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Paris. Archives nationales. 11-III- 2017. Œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) et Johann Sebastian Bach (1685-1750). Ensemble Les Jupons de la Marquise : Mariamielle Lamagat, soprano ; Clément Debieuvre, ténor ; Ajay Ranganathan, violon baroque ; Laurence Valentino, violon baroque ; Tania-Lio Faucon-Cohen, alto baroque ; Sarah Aguessy, violoncelle baroque ; Benoît Bératto, violone ; Nora Dargazanli, clavecin.
Et si la musique se prêtait aux jeux des défilés ? Voici le dernier défi des audacieux interprètes de l'ensemble Les Jupons de la Marquise, livrés à un exercice de stylisme musical.
Dans le cadre de l'Hôtel de Soubise, qui est celui des concerts Jeunes Talents, ces artistes émergents offrent au public curieux un spectacle « prêt-à-porter » ou « concert patron », qui se propose d'« inventer la tendance, créer la surprise et offrir des idées neuves ». Intention originale qui aurait pu être fort intéressante, et qui pourtant n'atteint son objectif qu'à moitié : intrigué au départ par les pas de danse hasardeux de deux jeunes danseurs simulant un pseudo-défilé, le public reporte bientôt son attention sur le vrai cœur du sujet, la musique empreinte de spiritualité de Bach père et fils.
En effet, Johann Sebastian et Carl Philipp Emanuel se partagent le podium de la Chambre du Prince tout au long d'un programme équilibré proposant une alternance de cantates et de symphonies, permettant à l'ensemble de faire montre d'un bel esprit d'équipe.
Le lever de rideau revient aux instrumentistes, qui dès les premières notes de la Symphonie n° 1 de Carl Philipp Emanuel Bach, donnent ses lettres de noblesse à une atmosphère toute austro-allemande, au mysticisme profond. Le décor baroque de l'Hôtel de Soubise sert de merveilleux cadre sonore aux instruments d'époque, dont les timbres résonnent ici amplifiés et magnifiés. Ajay Ranganathan et Laurence Valentino au violon baroque, Tania-Lio Faucon-Cohen à l'alto, Sarah Aguessy au violoncelle et Benoît Bératto au violon jouent avec précision et vivacité (comme nous l'avions déjà constaté avec l'ensemble Les Contre-Sujets, dont presque tous ces musiciens sont issus). La claveciniste Nora Dargazanli se distingue tout particulièrement en faisant preuve d'un engagement poussé et d'un toucher limpide.
Les chanteurs nous livrent également une belle interprétation. Le ténor Clément Debieuvre fait son entrée sur un extrait de la cantate Christ unser Herr zum Jordan kam (BWV 7 ) de Johann Sebastian Bach, un premier air très intense, qu'il déploie avec aisance. Sa voix s'élève, claire et puissante, si expressive qu'une vive émotion s'empare distinctement de la salle. On retrouve les mêmes qualités dans les cantates suivantes. Harmonieux à souhait, le soprano de Mariamielle Lamagat s'exprime, complémentaire, avec beaucoup d'agilité. Dans le beau duo Jesu, der du meine Seele (BWV 78), les deux jeunes talents font preuve d'un phrasé remarquable et d'une diction sans reproche.
L'équilibre subtil entre voix et instruments, grâce auquel toutes les qualités individuelles demeurent apparentes, permet de goûter pleinement la richesse et la puissance expressive des œuvres interprétées ce soir.
Photo : Nora Dargazanli © Associations Jeunes Talents
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Paris. Archives nationales. 11-III- 2017. Œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) et Johann Sebastian Bach (1685-1750). Ensemble Les Jupons de la Marquise : Mariamielle Lamagat, soprano ; Clément Debieuvre, ténor ; Ajay Ranganathan, violon baroque ; Laurence Valentino, violon baroque ; Tania-Lio Faucon-Cohen, alto baroque ; Sarah Aguessy, violoncelle baroque ; Benoît Bératto, violone ; Nora Dargazanli, clavecin.