Deux créations mondiales en ouverture de la Biennale de la Danse de Lyon
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Lyon. 14/IX/2016. Lyon, Opéra. Ballet de l’Opéra de Lyon (créations). Le Diable bat sa femme et marie sa fille. Chorégraphie et décor : Marina Mascarell. Musique : Nick Wales. Costumes : Daphna Munz. Lumières et vidéo : Loes Schakenbos. Turning_motion sickness version. Chorégraphie : Alessandro Sciarroni. Musique : Yes Sœur ! (Alexandre Bouvier et Grégoire Simon). Costumes : Ettore Lombardi. Lumières : Sébastien Lefèvre. Interprétation : Danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon.
La 17e Biennale de la danse de Lyon s'est ouvert à l'Opéra sur deux Premières mondiales pour le Ballet de l'Opéra de Lyon, féministes et hypnotiques.
Dans un premier temps, la création de Marina Mascarell offre une trame engagée. « Le diable bat sa femme et marie sa fille » fait surgir sous les pas de huit danseurs (toujours fabuleux ces danseurs du Ballet de l'Opéra de Lyon), une recherche au geste kylianesque sur la question de l'identité sexuelle. Son fil rouge est une voix off de danseurs égrenant des anecdotes sur le genre et ses déboires : pourquoi une petite fille ne pourrait-elle pas jouer à se battre ? en quel sens un garçon devrait-il se forcer à la virilité ? et de quelle virilité parle-t- on évidemment ? D'un cliché bien entendu. Quelle parité pour les danseurs, et, au fond, quel est l'avenir d'une société qui n'assume pas ses mutations les plus profondes et les plus libératrices ? Sur fond d'un décor sobre aux cercles magiques, clin d'œil inconscient peut-être aux projecteurs de Relâche, se meuvent, en costume sans genre – des tuniques pour tous dont le motif est à peine discernable -, huit êtres éthérés, quatre femmes, quatre hommes, qui se cherchent et se lovent, superbes.
Puis, Alessandro Sciarroni apprend aux danseurs à tourner en toute dextérité sans flancher ni souffrir dans sa nouvelle version de « Turning_motion ». Déboulent alors, c'est le cas de le dire, onze danseurs virtuoses, dont Kristina Bentz, Noëllie Conjeaud, Raul Serrano Nunez, pour s'engouffrer dans le mal de mer sans mal, et peut-être avec mer. Car le tournis distillé par le chorégraphe impliqué, venu des arts visuel, plonge le spectateur dans un imaginaire à l'horizon démesuré… La transe de la pirouette nous emporte dans les migrations, qu'il a d'abord observées chez l'animal : cigognes, puis saumons. Et qu'il élève jusqu'à l'homme en majesté, lorsqu'il se prend à tourner, action archétypale s'il en est, tel un derviche, cela va sans dire. Ovation assurée, l'hypnose est un phénomène de notre temps, nous qui craignons les longues mutations et les analyses interminables, nous qui cherchons désormais à sauver notre peau, et préférons nous jeter à corps perdus dans des combats hypnotiques que la danse finira par gagner.
Une biennale qui, une fois encore, commence bien, et risque de nous hisser bien haut !
Photo : Marina Mascarell – « Le Diable bat sa femme et marie sa fille » © Michel Cavalca
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