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Munich. Prinzregententheater. 17-II-2017. Jonathan Dove (né en 1957) : Flight, opéra en trois actes sur un livret d’April De Angelis. Mise en scène : Balász Kovalik ; décors : Hermann Feuchter ; costumes : Angelika Höckner. Avec : Jan Wouters (Refugee) ; Stefan Sbonnik (Bill) ; Andromahi Raptis (Controller) ; Irakli Ataneshvili (Immigration Officer) ; Julia Moorman (Tina) ; Clara Corinna Scheurle (Older Woman) ; Vero Miller (Stewardess) ; Bavo Orroi (Steward) ; Benedikt Eder (Minskman) ; Pia Viola Buchert (Minskwoman). Münchner Rundfunkorchester ; direction : Ulf Schirmer.
Une œuvre inepte et une mise en scène plate échouent à mettre en valeur les jeunes chanteurs munichois.
À Munich, le cursus des jeunes apprentis chanteurs, acteurs et metteurs en scène est couronné par l'Académie de Théâtre August Everding, structure de professionnalisation qui ne se substitue pas aux universités artistiques existantes, mais donne aux jeunes artistes les moyens de se produire sur scène, notamment, chaque année, dans une production d'opéra. L'Académie porte le nom de l'un des acteurs majeurs de la scène théâtrale allemande du dernier demi-siècle : il a notamment dirigé l'Opéra de Bavière, mais aussi combattu pour la rénovation du Prinzregententheater, petit Bayreuth laissé à l'abandon après avoir servir pendant deux décennies de lieu de repli pour l'Opéra après 1945. C'est dans ce théâtre que l'Académie donne ses spectacles lyriques depuis quelques années, devant une salle presque pleine pour cette première.
Flight de Jonathan Dove fait partie des nombreux opéras contemporains qui, contrairement aux idées reçues, sont régulièrement joués depuis leur création, avec une quinzaine de productions depuis la première à Glyndebourne en 1998. Il ne le doit hélas pas à la qualité de sa musique, mais plutôt à l'efficacité peu subtile d'un livret qui croit plus à l'accumulation qu'à la construction des personnages. On se souvient de l'histoire de ce réfugié qui avait passé 18 ans dans l'espace sécurisé de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Flight nous le fait rencontrer pendant une nuit d'orage où il rencontre passagers et membres d'équipage bloqués au sol : ce n'est que le prétexte pour dresser une galeries de personnages moins drôles et moins poétiques que leurs créateurs ne l'espéraient.
Même le Marsupilami déçoit
Le contre-ténor Jan Wouters est sans doute le meilleur chanteur de la soirée, sans doute parce que Dove a calqué son rôle sur celui d'Obéron dans Le songe d'une nuit d'été de Britten : hélas, l'influence de Britten n'est présente que par moment, jointe aux platitudes du minimalisme façon Glass que Dove a abondamment pratiqué. Mais le pire n'est pas là : Dove n'est jamais avare de décibels dès qu'il peut rajouter des effets, et il ne s'en prive pas – le principe de ce genre d'effets est que plus ils sont nombreux, moins ils ont, justement, d'effet. Tous les clichés du chant, entre Broadway et Puccini, sont là : on nous excusera de ne pas détailler tous les jeunes chanteurs, mais peu d'oeuvres auraient été plus incapables de mettre en valeur leurs qualités.
Hélas, la mise en scène n'améliore pas les choses, en renforçant la surcharge du livret et de la musique. Un Marsupilami (avec une queue beaucoup trop courte), les Simpson, Snoopy, la Panthère Rose et Burger King (liste non exhaustive) : ils y sont tous, les symboles de la société contemporaine de la consommation et du divertissement. Ils y sont, mais que disent-ils ? Rien du tout, à part les clichés les plus éculés de la comédie contemporaine, qu'on a vu cent fois. Les jeunes chanteurs dépensent beaucoup d'énergie, certes, pour un résultat théâtral inexistant : chaque personnage est réduit au mieux à deux attitudes, n'évolue jamais, émeut encore moins, et arrache au mieux un sourire de temps en temps.
Ce n'est vraiment pas un service à rendre à de jeunes musiciens que de les confronter à ce succédané d'écriture contemporaine, joint à une mise en scène où tout est superficialité.
Crédit photographique : © Thomas Dashuber
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Munich. Prinzregententheater. 17-II-2017. Jonathan Dove (né en 1957) : Flight, opéra en trois actes sur un livret d’April De Angelis. Mise en scène : Balász Kovalik ; décors : Hermann Feuchter ; costumes : Angelika Höckner. Avec : Jan Wouters (Refugee) ; Stefan Sbonnik (Bill) ; Andromahi Raptis (Controller) ; Irakli Ataneshvili (Immigration Officer) ; Julia Moorman (Tina) ; Clara Corinna Scheurle (Older Woman) ; Vero Miller (Stewardess) ; Bavo Orroi (Steward) ; Benedikt Eder (Minskman) ; Pia Viola Buchert (Minskwoman). Münchner Rundfunkorchester ; direction : Ulf Schirmer.