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Le rideau de l’Opéra Comique se lève de nouveau

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Même si le Palazzetto Bru Zane fêtera dignement dès janvier le bicentenaire de la mort d’Étienne Nicolas Méhul, cet évènement semble avoir été quelque peu oublié des maisons d’opéra.

Pour honorer comme il se doit celui que nous considérons comme le plus grand compositeur d’opéra en France durant la Révolution française, ResMusica a choisi de consacrer un dossier à l’opéra de cette période, étude qui mettra en exergue le rôle essentiel tenu par cet artiste, injustement déclassé au fur et à mesure des siècles passés. Assez peu travaillés par les musicologues et n’ayant pas passé la barrière du temps, ce seront des œuvres lyriques débordantes de fougue et d’inventivité que nous dépoussiérerons tout au long de ces quelques mois. Pour accéder au dossier complet : Bicentenaire Méhul

 

A l'occasion de la réouverture de la salle Favart, fermée depuis juillet 2015 en raison de travaux de restauration et de mise en conformité de la salle, Resmusica vous propose un voyage dans le temps, l'Opéra Comique ayant été à la fin du XVIIIe siècle au cœur de l'activité lyrique parisienne.

CaptureA l'aube de la Révolution française, de nombreuses scènes sont consacrées au théâtre lyrique. Pour la ville de Paris, les trois plus grands établissements étaient l'Académie Royale de Musique, la Comédie-Italienne et le théâtre de Monsieur.

Installée à la porte Saint-Martin, la salle la plus célèbre était l'Académie Royale de Musique. « L'Opéra » était géré par la maison du Roi et dirigé par un comité d'artistes conduit par Antoine Dauvergne et Louis Joseph Francoeur. Depuis le privilège donné à Lully par Louis XIV en 1672, cette institution détenait de nombreux pouvoirs sur les autres théâtres concurrents et sur tous les compositeurs contemporains. Elle pouvait par exemple, si elle le souhaitait, fermer à tout moment une salle de théâtre ou refuser de laisser jouer un opéra si le compositeur n'avait pas préalablement demandé l'autorisation.

1. Académie Royale de Musique

Académie Royale de musique. Aquarelle de Jean-Baptiste Lallemand, vers 1790.  A gauche du théâtre, on aperçoit la porte Saint-Martin, et un peu plus loin la porte Saint-Denis.

Malgré tout, d'autres salles de théâtre subsistaient dont l'Opéra Comique, ou autrement dénommé la « Comédie-Italienne. » Construit en 1783 à la rue Favart, son origine remontait à la fusion accomplie entre les Comédiens italiens ordinaires du Roi et ceux de la foire Saint-Germain. Cette troupe avait choisi d'intégrer essentiellement dans son répertoire des pièces françaises composées de dialogues, d'airs et de danses.

2. Salle Favart

Théâtre Royal Italien (première salle Favart), fin du XVIIIe siècle.

De même, le Théâtre de Monsieur ouvrit ses portes en 1789 aux Tuileries grâce à Léonard Antier et Giovanni Battista. Son large répertoire était plutôt consacré aux œuvres italiennes mais on y donna aussi des opéras français. Cette troisième salle prendra avec le temps une grande importance dans la vie culturelle parisienne, au point même de mener les deux autres théâtres concurrents à la ruine. En 1790, le Théâtre de Monsieur s'installera rue Feydeau et deviendra le Théâtre Feydeau.

3. Théâtre Feydeau

Théâtre Feydeau. Dessin de Courvoisier. Gravure de Dubois-Parouty, 1798

Même si la musique de la salle Favart était plus légère que celle de la salle Feydeau, plus proche du grand genre qu'est l'opéra, ces deux théâtres se concurrençaient au point même de s'emprunter les sujets de leurs créations lyriques. Ainsi, l'Opéra Comique présentera le 15 janvier 1791, Paul et Virginie de alors que Jean-François Lesueur créera une autre version de cette histoire d'amour champêtre au théâtre Feydeau le 13 janvier 1794. De même, l'histoire de la jeune Lodoïska dans un premier temps mise en musique au théâtre Feydeau le 18 juillet 1791 par , sera représentée un mois après, le 1er août 1791, au théâtre Favart avec une musique de et un livret de Dejaure. Enfin, l'ancien Théâtre de Monsieur aura un succès considérable grâce à La Caverne de le 15 février 1793, concurrencée dès le 4 décembre 1795 par La Caverne d'Etienne-Nicolas Méhul. A partir du 6 juillet 1801, une décision gouvernementale amènera les deux troupes à s'associer pour ainsi devenir le Théâtre National de l'Opéra Comique.

Parallèlement, d'autres petits théâtres privés étaient en activité comme le théâtre de l'Ambigu-Comique. Cette salle proposait des spectacles de marionnettes étant donné que le monopole de l'Académie Royale de Musique lui interdisait des spectacles avec du chant et de la danse. Par la suite, les poupées furent remplacées par des enfants puis par des acteurs. Le Théâtre des Grands Danseurs du Roi était lui aussi astreint à de nombreuses contraintes tout comme celui des Délassements-Comiques qui ne pouvait faire apparaître sur scène que trois acteurs à la fois. Le Théâtre des Associés et le Théâtre des Beaujolais avaient contourné l'interdiction de parler et de chanter sur scène en faisant mimer aux acteurs le texte que d'autres comédiens prononçaient ou chantaient dans les coulisses.

Ce bref aperçu souligne la forte censure que subissaient les différents théâtres de la capitale à la fin du XVIIIe siècle. Mais les mêmes difficultés étaient aussi présentes en province étant donné que l'Académie Royale de Musique supervisait tous les lieux de spectacle français. La levée de la censure s'effectuera en 1791 pour ensuite être rétablie deux années plus tard en 1793. Les autorités révolutionnaires avaient en effet pour objectif de faire des salles de spectacle « de grandes écoles nationales ouvertes à tous les citoyens par l'attrait du plaisir » et considéraient le théâtre comme une « partie morale essentielle d'instruction publique. » (Adelaïde de Place, La vie musicale en France au temps de la Révolution, 1989) Entre la censure et la propagande, le théâtre deviendra une tribune politique autant qu'un reflet de la vie sociale, sur scène comme dans le public.

Crédits photographiques : la Salle Favart en travaux © Opéra Comique / Stefan Brion – autres images libre de droit : Bibliothèque nationale de France

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Même si le Palazzetto Bru Zane fêtera dignement dès janvier le bicentenaire de la mort d’Étienne Nicolas Méhul, cet évènement semble avoir été quelque peu oublié des maisons d’opéra.

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