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Berlin. Philharmonie. 5-XI-2016. Pierre Boulez (1925-2016) : Éclat, pour 15 instruments ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 7. Berliner Philharmoniker ; direction : Simon Rattle.
Est-ce l'ombre de Claudio Abbado ? Simon Rattle ne parvient pas à faire vivre la Septième symphonie de Mahler.
Juste avant de partir en tournée américaine, l'Orchestre philharmonique de Berlin donne le second de ses programmes de tournée, qui comme le premier donné la veille ne comporte aucun soliste. Ce concert-ci, déjà donné par l'orchestre à Berlin et dans une tournée européenne à la fin de l'été, attire comme la veille une salle pleine, que les prix élevés demandés par l'orchestre (138 € en première catégorie) ne rebutent pas – de tous les orchestres européens, c'est sans doute lui qui demande les prix les plus élevés dans la ville même où il réside, suivi de près par le Concertgebouw à Amsterdam.
Il faut hélas passer rapidement sur la première œuvre au programme : Rattle s'engage volontiers pour la musique contemporaine en général et pour Boulez en particulier, mais une petite introduction orale aurait été nécessaire pour faire taire les tousseurs qui gâchent l'audition de ces huit minutes d'une délicatesse toute chambriste. Cette forme commune de sabotage artistique dirigé contre toute forme de modernité musicale est d'autant plus patente ici que la musique de Mahler semble elle avoir un effet thérapeutique : les toux se font rares même entre les mouvements, comme par enchantement.
Ce que donne à entendre l'orchestre et son chef chez Mahler, pourtant, n'est pas sans poser des problèmes. Contrairement à la veille, ce ne sont pas des options affirmées sans nuances par Rattle qui posent problème, mais plutôt une lecture qui reste tout au long de l'œuvre trop lisse. On cherche en vain dans les Nachtmusiken un peu de mystère et de poésie nocturne, et les mouvements extrêmes sont comme privés d'élan : ce ne sont pas quelques effets de contraste un peu trop appuyés qui peuvent suffire à créer un mouvement ou une dynamique. On peut naturellement goûter un Mahler éloigné des grands sentiments panthéistes, révolutionnaire musical plutôt que grand-prêtre d'un souffle mystique, mais Rattle n'est pas Boulez : il lui manque rigueur et profondeur analytique pour donner tout son sens à l'ensemble. Et cet orchestre, avec les qualités qu'on lui connaît, n'est pas ce soir aussi irréprochable qu'on l'aurait attendu, y compris avec des solos de vents qui manquent parfois franchement de subtilité.
Photo : Simon Rattle © Sebastian Hänel
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Berlin. Philharmonie. 5-XI-2016. Pierre Boulez (1925-2016) : Éclat, pour 15 instruments ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 7. Berliner Philharmoniker ; direction : Simon Rattle.
Interessant cette remarque concernant le prix des places : qui les fixe ? L’orchestre; le responsable de la salle qui n’est souvent pas le même ???
Bravo aux tarifs de la philharmonie de Paris qui est en train de réussir son pari de rajeunissement du public !!
En effet, la relation entre salle et orchestre est très variable. À Berlin, évidemment, la situation est particulièrement simple, puisque l’orchestre est véritablement maître de la salle et peut décider librement de sa politique tarifaire. Dans le cas de la Philharmonie de Paris, vous avez raison, l’effet sur le public est spectaculaire – l’effet des nouvelles salles pour le dynamisme musical d’une ville semble se produire aussi à Hambourg avec l’Elbphilharmonie qui ouvre en janvier, tout est complet pendant des mois !