Salia Sanou au cœur des migrants

Du désir d'horizons, la dernière pièce du chorégraphe burkinabé Salia Sanou évoque le sort des migrants dans les camps de réfugiés et leur ambition d'une autonomie retrouvée.

Peut-on faire de la danse avec des bons sentiments ? C'est la question que l'on se pose aux premiers instants de la nouvelle pièce de Salia Sanou, chorégraphe burkinabé engagé aux côtés de Seydou Boro dans le projet de La Termitière, à Ouagadougou. Avec sa compagnie, riche de personnalités diversifiées, il poursuit en Afrique et en Europe un parcours intense et généreux, démarré dans les années 1990 à Montpellier dans la compagnie de Mathilde Monnier.

Fort de son expérience de chorégraphe intervenant dans des camps de réfugiés au Burundi et au Burkina Faso, frappé par la violence et les conditions de vie indignes qui règnent dans ces camps, Salia Sanou a souhaité témoigner que l'espoir pouvait renaître, même dans les environnements les plus sordides. Pour appuyer son travail de recherche chorégraphique, il se repose ici sur le texte de Nancy Huston Limbes / Limbo, un hommage à Samuel Beckett, dont des extraits sont lus pendant le spectacle par une narratrice. Un texte universel qui l'a inspiré…

Du désir d'horizons peine au démarrage à dégager un sens, un chemin conducteur. Pourtant, au fil des scènes, il parvient à décoller et à emporter le spectateur. On retiendra cette forêt de lits de camps, dressés tels des menhirs, derrière lesquels les danseurs se cachent ou s'épient. On se souviendra aussi de cette sirtaki dansée avec joie, en hommage à l'accueil que la terre et le peuple grec font aux migrants qui accostent sur leurs côtes. On sourira surtout devant le ballet de cyclomoteurs électriques, symboles d'un mode de vivre ensemble et d'autonomie retrouvée pour ces migrants qui n'aspirent qu'à une vie normale.

Photos : © Stéphane Maisonneuve