La théologie mariale d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise de Notre-Dame de Paris
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Paris. Cathédrale de Notre-Dame de Paris. 21-II-2017. Tomás Luis de Victoria (1548-1611) : Ave Maria a 4, Ave Maria a 8 ; Yves Castagner (né en 1964) : O Notre-Dame du soir ; Claudio Monteverdi (1567-1643) : Cantate Domino, Ave Maris Stella ; Caroline Marçot (né en 1974) : Nigra sum ; Pierre-Adrien Charpy (né en 1972) : Voici le sacre du Royaume ; Roland de Lassus (1532-1594) : Osculetur me ; Michèle Reverdy (née en 1943) : Femme revêtue de Soleil ; Giovanni Gabrieli (1557-1612) : Sancta Maria succurre miseris, Beata es Virgo Maria ; Hans Leo Hassler (1534-1612) : Messe. Yves Castagnet, orgue. Maîtrise Notre-Dame de Paris Chœur d’adultes, direction : Henri Chalet.
Un concert de chant sacré à la Cathédrale de Notre-Dame de Paris assuré par sa Maîtrise, que ce soit le chœur d'enfants ou d'adultes, est toujours une jolie parenthèse dans notre tourmente parisienne. Ce soir, l'atmosphère spirituelle de cette musique désincarnée, a la capacité d'entraîner même le spectateur ne souscrivant pas forcément à la théologie mariale sur laquelle est basée cette représentation.
Au XVe comme au XVIe siècle, les églises et les chapelles étaient les lieux privilégiés de la musique savante. De ce fait, les ecclésiastiques sont devenus en cette période, les employeurs principaux des musiciens professionnels. Tout naturellement, les cathédrales, avec leurs maîtrises, assuraient le rôle de formation que tiennent actuellement les conservatoires de musique. Certaines, jouissant d'une telle renommée, approvisionnaient en belles voix toutes les cours d'Europe. Aujourd'hui encore, même si la musique savante enrichit désormais bien d'autres endroits de notre quotidien, la Maîtrise Notre-Dame de Paris assure toujours un enseignement complet dans le domaine du chant soliste et choral, de l'initiation à la formation professionnelle.
Les jeunes chanteurs du chœur d'adultes en représentation ce soir, tous ayant moins de 30 ans, préparent ainsi au sein de la Maîtrise un diplôme d'études musicales de la Ville de Paris ou une Licence de chant. Malgré un pupitre de soprano un peu en-deçà du reste des choristes, en raison d'attaques parfois imprécises dans le Cantate Domino de Monteverdi, ou d'aigus parfois un peu stridents en fin de phrases dans la composition de Pierre-Adrien Charpy, Voici le sacre du Royaume, ce chœur révèle un bon équilibre des voix, des finales d'une grande précision, mais surtout de magnifiques voix de solistes.
Le chef de chœur, Henri Chalet, fait judicieusement résonner les voix dans toutes les enceintes de la cathédrale, profitant d'une acoustique qu'il connaît parfaitement, presque céleste. Le concert débute donc au niveau des stalles, là où personne ne peut voir les chanteurs exécuter un Ave Maria de Tomás Luis de Victoria. L'espace sera également savamment exploité à l'Ave Maria Stella de Monteverdi, où deux quatuors seront disposés à chaque extrémité du transept.
Mais le plaisir est entier quand certains compositeurs des pièces qui composent cette programmation, participent également à ce concert, et cela sans chercher à se mettre en avant. A l'orgue de chœur (il en est le titulaire depuis 1988), Yves Castagnet démontre une technique et une virtuosité évidentes dans la partie instrumentale du motet Femme revêtue de Soleil. Tout en se plaçant dans une longue tradition liturgique, l'ancien élève de Michel Chapuis fait preuve d'une sincère originalité dans son écriture musicale, fort d'un sens indéniable du climat. Dans O Notre-Dame du soir, l'orgue entre dans un singulier dialogue avec les voix, permettant à l'instrument de s'émanciper de son rôle de soutien, pour dévoiler des sonorités, des résonances et des harmonies d'un beau tempérament. La jeune compositrice Caroline Marçot se trouve quant à elle dans le chœur. Sa partition Nigra sum écrite en 2001, déploie une extrême sensibilité, son inspiration se nourrissant des polyphonies de la Renaissance et d'une accentuation prosodique très personnelle.
Ce concert prouve que la musique sacrée est bien intemporelle, mais surtout toujours vivante, générant encore aujourd'hui un mouvement de création musicale aussi fort que du temps de Monteverdi, de Gabrieli ou de Roland de Lassus. Nous avions déjà entendu la majorité de ces musiques contemporaines puisque les motets O Notre-Dame du soir d'Yves Castagnet, Voici le sacre du Royaume de Pierre-Adrien Charpy et Femme revêtue de soleil de Michèle Reverdy ont été créés spécialement pour les célébrations musicales du jubilé des 850 ans de Notre-Dame de Paris. Depuis cet événement, le nouveau livre de chant de Notre-Dame de Paris perdure dans l'univers de la musique religieuse avec notamment un enregistrement paru en 2015. Mais il traverse également les années, preuve de sa belle qualité.
Crédits photographiques : le chœur d'adulte de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris © Jean-Baptiste Millot
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Paris. Cathédrale de Notre-Dame de Paris. 21-II-2017. Tomás Luis de Victoria (1548-1611) : Ave Maria a 4, Ave Maria a 8 ; Yves Castagner (né en 1964) : O Notre-Dame du soir ; Claudio Monteverdi (1567-1643) : Cantate Domino, Ave Maris Stella ; Caroline Marçot (né en 1974) : Nigra sum ; Pierre-Adrien Charpy (né en 1972) : Voici le sacre du Royaume ; Roland de Lassus (1532-1594) : Osculetur me ; Michèle Reverdy (née en 1943) : Femme revêtue de Soleil ; Giovanni Gabrieli (1557-1612) : Sancta Maria succurre miseris, Beata es Virgo Maria ; Hans Leo Hassler (1534-1612) : Messe. Yves Castagnet, orgue. Maîtrise Notre-Dame de Paris Chœur d’adultes, direction : Henri Chalet.