Léonore Baulac et Germain Louvet répètent La Sylphide sous l’œil de Pierre Lacotte
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Focus sur un métier de l’ombre, suivi de répétitions de spectacles, de la création d’une œuvre, d’un ballet ou d’une nouvelle production lyrique… ResMusica propose aux spectateurs de passer du côté des coulisses à travers son dossier « Musique et danse en coulisses ». Pour accéder au dossier complet : Musique et Danse en coulisses
Comme une mise en bouche avant les représentations de La Sylphide qui commenceront le 1er juillet à l'Opéra national de Paris, une répétition publique du célèbre ballet, interprété par Germain Louvet et Léonore Baulac, avec la présence exceptionnelle de Pierre Lacotte, était proposée à l'Amphithéâtre Bastille.
Commençons par un peu d'histoire. La Sylphide, ballet romantique par excellence, a été créé en 1832 à l'Opéra de Paris par Philippe Taglioni, sur une musique de Jean Madeleine Schneitzhoeffer et un livret d'Adolphe Nourrit. Un jeune Écossais, James, tombe amoureux de la Sylphide, créature ailée de la forêt que lui seul peut voir. Il en oublie Effie, sa fiancée. L'histoire tourne au drame lorsqu'intervient la sorcière que James avait chassée au premier acte parce qu'elle avait prédit que sa fiancée ne l'épouserait pas. Pour se venger, la sorcière lui donne un foulard ensorcelé censé lui permettre de retenir près de lui la Sylphide. Mais en l'enserrant dans le foulard, James fait tomber les ailes de la Sylphide qui perd la vie. James voit sa fiancée se marier avec son rival, Gurn. Anéanti, il s'écroule, alors que triomphe la sorcière.
La célèbre ballerine Marie Taglioni, fille du chorégraphe, interprète le rôle-titre lors de la création. Elle est la première danseuse à exécuter un ballet entier sur pointes. Le succès du ballet est immense. Néanmoins, la version de Taglioni tombe dans l'oubli à la fin du XIXe siècle, jusqu'à ce que Pierre Lacotte, premier danseur de l'Opéra de Paris ayant quitté l'institution pour fonder sa compagnie, ne tombe sur des archives de Marie Taglioni et ne décide de faire revivre le ballet. Il s'adonne à un véritable travail d'archéologue et parvient à remonter le ballet avec la machinerie de l'époque. La Sylphide est recréée d'abord pour la télévision en 1972, puis à l'Opéra de Paris, avec les étoiles Noëlla Pontois et Cyril Atanassoff, en alternance avec Ghislaine Thesmar et Michaël Denard.
Deux jeunes étoiles pour un ballet romantique
C'est une chance immense pour les jeunes étoiles, Léonore Baulac et Germain Louvet, de répéter ce ballet sous l'œil attentif de son chorégraphe, Pierre Lacotte. Clothilde Vayer, maître de ballet avec lequel ils ont l'habitude de travailler, est également présente pour effectuer quelques corrections.
Pierre Lacotte commence par présenter le ballet au public présent, en expliquant que la danse représente le merveilleux, le monde de l'irréel, l'âme et le lyrisme. Il rappelle le rôle de Louis XIV dans l'essor de la danse classique et le rayonnement de l'école française partout en Europe. Il exprime son émotion en voyant des jeunes danser ces rôles aujourd'hui et rappelle l'importance de la transmission. Son grand plaisir est de voir éclore des talents et les conseiller. Il a un petit mot pour Léonore Baulac et Germain Louvet qu'il a connu petits, et évoque notamment sa tendresse pour Germain Louvet qu'il avait repéré à l'école de danse.
Les extraits choisis pour cette répétition sont tirés du deuxième acte de La Sylphide, « quand elle glisse sur un rocher et présente à James la forêt où elle vit avec ses compagnes », explique Pierre Lacotte. Il rappelle que la Sylphide est un « être immatériel, un songe et une réalité pour ceux qui y croient. »
Léonore Baulac et Germain Louvet maîtrisent déjà parfaitement le ballet. Léonore Baulac montre une aisance particulière dans ce rôle romantique et vaporeux, qui convient bien à son physique délicat. Elle incarne le rôle avec douceur, calme et intériorité. Une grande complicité se dégage du couple, très harmonieux. Germain Louvet donne de la fraîcheur au personnage, mais reste peut-être plus en surface. Grâce à ses talents de partenaire, les portés s'enchainent avec une parfaite fluidité, donnant l'impression d'immatérialité recherchée. La Sylphide semble à peine toucher terre, sans que jamais on ne ressente l'effort. Clothide Vayer intervient pour expliquer la très grande difficulté technique de ces portés, qui fatiguent beaucoup les bras du danseur car ils nécessitent beaucoup de retenue pour donner cet effet de légèreté et ce côté vaporeux. Pierre Lacotte rebondit pour exprimer très joliment ce qu'est l'art de la danse : « C'est le résultat qui compte. Il ne faut jamais penser à l'effort. Lorsque l'on aime un art comme le nôtre, les moments de souffrance physique sont adoucis par une récompense qui ne s'explique pas, que l'on vit et fait vivre aux autres. »
Les corrections effectuées sont de l'ordre du détail. Ne pas trop accélérer ici, mettre un bras couronne là, se pencher un peu plus en avant, placer le regard par ici. Les deux jeunes étoiles les écoutent avec attention et respect.
Comme il est d'usage à l'Amphithéâtre Bastille, la répétition se termine par des questions du public. Elle aurait été plus complète avec d'autres extraits, notamment une variation de James. Il faudra pour cela attendre le mois de juillet pour les apprécier en scène !
Crédits photographiques: Répétitions de La Sylphide © Svetlana Loboff / OnP – La Sylphide à l'Opéra de Paris © Ann Ray/ONP – Marie Taglioni dans La Sylphide, bibliothèque des arts décoratifs, Paris.
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