que le plus grand nombre de lyricomanes et de néophytes du genre, (re)découvrent cette approche différente et totalement décomplexée de l'opéra.

Crédits photographiques : Corinne et accompagnés du chef d'orchestre Hervé Niquet © France 3 – Don Quichotte chez la duchesse mis en scène par Corine et © Les Nouvelles / L'Echo Fléchois

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Sablé-sur-Sarthe. Centre culturel. 22-VIII-2017. Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755) : Don Quichotte chez la duchesse, opéra-ballet comique en trois actes sur un livret de Charles-Simon Favart. Mise en scène : Corine et Gilles Benizio. Chorégraphie : Philippe Lafeuille. Décors : Daniel Bevan. Lumières : Jacques Rouveyrollis. Costumières : Anaïs Heureaux, Charlotte Winter. Avec : Emiliano Gonzalez Toro, Don Quichotte ; Marc Labonnette, Sancho Panza ; Chantal Santon-Jeffery, Altisidore ; Virgile Ancely, Montesinos, Merlin, le traducteur ; Marie-Pierre Wattiez, la paysanne ; Agathe Boudet, amante 1, la suivante ; Charles Barbier, amante 2 ; Corinne Benizio, la diva espagnole ; Gilles Benizio, le Duc, le Japonais. Le Concert spirituel, direction : Hervé Niquet.

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