Concerts, La Scène, Musique de chambre et récital

Thomas Adès et Kirill Gerstein en duo à Paris

Plus de détails

Instagram

Paris. Fondation Louis Vuitton. 12-XII-2016. Claude Debussy (1862-1918) : En Blanc et Noir ; Lindaraja ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Symphonie de Psaumes (transcription : Dimitri Chostakovitch) ; Witold Lutosławski (1913-1994) : Variations sur un thème de Paganini ; Thomas Adès (né en 1971) : Concert paraphrase de Powder Her Face, pour deux pianos (première européenne) ; Maurice Ravel (1875-1937) : La Valse. Thomas Adès, Kirill Gerstein, piano.

Instagram

tadesLe Britannique , surtout réputé pour son œuvre écrite, mais également pianiste virtuose, joue en duo avec .

En parallèle de l'exposition de la collection Tchoukine dans ses locaux, la Fondation Louis Vuitton accueille un récital à deux pianos centré autour d'œuvres françaises et russes de la première moitié du XXe siècle. Dans ce programme, est à la fois la vedette et l'intrus, le pianiste et le compositeur, puisqu'au milieu des chefs-d'œuvres classiques de Ravel, Debussy ou Stravinski figure une Paraphrase de son propre opéra, Powder Her Face ; c'est une occasion rêvée de mesurer combien sa musique, dans un langage fidèle aux influences esthétiques passées, peut surprendre par son ton. Que ce soit dans la virulence presque logorrhéique du mouvement introductif, ou dans les accents canaille – irrésistiblement drôles – de la danse finale, on trouve dans cette Paraphrase la fraîcheur d'une inspiration authentique.

est secondé par (Clef ResMusica pour son album Liszt/Schumann/Knussen), dont les qualités de partenaire de musique de chambre sont de plus en plus recherchées. Le pianiste d'origine russe, qui tient en alternance la partie de premier piano, séduit particulièrement dans les deux premiers mouvements d'En Blanc et Noir, où son jeu rapide et incisif s'harmonise à merveille avec les nappes sonores du second piano. À son tempérament expressif conviennent tant les éclats rythmiques que les lignes suaves. Il manque hélas au troisième mouvement un rien de conduite pour qu'il captive de bout en bout : redoutables sont ces multiples decrescendi et cette fin en demi-teinte, tels que Debussy les affectionne ! Une lecture plus minutieuse ou imaginative aurait permis d'éviter que les textures sonores ne s'amollissent.

On brûlait de découvrir la Symphonie de Psaumes dans une transcription originale, celle qu'en a faite Chostakovitch afin de l'étudier à loisir. Ceux qui sont attachés au coloris unique de l'effectif imaginé par Stravinsky (avec une prédominance de bois et de cuivres) risquent de trouver bien commune la fugue centrale, lorsque le timbre des pianos peine à en restituer l'intensité ; et il est vrai que la phrase que le chœur a cappella chante en strettes dans l'original perd ici beaucoup de son irréalité mystérieuse. Néanmoins, le dernier mouvement est une réussite : les deux pianos s'unissent pour renforcer les accents de la danse féroce du « Laudate Dominum » (les talents rythmiques des deux pianistes et leur coordination parfaite sont ici encore mis à profit), et lorsque la tension retombe, les harmoniques des instruments rendent toute justice à la vision céleste et éthérée, vision béatifique, sur laquelle l'œuvre se referme.

La partition de La Valse se révèle plus délicate : un certain manque de phrasé nuit à la cohérence du discours de Thomas Adès, et il arrive que ses mélodies se perdent au milieu de l'abondance de notes. On sent l'artiste plus à l'aise dans les partitions satiriques, telles ces Variations sur un thème de Paganini de Lutosławski, franche pochade dont la virtuosité et l'humour (surtout dans cette variation en gammes enchevêtrées) ont pleinement conquis.

Crédits photographiques : Thomas Adès © Maurice Foxall

(Visited 288 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Paris. Fondation Louis Vuitton. 12-XII-2016. Claude Debussy (1862-1918) : En Blanc et Noir ; Lindaraja ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Symphonie de Psaumes (transcription : Dimitri Chostakovitch) ; Witold Lutosławski (1913-1994) : Variations sur un thème de Paganini ; Thomas Adès (né en 1971) : Concert paraphrase de Powder Her Face, pour deux pianos (première européenne) ; Maurice Ravel (1875-1937) : La Valse. Thomas Adès, Kirill Gerstein, piano.

Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.