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Une rentrée chorégraphique en beauté avec Viktor de Pina Bausch

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Paris. Théâtre du Châtelet. 3-IX-2016. Viktor (1986). Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Décor : Peter Pabst. Costumes : Marion Cito. Collaboration musicale : Matthias Burkert. Dramaturgie : Raimund Hoghe. Musique : Tchaïkovsky, Buxtehude, Dvorak, Khatchatourian, musique de danse du Moyen Age, valses russes, musique de la « Nouvelle-Orléans », musique de danse des années 30 et musiques populaires de Lombardie, Toscane, Italie du Sud, Sardaigne, Bolivie enregistrées et collectionnées par Luigi Cinque. Avec les danseurs du Tanztheater Wuppertal.

Dans cette pièce d'exil créée à Rome en 1986, manie l'humour – parfois noir ou acerbe – , l'ironie, le tragique et la sensualité pour exprimer avec force son amour pour l'Italie et son appétit de vivre. Les saynètes, à la frontière entre danse et théâtre, font rejaillir au cœur de Paris l'essence de l'Italie et le parfum des films de Fellini – Pina venait de jouer dans E la Nave va lorsqu'elle composa Viktor.

Viktor_Julie ShanahanLe décor pourrait sembler lugubre. La scène est entourée de monticules de terre, de plusieurs mètres de haut. Plus tard dans la pièce, un homme jettera des pelletées de terre sur la scène, comme un fossoyeur. La mort est là, omniprésente, mais sans cesse tournée en dérision. A la manière de Fellini dans E la Nave va, la pièce est séquencée en saynètes, comiques ou absurdes, cruelles parfois mais toujours tendres au fond sur la nature humaine. Un homme célèbre avec le plus grand sérieux l'union de deux macchabées ; un cadavre à la morgue est interpellé par un personnage qui lui intime l'ordre de se lever et lui reproche sa paresse ; un vieux couple, qui semble tout droit sorti d'une pièce de Beckett, se déchire à coup de reproches et de métaphores d'une ironie cinglante. Comme dans le burlesque italien, Pina se joue de la mort. Loin d'être lugubre, la pièce est un hymne à la vie, animée d'un mouvement perpétuel, coloré et joyeux, au son de musiques populaires d'Italie du Sud, Lombardie, Sardaigne ou encore Toscane. L'odeur de l'Italie nous enivre, nous transporte dans un grand charivari, où les personnages courent, crient, tombent, se déchainent, dans un imbroglio de couleurs et de sons.

Viktor_cAlistaire M

Viktor est aussi une ode à la femme, aux femmes. Si reconnaissables avec leur physique longiligne, leurs longs cheveux qui tournoient dans l'espace et leur démarche sensuelle, les femmes de Pina traversent la scène, les mollets galbés par les chaussures à talons dont elles ne se départissent jamais. Les femmes sont représentées dans leur diversité, aussi bien d'âge et de morphologie que de caractère : il y a la pressée, perpétuellement en retard, la séductrice qui dévoile sa poitrine, la bruyante qui part dans de grands éclats de rire sonores, la snob et la vulgaire. Et puis la figure fascinante et inclassable de , grande blonde sur qui le temps n'a pas de prise, à la fois femme fatale, dure, et énigmatique femme sans bras, en robe rouge sang, qui s'offre, splendide et triomphante, aux regards du public.

Les femmes s'envolent aussi, agrippées à des anneaux. Comme sur une balançoire, elles flottent dans la nuit, le sourire de la liberté sur le visage.

A l'issue des 3h30 de spectacle, sont imprimées dans la tête des images fortes, drôles ou terribles, des sons et des couleurs. Et par-dessus tout, reste l'impression que la vie était là, bouillonnante, superbe et absurde, sur la scène du Châtelet habitée par les 27 danseurs, de tous âges et de tous horizons, du .

Crédits photographiques: Photo n°1: © Bettina Strenske; Photo n°2: © Alastair Muir.

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Paris. Théâtre du Châtelet. 3-IX-2016. Viktor (1986). Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Décor : Peter Pabst. Costumes : Marion Cito. Collaboration musicale : Matthias Burkert. Dramaturgie : Raimund Hoghe. Musique : Tchaïkovsky, Buxtehude, Dvorak, Khatchatourian, musique de danse du Moyen Age, valses russes, musique de la « Nouvelle-Orléans », musique de danse des années 30 et musiques populaires de Lombardie, Toscane, Italie du Sud, Sardaigne, Bolivie enregistrées et collectionnées par Luigi Cinque. Avec les danseurs du Tanztheater Wuppertal.

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