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Tanz im August : Dance On Ensemble, 50 ans et tous ses sens

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Berlin. HAU1. 19-VIII-2016. TANZ IM AUGUST / DANCE ON ENSEMBLE : Those specks of dust, 7 Dialogues. Chorégraphie & composition : Kat Válastur, Matteo Fargion. Avec Ty Boomershine, Amancio Gonzalez, Brit Rodemund, Christopher Roman, Jone San Martin et Ami Shulman.

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La première semaine du festival de danse contemporaine , qui rythme la capitale allemande du 12 août au 4 septembre, a programmé en ouverture SUNNY d'Emanuel Gat. Une pièce énigmatique, mais narcissique et répétitive aussi, à la gestuelle technique et à l'émotion quasi inexistante. Certains critiques berlinois (du journal der Freitag) iront même jusqu'à qualifier la création de Gat d'« insignifiante et futile ». On n'est pas loin de penser la même chose… Également en temps fort (annoncé) cette semaine, le collectif belge Peeping Tom avec sa pièce 32 rue Vandenbranden qui accumule les effets scénographiques au détriment de l'essentiel : la danse (et non le cirque !).

Mais le 19 août, une première du était présentée… Rappelons que le collectif DIEHL+RITTER et , ex-directeur artistique associé de la Forsythe Company, ont lancé en 2015. Une compagnie qui s'attache à explorer l'excellence artistique des danseurs professionnels de plus de 40 ans…

le croit profondément. Selon lui, le a pour mission « de perpétuer le mouvement à un niveau plus intellectuel et plus corporel, de montrer combien cette expérience peut s'avérer incroyablement foisonnante et productive. » Les danseurs et danseuses plus âgés ont une capacité d'expression et une complexité d'émotion à laquelle les jeunes ne peuvent accéder : « Ils incarnent la joie de vivre et abordent l'existence d'une manière toute particulière. » Et puis, préfère parler d'expérience plutôt que de formation : « Tout le monde n'a pas nécessairement besoin de bases classiques mais, le plus important, c'est d'avoir à son actif un éventail de genres et de rencontres, et d'être ouverts à tous points de vue. » Voilà pourquoi le directeur de la compagnie a recruté des danseurs et danseuses aux personnalités diverses, ouvertes à travailler avec des artistes variés : , Amancio Gonzalez, , et .

danceonDorothea-Tuch2L'artiste grecque a ainsi été invitée à créer une œuvre pour la compagnie : Those specks of dust. Une rencontre artistique autour du corps, de sa perception, de son contrôle. Le danseur, telle une poussière, s'envole une fois sa performance terminée. Si son image reste ancrée dans les esprits, que reste-t-il de sa sensation ? La chorégraphe nous plonge dans une recherche chorégraphique en remettant constamment en question la nature du corps, de la danse et de l'espace dans « l' ici et maintenant ». Ce qui nous semble habituel ne l'est plus, la dynamique du corps dansant prend une toute autre dimension : « Whaouh, je me sens ! »

Les danseurs (ses) évoluent chacun dans leur coin, ils se dévoilent dans leur mètre carré d'espace, rapidement ou au ralenti, tels des robots désarticulés. Puis, les attitudes se figent. Un danseur est attiré par un autre, ils s'étonnent, s'émerveillent mutuellement. Électrisés par une quête d'introspection, les corps cherchent leur équilibre puis sautillent. Les pieds se grattent, les os craquent, les mains se délient.  Les danseurs se regroupent autour de la barre, l'élément focalisateur et apaisant qui finira par devenir secondaire en quittant son socle : une barre « volante », tout un symbole ! Mais cette exploration physique et mentale n'en demeure pas moins très personnelle et le spectateur s'ennuie vite à contempler une pièce égocentrée sur le danseur, aussi éclectique soit-il.

dance-on-Dorothea-Tuch_3En seconde partie de soirée était présenté 7 DIALOGUES dont la première a eu lieu lors du Holland Dance Festival de La Haye en janvier dernier. Le compositeur , en collaboration avec le metteur en scène libanais Rabih Mroué et la chorégraphe grecque , a voulu placer cette compagnie de doyens et doyennes au centre de toutes les attentions. Et le pari est plutôt réussi ! ouvre le bal en faisant des devinettes au public. La danseuse s'est frottée au metteur en scène anglais et directeur du célèbre ensemble Forced Entertainment, Tim Etchells, pour nous concocter ce dialogue poétique. Avec au piano, en mimant un tour de magie, elle laisse deviner un fil imaginaire… (en collaboration avec Lucy Suggate) et (guidée par Étienne Guilloteau) nous livrent des numéros plus techniques, non moins ironiques (surtout pour la charismatique ). Force est de constater que Jiří Kylián avait raison de rappeler que « l'être humain possède 206 os, 585 articulations et plus de 800 muscles ! » Ces danseuses hyper-expérimentées, à l'appareillage corporel extraordinaire, ne sont pas encore à mettre au placard…

Côté messieurs, Christopher Roman, assisté par l'artiste performer bulgare Ivo Dimchev, apparaît en slip et perruque platine pour ne cesser de parler de sa vie d'artiste déchu, en traversant la scène de menés. Un galbe de jambes et un cou-de-pied parfaits qui rappellent La Mort du cygne. C'est original, drôle et esthétique. Amancio Gonzalez, quant à lui, se présente au public en homme du futur, polyglotte, dans une combinaison noire moulante. Aux côtés de la star londonienne Hetain Patel, il a élaboré cette variation « stand up » où il se contorsionne délicieusement autour de son micro. Le solo de , signé Beth Gill, est plus fade que ceux de ses collègues.

L'initiative veut avant tout démontrer la valeur de l'âge à la fois dans la danse et dans la société en général, car les Européens vivent plus longtemps. Ce qui ne change pas cependant, c'est le point de vue sur les personnes âgées. C'est toutefois bien dommage car ces danseurs transpirent d'émotions et de sensations qu'ils traduisent en un théâtre dansé pertinent. Un langage éloquent qui, à sa manière, empoigne le spectateur.

Crédits photographiques :  © Dorothea Tuch ; Vidéo © DIEHL+RITTER

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