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Du néo-classicisme au tableau mouvant, la danse en majesté à Lyon

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Amphithéâtre Cité Internationale. 17-IX-2016. La Belle et la Bête. Chorégraphie : Thierry Malandain. Malandain Ballet Biarritz
Théâtre des Célestins. 19-IX-2016. Halka. Groupe Acrobatique de Tanger
Les Subsistances. 20/IX/2016. Are friends electric? Chorégraphie : Yuval Pick. CCNR
Maison de la danse. 22/IX/2016. Volver. Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz. Groupe Emile Dubois.
TNP. 23/IX/2016. Petit théâtre. Tordre. Chorégraphie : Rachid Ouramdane. CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble
TNP. 23/IX/2016. Grand théâtre. Auguri. Chorégraphie : Olivier Dubois. Ballet du Nord
TNP. 29/IX/2016.Petit théâtre. Au sein des plus raides vertus. Chorégraphie : Catherine Gaudet
TNP. 29/IX/2016.Grand théâtre. Rules Of The Game. Chorégraphie : Jonah Bokaer. Musique : Pharrell Williams.
Maison de la danse. 30/IX/2016. Chotto Desh. Chorégraphie : Akram Khan

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Un parcours dans la Biennale de la danse de Lyon qui a fait œuvre de diversité pour cette 17e édition.

biennale4La Biennale n'a pas boudé le néoclassicisme, comme l'atteste la nouvelle création de Thierry Malandain (le 17 septembre), mettant en pas de deux, élans, chutes et arabesques, le beau conte qui a bercé notre enfance, et dont l'interprétation de Cocteau a terrorisé nos nuits des plus beaux cauchemars : La Belle et la Bête. Dans l'Amphithéâtre de la Cité internationale, avec les danseurs du Ballet de Biarritz, ici des fondus au noir élégants nous ramènent délicatement à la cause cinématographique, mais servent-ils encore la cause dansante ?

Et au Théâtre des Célestins, le 19, du cirque encore cette année (la Compagnie XY avec Il n'est pas encore minuit, même lieu, et l'incroyable Yoann Bourgeois à L'Opéra en 2014), grâce au pour Halka, qui veut dire en arabe « un spectacle festif en forme de cercle », renouvelant ainsi la tradition marocaine en utilisant notamment les « jefnas », des bassines, pour danser et crier bien haut (pyramides humaines) la liberté de l'artiste.

biennale1Aux Subsistances, le 20, du grand pour Are friends electric ? Six danseurs magiques du CCNR de Rillieux-la-Pape matérialisent l'être-ensemble et se tordent quasi organiquement sur la musique électronique de Kraftwerk. Leur époustouflante danse comme des battements de cœur nous fait entrer dans une transe respiratoire quasi mystique.

La comédie musicale n'est pas en reste non plus avec Volver (qui signifie revenir en espagnol, d'après la chanson éponyme d') à la Maison de la danse (22 septembre), la nouvelle création de pour et avec , accompagnée du . Sans commentaire : chanter et danser en même temps étant une prouesse qui ne suffit pas à donner un bon spectacle.

Au TNP le 23, du très grand crû comme souvent, pour Tordre de , extraordinaire ode à la force créatrice et à l'intimité, deux solos quasiment : l'un de Lora Juodkaite, qui tourne depuis l'enfance comme réponse à son hypersensibilité et pour survivre, sur demi-pointes, et Annie Hanauer qui offre une danse quasi mystique armée de sa prothèse de bras qu'elle manie comme un bras, d'une infinie souplesse. Un duo inouï pour ces deux danseuses en quasi solo, sur une musique électronique entrecoupée par le monologue dansant de Lora ou par Annie se mouvant sur la voix magnétique de Nina Simone chantant Feelings en un enregistrement live qui donne la chair de poule.

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Puis le même jour, , pour Auguri, incroyable course folle de vingt-deux danseurs surentraînés, sur une musique de François Caffenne, apparaissant et disparaissant dans des blocs. C'est une pièce foisonnante et épurée, forte, haletante : le Ballet du Nord dans toute sa splendeur. Nous en frissonnons encore. Cela se veut une ruée vers le bonheur et il en ressort toute la complexité de nos vies : prouesse, angoisse, espoir, dénuement du courir, se rencontrer, se quitter, repartir…

Et encore au TNP, du grand art en des genres quasi opposés, le 29, Au sein des plus raides vertus de , propose une incroyable ode à la vie édénique sur un titre pas si énigmatique, quoique la chanson de Léo Ferré dont il est extrait (Thank you satan) semble plus connue au Québec qu'en France. Torses nus, quatre danseurs sublimes dansent, souvent au sol, en jeans et culotte blanche apparente, parlent, chantent surtout a capella puis rient. Et nous aussi par moment, tellement c'est beau et profond comme parcours et comme art.

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Puis Rules of the game, toujours au TNP le même jour, la création 2016 de , en Première française, nous propulse sur la planète people, avec une partition originale de conçue pour la nouvelle oeuvre du plasticien-chorégraphe, et l'Orchestre symphonique de Dallas. Le titre vient d'une pièce de Pirandello, Il gioco delle parti, dont reprend la structure. Tout est cadré chez lui, rien n'est laissé au hasard. Incroyable mais vrai pour celui qui fut le plus jeune danseur de Merce Cunningham à 18 ans ! Cunningham et John Cage laissaient au contraire régner le hasard.
Juste un pur moment de bonheur créé par trois artistes : himself évidemment (il danse avec une feuille de papier géante telle une nouvelle Loïs Füller, dans la première pièce, datant de 2010, présentée à nouveau, Recess), Daniel Arsham, le super plasticien de la Galerie Perrotin et Pharelll Williams, le musicien à l'oreille absolue qu'on ne présente plus.Du bonheur, du bonheur, et encore du bonheur, à goûter sinesthésiquement absolument. Ce tableau vivant a plusieurs dimensions et facettes, les danseurs en rose et capuche  y « jouent au basket »; en vidéo ce sont, grâce à une caméra fantôme, les images d'Arsham qui se composent et se décomposent, des visages de terre cuite, à la grecque, un ballon de basket justement, flottent… Bref un miracle de beauté cette pièce qui fait du bien !

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Enfin (last but not least), à la Maison de la danse, le 30, en solo embarque son public jeune et moins, dans l'univers semi-autobiographique de son enfance, pour Chotto Desh (petite patrie en Bengali), en Première française. Un régal de tableaux inspirés entre autres de la danse kathak, qui conte, mime et danse – un art sacré dansé dans les temples du nord de l'Inde -. Ce qui est sacré ici, c'est l'agilité inventive du grand danseur chorégraphe qui raconte sa montée vers une vocation : la danse. De l'enfance (la petite chaise blanche) à l'âge adulte (sa réplique géante). Magique de le voir utiliser le lisse de son crâne pour en faire le visage de son père ou encore entrer dans un décor numérique, en pleine forêt tropicale, entendre le conte de ce Tigre de miel, de Karthika Naïr, scénariste du spectacle – comme de Desh (2011) et de Until the Lions (2016).
Rêver. Danser. Rêver de danse.

Crédits photographiques : Volver / et © Michel Cavalca ; Tordre /   © Patrick Imbert ; Auguri / © Michel Cavalca ; Are friends electric / © Sebastien Eroma ; Chotto Desh / © Richard Haughton

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Amphithéâtre Cité Internationale. 17-IX-2016. La Belle et la Bête. Chorégraphie : Thierry Malandain. Malandain Ballet Biarritz
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