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Paris. Palais Garnier. 2-XII-2016. Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : Iphigénie en Tauride, tragédie lyrique en quatre actes sur un livret de Nicolas-François Guillard. Mise en scène : Krzysztof Warlikowski. Décors et costumes : Malgorzata Szczęśniak. Lumières: Felice Ross. Vidéo: Denis Guéguin. Chorégraphie : Claude Bardouil. Avec : Véronique Gens, Iphigénie ; Étienne Dupuis, Oreste ; Stanislas de Barbeyrac, Pylade ; Thomas Johannes Mayer, Thoas ; Adriana Gonzalez, Diane, première prêtresse ; Emanuela Pascu, deuxième prêtresse, une femme grecque ; Tomasz Kumiega, un scythe, un ministre. Chœur de l’Opéra de Paris (chef de chœur : Allesandro Di Stefano). Orchestre de l’Opéra de Paris. Direction : Bertrand de Billy.
En passant les grilles du Palais Garnier, on se demandait, un peu atterrée, quelle mouche nous avait piquée de nous porter volontaire pour ce spectacle, dont la mise en scène en 2006 nous avait profondément affligée, si ce n'est une distribution plus que prometteuse. Or, la soirée s'est révélée absolument magnifique.
Krzysztof Warlikowski a manifestement repensé sa production de bout en bout, et l'a débarrassée de tous les éléments qui la polluaient. Exit les déambulateurs, les vidéos freudiennes et l'encombrement du plateau par des figurants superfétatoires, place à la narration d'une histoire, celle d'une femme à la fin de sa vie, qui se remémore l'instant-clé de son existence, lorsqu'elle a administré la mort à deux jeunes gens innocents, et s'imagine ce qui aurait put être si elle avait agit autrement. Qu'importe si ce n'étaient pas les intentions originelles du librettiste, l'émotion est là, complètement brute. Le public d'ailleurs ne s'y trompe pas. On se souvient avec une sorte de terreur des huées qui avaient accompagnées la fin du premier acte il y a dix ans, suivies quand elle se furent calmées par la réplique de Pylade « quel silence effrayant ». Rien de tout cela aujourd'hui, l'attention est quasi-religieuse, on n'entend pas la moindre toux. Quelques protestations se font tout de même entendre lors des saluts, vite balayées par les acclamations des conquis.
Il faut dire que la distribution est exceptionnelle, et vaut à elle seule le déplacement, la palme revenant au remarquable Oreste d'Étienne Dupuis. On connaît certes depuis longtemps ce beau baryton québécois, mais cette fois-ci, son engagement scénique, la variété de sa palette de couleur, la qualité de son timbre révèlent le baryton international incontournable de ces prochaines années. Stanislas de Barbeyrac ne lui cède en rien, et son Pylade à la fois viril et élégant forme avec lui un duo profondément émouvant. Véronique Gens possède assez de chien pour se pelotonner sous un lavabo d'une façon aussi chic que s'il s'agissait d'un aimable buisson printanier, et malgré une diction qui laisse à désirer, son tempérament volcanique apporte le grand frisson.
La seule déception provient du Thoas éructant et sans ligne de Thomas Johannes Mayer.
Les chœurs, relégués hors scène, sont incandescents. On aime moins, en revanche, la direction manquant d'acuité et de nervosité de Bertrand de Billy, ainsi que le son de l'Orchestre de l'Opéra National de Paris, sur instruments modernes (en 2006, il s'agissait des Musiciens du Louvre).
Crédits photographiques : © Guergana Damianova
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Paris. Palais Garnier. 2-XII-2016. Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : Iphigénie en Tauride, tragédie lyrique en quatre actes sur un livret de Nicolas-François Guillard. Mise en scène : Krzysztof Warlikowski. Décors et costumes : Malgorzata Szczęśniak. Lumières: Felice Ross. Vidéo: Denis Guéguin. Chorégraphie : Claude Bardouil. Avec : Véronique Gens, Iphigénie ; Étienne Dupuis, Oreste ; Stanislas de Barbeyrac, Pylade ; Thomas Johannes Mayer, Thoas ; Adriana Gonzalez, Diane, première prêtresse ; Emanuela Pascu, deuxième prêtresse, une femme grecque ; Tomasz Kumiega, un scythe, un ministre. Chœur de l’Opéra de Paris (chef de chœur : Allesandro Di Stefano). Orchestre de l’Opéra de Paris. Direction : Bertrand de Billy.