Les frères La Marca, fondateurs des Musicales de Pommiers
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Les frères La Marca sont revenus sur les traces de leur père pour fonder un festival musical à Pommiers-en Forez, un petit village du XIIe siècle, au sein d'un prieuré intimiste et magnifique. Ils invitent, depuis quatre ans, des amis musiciens, à leur image de jeunesse et de grande qualité artistique. ResMusica a rencontré Adrien, altiste, et Christian-Pierre, violoncelliste, dans le silence du cloître.
« Dans la famille, la musique était partout. »
ResMusica : Comment Adrien et Christian-Pierre La Marca sont-ils entrés dans la Musique ?
Christian-Pierre La Marca : Nous sommes d'une famille de musiciens, plutôt de mélomanes. Chez nous, il y a toujours eu beaucoup de musique. Nous avons reçu une éducation assez variée, très ouverte sur les arts, la science, la culture… On visitait beaucoup de musées. On écoutait tout style de musique. Et on faisait du sport ! Comme on avait un papa musicien (NDLR- professeur au Conservatoire de Saint-Étienne), on a eu une forme de discipline avec la musique. On nous a dit : « si vous voulez faire de la musique, si ça vous plaît, ce sera tous les jours ! ».
Adrien La Marca : Dans la famille, la musique était partout. Déjà, dans le ventre de ma mère, la musique était autour de moi ! Nos parents nous ont toujours donné le choix de ce que nous allions faire de notre vie. Mais ils nous ont mis en garde : c'est un métier très difficile, très prenant avec beaucoup de risques pour les parents de voir partir leurs enfants sur un chemin qui ferait peur à plus d'un… On a tous fait, à un moment ou à un autre, un vrai choix. On a pris cette route « à bras le corps », très tôt. On a demandé à continuer…
RM : Vous jouez entre frères. Est-ce plus ou moins difficile que de jouer avec d'autres musiciens ?
CPLM : C'est plus facile parce que l'on se connaît bien. Mais… ça dépend des jours ! Il y a une évidence dans le discours. On n'a pas besoin de se parler. Parfois, on se regarde… et on a compris ce que nous voulions. C'est un gain de temps.
RM : Quelle est la musique que vous aimez jouer ?
CPLM : J'aime la musique que je défends. La musique que j'écoute, c'est différent. Ce n'est pas forcément le même état d'esprit. Je vais aller plutôt vers de la pop, du jazz, beaucoup de musiques du monde. Pour la musique que nous jouons je n'ai pas de préférences. Je fonctionne plutôt par projet. Quand je décide de m'attarder sur un projet, j'y vais à 100 %. Je ne vis que par ça. Je rentre en immersion.
ALM : Pour bien jouer une musique, il faut se l'approprier. Et l'aimer, forcément. On choisit des musiques qui nous plaisent. Tout ce qu'on joue, nous plait et nous correspond.
RM : A propos des Musicales de Pommiers, pourquoi et comment êtes-vous venus à Pommiers, dans la Loire ?
CPLM : On est fondateurs des Musicales de Pommiers par la force des choses. L'idée, c'est notre père qui l'avait eue. Nous sommes nés, tous les deux, à Saint-Étienne. On a grandi à Aix-en-Provence, nos parents ayant décidé de migrer dans le Sud. C'est notre père qui avait repéré ce lieu. Il avait dit, au moment de sa retraite : « j'ai envie de créer un festival. Mes deux fistons étant dans la musique, j'ai envie de faire quelque chose autour de ça. Ce lieu est incroyable ». C'était une façon de revenir sur ses terres, sur nos terres de famille. Pour nous, ce n'était pas une prédestination. Nous n'avions pas cette vocation-là. On était plutôt dans nos études, dans nos débuts de carrière. Mais il nous a quitté subitement et, à sa mort, en deux mois, on s'est dit que c'était le plus bel hommage qu'on pouvait lui faire : se réunir en famille et rassembler les gens qu'on aimait autour de nous, tous les ans. Cela a commencé avec trois copains qui sont venus la première année. Et puis, cela s'est développé. Nous fêterons les 5 ans des Musicales de Pommiers, l'an prochain. Cette année, nous avons eu douze évènements sur deux week-ends avec un panel d'artistes assez incroyable : François-Frédéric Guy, Lise de La Salle, le trio Dali, Philippe Hersant…. C'est vrai que ce festival, c'est un peu notre bébé. C'est notre façon de partager la musique. C'est cela qui est le plus important.
RM : Comment composez-vous votre programme ?
ALM : On fait la majorité du programme ensemble. On couche sur le papier les œuvres que nous avons envie de faire cette année, les artistes qu'on aimerait inviter puis, après, en regard du budget, on enlève des noms d'œuvres, d'artistes. C'est extrêmement intéressant, pour nous, de passer du côté organisateur. Cela nous permet de voir pourquoi un festival existe et qu'est-ce qui va faire que, par exemple, telle et telle personnes vont fonctionner ensemble. C'est assez amusant de voir que cela se réalise. Pour nous, c'est un grand bonheur que cela fonctionne. L'an dernier, nous avions fait se rencontrer le compositeur Thierry Escaich et Yaron Herman, le pianiste de jazz. Ils avaient improvisé ensemble. Ils tournaient autour du piano ! C'était absolument magique. On ne savait pas à quoi s'attendre et ça a fonctionné comme jamais. Nous sentons les choses et, en général, on est assez d'accord sur les choix qu'on fait ensemble.
RM : Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
CPLM : On en a, bien sûr. Ils ne sont pas secrets mais ils sont en discussion. Pour le moment, en cette période estivale, on est dans les starting-blocks. De plus, on vient de sortir chacun un disque avec toute la promotion et les concerts qui vont avec. Tous les deux, on a plein d'envies, plein de rêves.
RM : Comment vivez-vous le contexte économique actuel ?
CPLM : Globalement, ça diminue… Pour ce qui concerne les Musicales de Pommiers, c'est un vrai défi. Trouver des sponsors… Certains s'en vont, d'autres arrivent… C'est toujours très très compliqué. Néanmoins, on espère qu'on aura des gens suffisamment présents pour nous soutenir longtemps. Le budget de la culture, en France, c'est 1%… Mais nous sommes… optimistes !