Claveciniste et chef d'orchestre, Christophe Rousset dit haut et fort dans ces pages son admiration et son amour pour Couperin le Grand.
Cet ouvrage dédié à François Couperin (1668-1733) réussit un difficile pari : concilier un ton personnel et une véritable approche musicologique. Dès l'ouverture, en effet, Christophe Rousset décrit sa première rencontre avec Couperin, cette première fois où une partition de lui fut posée sur le pupitre du clavecin, alors qu'il était encore tout jeune apprenti musicien et l'impression qu'il ressentit d'emblée d'avoir « affaire à un ami. »
Mais il fait aussi le constat que « Couperin n'offre que peu de prise » avec une biographie qui ne comporte aucun élément spectaculaire et très peu de sources directes, « pas même un manuscrit autographe ».
C'est donc surtout par le biais d'un voyage dans sa musique que Christophe Rousset va entraîner son lecteur vers Couperin. Après avoir décliné ce qu'il faut de dates, de lieux, de faits, il procède à une étude précise des influences, notamment celle, prépondérante, d'Arcangelo Corelli mais aussi du contexte musical de son époque, la Cour du roi, le cercle des musiciens contemporains (parmi lesquels bien sûr Lully). Il met aussi en évidence toutes les énigmes concernant l'œuvre, dont on peut penser qu'une partie importante a sans doute disparu.
Puis il prend méthodiquement les différentes compositions de François Couperin, depuis les pièces pour orgue (les deux Messes) jusqu'aux compositions orchestrales (Les Nations, Les Concerts Royaux…) ou aux pièces religieuses (Les Leçons de Ténèbres), pour terminer en véritable point… d'orgue par les quatre Livres de clavecin et leurs « ordres » (terme utilisé par Couperin pour « suite »).
L'ouvrage se fait alors surtout guide d'écoute, moins à lire à la suite qu'à consulter. L'auteur s'appuie souvent sur les textes de François Couperin lui-même, les préfaces de ses recueils musicaux ou bien encore L'Art de toucher le clavecin. Vivantes et empreintes de la passion qu'éprouve Christophe Rousset pour son sujet, fouillées sans être pour autant difficiles d'accès pour le non-spécialiste, ces analyses donnent envie de prendre ou reprendre toutes les pièces évoquées, et de les écouter en suivant ses propos. Elles donnent une vraie image du compositeur, de sa complexité psychologique telle qu'elle s'exprime dans sa musique, tour à tour mélancolique, moqueuse, sensuelle, dramatique.
Voici donc un portrait érudit mais très humain du compositeur et aussi un utile guide d'écoute de son œuvre. Comme tous les autres livres de la collection Classica, le François Couperin comprend un index, des repères bibliographiques et des éléments de discographie.
Plus de détails
François Couperin. Christophe Rousset. Actes Sud/Classica. 224 pages. 17 €. 2016
Actes Sud
Belle initiative ! Couperin porte bien son surnom de « grand » : un phare du XVII° français !