Le piano français mobilisé au temps de la Grande Guerre
Plus de détails
Les musiciens et la grande guerre (XXIII). Dans les services de santé. Le piano mobilisé. Jacques Ibert (1890-1962) : Le vent dans les ruines ; Roger Ducasse (1873-1954) : Variations sur un choral ; Jacques de la Presle (1888-1969) : Petite berceuse ; Jean Huré (1877-1930) : Deuxième sonate ; Albert Roussel (1869-1937) : Doute ; Maurice Ravel (1875-1937) : Prélude ; Déodat de Séverac (1872-1924) : Les Naïades et le faune indiscret ; Charles Kœchlin (1867-1950) : Troisième sonatine, op. 59. Amaury Breyne, piano. 1 CD Hortus. Enregistré à l’auditorium du Conservatoire de Tourcoing en octobre 2016. Notice bilingue français–anglais. Durée : 68:17
HortusLa Grande Guerre de 1914-1918 a happé une multitude de destins dans l'élan de défense contre l'envahisseur. De nombreux interprètes et compositeurs ont apporté leur participation à l'effort national, comme l'avait évoqué une belle exposition au Musée de la Grande Guerre.
Au sein de la collection « Les Musiciens et la Grande Guerre », le 23e volume propose un enregistrement fort précieux dû au pianiste Amaury Breyne. Né en 1979, son parcours débute à Tourcoing, se poursuit à Paris et à Lyon avant de revenir là où il avait commencé, au Conservatoire de Tourcoing, mais cette fois comme enseignant, depuis 2007. Son jeu franc et équilibré se met entièrement au service de l'esprit du temps, et ressuscite huit œuvres dévolues au piano seul, toutes composées autour de cette période douloureuse pendant laquelle la création musicale ne faiblit nullement. Plusieurs des compositeurs retenus ont fait partie du personnel de santé au front ou à l'arrière comme ambulanciers, brancardiers, infirmiers.
Étonnamment, les œuvres enregistrées par Amaury Breyne ne portent pas la trace patente de la guerre elle-même, mais on trouve davantage, ici une gravité impressionnante, là un refuge élégiaque indispensable et salvateur, et partout un besoin impérieux d'échapper à l'atmosphère insupportable et incompréhensible d'une interminable tuerie. Roger Ducasse, blessé au front, réveille le climat du XVIIIe siècle dans ses Variations sur un choral (1915) ; Charles Koechlin se réfugie dans l'art de la fugue, et Déodat de Séverac évoque les Naïades. Ces musiques, parfaitement défendues par Amaury Breyne, s'avèrent peu ou pas novatrices au plan stylistique, manière probable de ne pas ajouter l'inconnu et l'aventure à la démence des hommes.
De son côté, Jacques Ibert trouve un havre de réconfort dans les rythmes de marches anciennes (Le vent dans les ruines). Tous évitent de franchir les limites de la tonalité comme le montre la Sonatine de Charles Kœchlin. Néanmoins, on décèle dans plusieurs partitions des passages où dominent les dissonances et une tension palpable (Roussel dans Doute, Huré dans la Deuxième sonate). Il n'est pas rare de faire appel au folklore français, voire à des mélodies populaires ou encore, comme dans les Variations sur un choral de Ducasse, au renfort de cloches et de carillons.
Reflets de grande valeur d'une période cruciale de l'histoire de France, toutes ces pièces contribuent à la documenter et à en entretenir la mémoire.
Plus de détails
Les musiciens et la grande guerre (XXIII). Dans les services de santé. Le piano mobilisé. Jacques Ibert (1890-1962) : Le vent dans les ruines ; Roger Ducasse (1873-1954) : Variations sur un choral ; Jacques de la Presle (1888-1969) : Petite berceuse ; Jean Huré (1877-1930) : Deuxième sonate ; Albert Roussel (1869-1937) : Doute ; Maurice Ravel (1875-1937) : Prélude ; Déodat de Séverac (1872-1924) : Les Naïades et le faune indiscret ; Charles Kœchlin (1867-1950) : Troisième sonatine, op. 59. Amaury Breyne, piano. 1 CD Hortus. Enregistré à l’auditorium du Conservatoire de Tourcoing en octobre 2016. Notice bilingue français–anglais. Durée : 68:17
Hortus