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Nicolas Altstaedt, confirmation d’un immense talent

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : premier concerto pour violoncelle op. 107 ; Witold Lutoslawski (1913-1994) : Petite suite pour orchestre ; Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) : concerto pour violoncelle en ut mineur opus 43. Avec : Nicolas Altstaedt, violoncelle, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, direction : Michal Nesterowicz. 1 CD Channel classics. CCS 38116. Enregistré à la Jesus Christus Berlin en septembre 2015. Textes de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 71:50

 

Les Clefs d'or

Le jeune violoncelliste franco-allemand   nous livre des versions altières et essentielles du Concerto n° 1 de Chostakovitch et du Concerto de Mieczyslaw Weinberg : un disque à marquer d'une pierre blanche.

alstaedtWeinberg fut sans doute, des années durant, le secret le mieux gardé de l'URSS musicale. Juif polonais, il y avait trouvé refuge au début du second conflit mondial, à Minsk puis à Tachkent où il termina ses études et d'où il envoya, en attente d'une hypothétique reconnaissance, le manuscrit de sa première symphonie à . Une amitié profonde et une admiration sincère et réciproque unirent dès lors les deux compositeurs, non sans une certaine émulation et une influence mutuelle. Le Concerto pour violoncelle de Weinberg écrit en 1948 au plus fort des purges stalino-jdanoviennes, ( il fut seulement créé en 1958 par Mstislav Rostropovitch) servit sans doute par son plan global (quatre mouvements quasi enchaînés, large cadence du soliste avant le finale virtuose, principe cyclique de la thématique) de modèle au Concerto n° 1 op. 107 de Chostakovitch, de dix ans son cadet. Mais là où Weinberg donne dans la rhapsodique nostalgie d'un univers disparu par ses références au folklore slave et surtout à la musique klezmer, Chostakovitch préfère l'opposition pessimiste par de courts motifs, signatures de l'individualité du soliste à la collectivité tout à tour totalitaire, glaciale ou grinçante du grand orchestre.

Depuis quelques années, s'est fait la réputation d'un talent aussi généreux que protéiforme : son art embrasse l'ensemble du répertoire, de la période baroque ou préclassique (excellents concerti de Haydn chez Genuin) à la création la plus contemporaine, qu'elle soit due à Thomas Adès, Jörg Widmann, ou Matthias Pintscher. Au-delà des qualités sonores et musicales intrinsèques et superlatives, fait aussi preuve d'un incroyable sens du discours ; il retient ainsi le son dans la plus grande nuance tout au long de l'immense phrase inaugurale du concerto de Weinberg, ou par ailleurs bataille ferme contre l'orchestre entier durant les vingt-huit minutes du concerto de Chostakovitch. Une telle maîtrise force l'écoute grâce à une grande variété sonore et expressive : on perçoit la colère sourde et froide de la cadence du Chostakovitch ou les larmes amères à peine rentrées du Moderato de Weinberg, sans jamais tomber dans le pathétique ou le spectaculaire. Par des moyens opposés à Rostropovitch, le créateur des œuvres,  dont la gravure du Chostakovitch réalisée dans la foulée de la création à Philadelphie avec Eugene Ormandy en 1959 (Sony) nous semble inapprochable, il atteint l'essentiel de ces pages et se hisse au sommet de la discographie récente. Dans Chostakovitch le remake de Truls Mørk (Ondine), les versions de Sol Gabetta (Sony) ou de Gautier Capuçon (Erato) n'atteignent pas cette évidence naturelle dans la dramaturgie. Dans Weinberg, il surclasse sans peine le plus modeste Claes Gunnarson (Chandos) dans un CD valant surtout pour la révélation de la Symphonie n° 20 du compositeur.

Il serait injuste de ne pas y associer , déjà promis à une belle carrière de chef d'orchestre outre-Rhin, pour  le soin attentif apporté à l'accompagnement avec un des grands jours, mais certes plus germanique que russe de sonorités ! La Petite suite écrite dans la veine populaire par Lutosławski offerte en intermède entre les deux sombres concerti nous semble une oasis de fraîcheur salutaire, loin d'être superficielle.

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : premier concerto pour violoncelle op. 107 ; Witold Lutoslawski (1913-1994) : Petite suite pour orchestre ; Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) : concerto pour violoncelle en ut mineur opus 43. Avec : Nicolas Altstaedt, violoncelle, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, direction : Michal Nesterowicz. 1 CD Channel classics. CCS 38116. Enregistré à la Jesus Christus Berlin en septembre 2015. Textes de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 71:50

 
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