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Ottone, re di Germania : Ann Hallenberg, reine de Beaune

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Beaune. Basilique Notre-Dame. 7-VII-2017. George Friedrich Haendel (1685-1759) : Ottone, re di Germania, opéra en 3 actes sur un livret de Nicola Francesco Haym. Avec : Max Emanuel Cencic, Ottone ; Ann Hallenberg, Gismonda ; Dilyara Idrisova, Teofane ; Luigi De Donato, Emireno ; James Hall, Adalberto ; Anna Starushkevych, Matilda. Il Pomo d’Oro, direction : George Petrou.

Si la flamboyance n'est pas la caractéristique première d'un opéra qu'Haendel voua plutôt à l'élégie, elle est en revanche celle d'une équipe musicale d'exception autour de la phénoménale .

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Beaune a encore réussi l'impensable : suspendre, trois heures d'horloge durant, l'auditoire d'une Basilique Notre-Dame bondée (repli anti-canicule obligé pour cause de Cour des Hospices chauffée à blanc) aux démêlés politico-amoureux d'un Haendel quasi de jeunesse, un an avant Giulio Cesare tout de même !

Le drame de cet Ottone (de 1723), parti guerroyer en mer, à qui on tente de subtiliser à la fois royaume et fiancée, rappelle beaucoup celui du Claude d'Agrippina qu'Haendel avait déjà mis en musique en 1710. L'opéra nouveau, basé sur le Teofane d' qui avait impressionné Haendel à Dresde quatre ans plus tôt, réunit en un seul personnage ceux d'Otton 1er (pour la partie politique : la répression fomentée contre l'usurpateur Béranger) et d'Otton II (pour la partie sentimentale : les noces avec une princesse orientale).

La placidité mélodique d'un acte I, quoique de belle facture haendélienne, se voit heureusement démentie par les clairs-obscurs d'un II où se nichent les plus grandes beautés : le délicieux duo Notte cara mais surtout Vieni figlio, joyau dont , yeux mouillés et chant souverain, s'empare pour un sommet de détachement. La distribution est impériale mais la fascination de la soirée vient avant toute chose d'une chanteuse qui, même sans l'apport de la mise en scène, n'est que théâtre (pour mémoire sa formidable Agrippina à Anvers cette saison, les deux rôles de mère manipulatrice accusant d'ailleurs plus que de troublantes similitudes). , dont les nombreux enregistrements ont déjà confirmé la maîtrise absolue du timbre et les leçons du style, fascine jusque dans sa façon d'empoigner ou d'abandonner sa partition. Plus encore, même assise entre ses interventions, la façon qu'elle a de veiller sur chacun de ses collègues sur le ring a quelque chose d'infiniment apaisant. Une manière de cariatide de la bienveillance : exactement le contraire de la Cuzzoni qui créa le rôle de Teofane et qu'Haendel faillit défenester (dit-on) consécutivement à un énième caprice. C'est donc avec la même bienveillance que l'on glissera sur le faux départ de l'impétueux Trema, tiranno, aussitôt excusé par un redoublement d'engagement.

Pressefoto_Cencic_2015_DSC_4298 (c) Anna Hoffmann

La plus couvée est certainement la toute jeune , qui lui donna si bien la réplique dans Agrippina. La soprano russe, legato tranquille et concentration sans faille, quoiqu'à la présence encore verte sur le devant de la scène, confirme un talent à suivre. De même que , révélation d'un impeccable nouveau haute-contre anglais, dans la lignée de . La sombre Matilda d', au-delà d'une fâcheuse façon de chanter comme si elle voulait garder ses graves pour elle, jette éperdument son beau mezzo dans une partie qui intéresse de plus en plus. Le somptueux , basse d'oracle, ne perd aucune occasion de faire exister un trop épisodique Emireno. Et enfin l'on est heureux de constater combien l'art de Max Emanuel Cencic a évolué depuis certain Néron dijonnais aux aigus bien acides. Le chanteur maîtrise attentivement ce soir un timbre devenu capiteux.

Il Pomo d'Oro et ne sont que passion, volupté du son, rythmes dansants voire tranchants, pour l'ouverture d'une 35e édition qui commence sous les meilleurs auspices à Beaune.

Crédits photographiques : Ann Hallenberg © Örjan Jakobsson et Max-Emanuel Cencic © Anna Hoffmann

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