Les révélations classiques de l’ADAMI 2016 au Festival Pablo Casals
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Catllar (canton de Prades). Église Saint-André. 3-VIII-2016. Œuvres de : Camille Saint-Saëns, Heinz Holliger, Gaspar Cassadó, Alexandre Glazounov, Piotr Illich Tchaïkovski, Claude Debussy, Richard Wagner, Robert Schumann, Ambroise Thomas, Gaetano Donizetti, Jacques Offenbach, Vincenzo Bellini, Francesco Paolo Tosti, François-Adrien Boieldieu, Georges Bizet, Gioachino Rossini, Johann Strauss II
Avec : Philibert Perrine, hautbois ; Jérôme Boutillier, baryton ; Justine Metral, violoncelle ; Eva Zaïcik, mezzo-soprano ; Tanguy de Williencourt, piano ; Blaise Rantoanina, ténor ; Anna Göckel, violon ; Marie Perbost, soprano ; Emmanuel Normand, piano (accompagnement).
La petite église Saint-André de Catllar attire une foule depuis plus de dix ans, dans le cadre du Festival Pablo Casals, tant le premier concert de chaque promotion des Révélations classiques de l'ADAMI est devenu un rendez-vous annuel incontournable pour les mélomanes de la région.
Le concert commence par une surprise, le baryton Jérôme Boutillier, dont l'habit évoque l'époque romantique, chante un lied de Schubert tout en s'accompagnant au piano.
Puis, Philibert Perrine lance le bal, avec le 2e mouvement de la Sonate op. 166 de Saint-Saëns et la Sonate pour hautbois solo (2e mouvement) de Heinz Holliger. À son assurance technique s'ajoutent de beaux phrasés expressifs, les jeux étant parfaitement adaptés à chacune des deux pièces de caractères très différents. Avec Olivier Stankiewicz (révélation en 2013), peut-être assiste-t-on à la naissance d'une nouvelle école française de hautbois ?
Jérôme Boutillier revient sur scène pour chanter l'air de Hamlet « O vin dissipe la tristesse » (Hamlet d'Ambroise Thomas) et l'air d'Enrico « Cruda funesta smania » (Lucia di Lammermoor, de Donizetti). Excellent comédien, il assume complètement le rôle qu'il joue, faisant transparaître ses expériences et son goût pour la scène.
La violoncelliste Justine Metral, 20 ans, est déjà connue des amoureux de la musique de chambre, puisqu'elle fait partie du Trio Métral qu'elle forme avec ses deux frères. Résidente de la Chapelle musicale Reine Elisabeth depuis le mois de mars dernier, elle se perfectionne auprès de Gary Hoffman. Son sens du chant est particulièrement remarquable (Chant du ménestrel de Glazounov) et ses coups d'archet, très sûrs (Final de la Suite pour violoncelle seul de Cassadó).
Eva Zaïcick, bien que mezzo, a un timbre clair qui se confond, d'après les airs que nous avons entendus (air de Paulina « Da Vsopmuniela » de La Dame de Pique de Tchaïkovski et air de Niklausse « Vois sous l'archet frémissant » des Contes d'Hoffmann d'Offenbach) avec celui de soprano lyrique léger. Sa voix est fort agréable, mais elle n'a pas encore gagné le naturel dans son expression corporelle dont on attend une bonne évolution future.
La réputation du pianiste Tanguy de Williencourt se fait doucement, mais sûrement. Dans la Danse de Puck de Debussy, il apporte des nuances très subtiles de couleurs et de rythmes. Dans La mort d'Isolde de Wagner/Liszt, ce sont surtout la variété de couleurs, totalement différente de Debussy, qui attire notre attention. C'est un grand coloriste donc, qui possède de surcroît une théâtralité innée, en bref, un éventail d'expressions très large.
Le timbre solaire du ténor malgache Blaise Rantoanina va merveilleusement bien avec la langue italienne, dans l'air bel canto « A tanto duol », extrait de Bianca et Fernando de Bellini. Mais il peut naviguer aussi entre différents styles, entre la mélodie de Tosti L'alba separa delle luce l'ombra et l'air comique « Jeune beauté légère » d'un opéra rarement joué, Les voitures versées de Boieldieu (1820). Ses vocalises sont toutefois encore un peu floues, mais son interprétation suggère qu'il serait plus à l'aise dans une situation scénique, ce qui sera confirmé dans le final du concert.
Anna Göckel faisait partie du Trio Karénine, lorsque celui-ci a remporté en 2013 le prestigieux concours de l'ARD de Munich. Les deux pièces qu'elle présente, Introduction et rondo capriccioso de Saint-Saëns et « Intermezzo » de Schumann de la Sonate F-A-E (composée par Dietrich, Schumann et Brahms), sont révélatrices de son talent, virtuose plein de musicalité.
Enfin, la soprano Marie Perbost nous enchante avec l'air de Leïla « Comme autrefois » (Les Pêcheurs de perles de Bizet) et l'air de Sofia « Ah ! Voi condur volete » (Il Signor Bruschino de Rossini). Ses regards qui se promènent très naturellement au gré des expressions, ses gestes parfaitement en phase avec le chant, l'envolée dans les aigus extrêmement naturelle, et surtout, sa voix à la fois légère et puissante… C'est un véritable plaisir de l'entendre, tout simplement.
À la fin, toutes les révélations interprètent ensemble l'« Air de champagne » de la Chauve-Souris, avec du vrai champagne qui pétille !
Photos : de gauche à droite : Emmanuel Normand (accompagnateur), Tanguy de Williencourt, Marie Perbost, Jérôme Boutillier, Blaise Rantoanina, Eva Zaïcik, Anna Göckel, Philibert Perrine, Justine Metral. © Hugues Argence
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Catllar (canton de Prades). Église Saint-André. 3-VIII-2016. Œuvres de : Camille Saint-Saëns, Heinz Holliger, Gaspar Cassadó, Alexandre Glazounov, Piotr Illich Tchaïkovski, Claude Debussy, Richard Wagner, Robert Schumann, Ambroise Thomas, Gaetano Donizetti, Jacques Offenbach, Vincenzo Bellini, Francesco Paolo Tosti, François-Adrien Boieldieu, Georges Bizet, Gioachino Rossini, Johann Strauss II
Avec : Philibert Perrine, hautbois ; Jérôme Boutillier, baryton ; Justine Metral, violoncelle ; Eva Zaïcik, mezzo-soprano ; Tanguy de Williencourt, piano ; Blaise Rantoanina, ténor ; Anna Göckel, violon ; Marie Perbost, soprano ; Emmanuel Normand, piano (accompagnement).