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Paris. Théâtre national de la danse Chaillot. Salle Jean Vilar. 11-V-2017. Noé. Chorégraphie: Thierry Malandain. Musique: Messa di Gloria de Gioacchino Rossini. Décor et costumes: Jorge Gallardo. Lumières : Francis Mannaert. Réalisation des costumes: Véronique Murat. Conception décor : Frédéric Vadé. Direction technique : Oswald Roose. Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc. Avec 22 danseurs du Malandain Ballet Biarritz.
En dépit et peut-être en raison d'une trop grande ambition, Noé, la nouvelle création de Thierry Malandain est décevante. Le manque d'intensité dramatique et émotionnelle laisse extérieur à cette œuvre, à laquelle manque la profondeur souhaitée par Malandain.
Dernier né du chorégraphe et directeur du Centre chorégraphique national de Biarritz, Noé, fruit d'une coproduction avec le Théâtre national de Chaillot, a été créé en janvier 2017 au théâtre de San Sebastián. Le ballet, de facture abstraite, n'en est pas moins porteur d'un propos de nature engagée. Noé, figure biblique emblématique qui sauve l'humanité du déluge, devient une métaphore du risque climatique qui menace l'humanité d'aujourd'hui, avec notamment la montée des eaux. Néanmoins, il est difficile sans notice explicative de lire ce propos dans le ballet lui-même, qui paraît somme toute assez lisse.
Dans l'espace de la scène, encadré par un rideau bleu, comme des chutes d'eau qui montent et descendent au gré des tableaux, les 22 danseurs du Malandain ballet Biarritz restent enserrés toute la durée de la pièce.
Le seul élément de décor est un banc qui barre l'espace à l'arrière-scène, sur lequel les danseurs viennent s'asseoir puis se lèvent pour danser, à tour de rôle ou en ensemble. Cette scénographie, à l'esthétique épurée, crée néanmoins une forme de monotonie dans l'enchainement des tableaux. Les variations des différents danseurs se succèdent sans que l'on ne perçoive de lien évident entre elles, sans véritable progression ni intensité dramatique. Le langage chorégraphique, à mi-chemin entre le néoclassique et le contemporain, est agréable mais il lui manque le relief et les ruptures qui permettraient de rompre cette monotonie.
Revendiquant de rester dans un registre abstrait, Malandain s'écarte de toute évocation de l'épopée biblique de Noé. On aurait aimé à tout le moins une forme de transcendance dans les gestes des danseurs et la trame du ballet, dansé sur la très belle Messa di Gloria de Rossini. Composée d'un Kyrie et d'un Gloria, cette messe chantée créée en 1820 nous projette dans l'univers du sacré, sans que le ballet ne s'y élève. On reste sur une impression d'automatisme et de manque de sens et d'émotion dans les enchainements.
L'arrivée d'Adam et Eve, dans une nudité suggérée semble même factice et ne s'insère pas avec évidence dans le propos. Cela n'enlève rien aux qualités des danseurs, notamment Eve, interprétée par Patricia Velazquez, danseuse inspirée, pleine de vie et de piquant. Mickaël Conte est un danseur élégant à la technique solide mais qui ne parvient pas à donner une épaisseur suffisante au personnage de Noé pour que l'on puisse croire avec conviction qu'il incarne le patriarche.
C'est donc un rendez-vous manqué, un ballet avec beaucoup d'ambition mais qui reste en-deçà des attentes et ne permet pas de pénétrer dans cet univers qui reste, paradoxalement, déshumanisé.
Crédits photographiques: © Olivier Houeix
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Paris. Théâtre national de la danse Chaillot. Salle Jean Vilar. 11-V-2017. Noé. Chorégraphie: Thierry Malandain. Musique: Messa di Gloria de Gioacchino Rossini. Décor et costumes: Jorge Gallardo. Lumières : Francis Mannaert. Réalisation des costumes: Véronique Murat. Conception décor : Frédéric Vadé. Direction technique : Oswald Roose. Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc. Avec 22 danseurs du Malandain Ballet Biarritz.