Un récit atypique où la danse comme art majeur et thérapie permet l’individuation, à travers trois personnes meurtries, n’ayant rien à voir l’une avec l’autre et évoluant à des époques différentes sur des tempos divergents, dans des pays qui s’ignorent.
Le troisième roman de Vincent Jolit, chez le même éditeur, La Martinière, développe en trois temps, trois volets, trois personnages, trois lieux, un propos qui nous est cher : les vertus thérapeutiques de la danse ou comment la danse aide à se construire tout court ou envers et contre tout.
Fiodor est un petit garçon né à Saint Pétersbourg, dans un cirque, dont le père Ivan désapprouve la passion grandissante pour la danse. Nous sommes au début du XXe siècle et ce n’est pas une mince affaire pour Fiodor de découvrir qu’il a la danse dans le sang, le jour où un montreur d’ours échoue à faire danser la bête et qu’il se met à danser à sa place sans ne plus pouvoir s’arrêter faisant l’admiration étonnée de tous. Fiodor, sauvé par les Ballets russes qui l’enrôlent, contre le gré de son père, sous le regard aimant de sa mère, découvre aussi son homosexualité, esquissée lors d’une relation passagère avec un paysan déluré, puis confirmée à Paris….
En quinconce, c’est Franz, l’Allemand, qui refuse l’héritage paternaliste aux relents nazis de ses riches industriels de parents, dont l’hypocrisie bourgeoise le révulse. Il s’en extirpe par la danse contemporaine, qui tel un second souffle le fait renaître à une vie plus pure, où sa colère peut s’épancher et ses forces rejaillir à New-York, dans les années soixante, puis pour un ultime adieu dans la maison haïe de son enfance après la mort accidentelle de ses parents et le suicide de son frère…
Enfin c’est Françoise, la Française, qui boîte depuis son plus jeune âge et traîne une vie de misère, qui renaît grâce à son veuvage et à un atelier de danse contemporaine, à Toulon, au début de notre siècle…
Trois figures attachantes, trois prénoms commençant par « F », dont la cadence nous emporte en nous laissant quelque peu frustré, parce qu’il faut imaginer la suite et que ces trois personnages ne se retrouvent que dans un champ : celui de la danse comme grande sculptrice de l’être et aveu de soi. C’est déjà pas mal ! Mais cela mériterait d’être affiné.
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Un ours qui danse, de Vincent Jolit, éditions de La Martinière. 20 euros.
Éditions de La Martinière