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Paris. Théâtre national de Chaillot. 18-V-2016. Thomas Lebrun : Avant toutes disparitions. Chorégraphie : Thomas Lebrun. Musiques : David Lang, Julia Wolfe, Michael Gordon, McKinney’s Cotton Pickers. Création musicale : Scanner. Lumières : Jean-Marc Serre. Costumes : Jeanne Guellaff. Scénographie : Thomas Lebrun. Son : Mélodie Souquet. Régie plateau : Xavier Carré. Avec Odile Azagury, Maxime Camo, Anthony Cazaux, Raphaël Cottin, Anne-Emmanuelle Deroo, Anne-Sophie Lancelin, Daniel Larrieu, Thomas Lebrun, Matthieu Patarozzi, Léa Scher, Yohann Têté, Julien-Henri Vu Van Dung.
À la tête du Centre chorégraphique national de Tours depuis 2012, Thomas Lebrun signe avec Avant toutes disparitions l'un de ses opus les plus aboutis, sans craindre d'assumer ses filiations artistiques.
Daniel Larrieu et Odile Azagury font partie de la distribution d'Avant toutes disparitions, un spectacle qui commence comme une pièce de Pina Bausch ou un film de Woody Allen. Un couple plus très jeune danse sur un air de jazz. Ils foulent un tapis de pelouse et plantent, à intervalles réguliers, des fleurs en motte. Ils sont élégants, lui en costume noir, elle en robe longue. C'est l'un des nombreux points communs de cette pièce avec l'œuvre de la chorégraphe allemande, de l'élégance des costumes à la frise à l'unisson de gestes interprétés avec sensibilité et précision par les danseurs.
Ce couple vieillissant – on le comprendra plus tard – se recueille dans un cimetière, au milieu des vivants et des morts. Cette idée magnifique – inviter deux anciens chorégraphes pour faire remonter les souvenirs – est merveilleusement tenue jusqu'à la fin du spectacle.
Les plus jeunes danseurs, en gilets boutonnés pour les garçons, robes et talons hauts pour les filles, ressuscitent avec lenteur, mais parfois aussi rage et émotion, des époques dorées et révolues. Au fil de subtiles évolutions des costumes, du déhanchement d'un twist ou de figures de rock, ils nous entraînent avec eux dans un furieux sabbat, presque une danse macabre. Rien de triste ni de morbide pourtant dans ce spectacle mélancolique et maîtrisé.
Le rectangle de pelouse contraint les déplacements. Sur cette surface végétale, on ne peut glisser, il faut donc y marcher à pas soulevés. Les sons y sont étouffés, les poids des corps n'y laissent pas de traces. Cette absence de sons issus de la danse ménage d'autant plus d'espace à la musique, qui alterne plages électroniques et chanson nostalgique.
Le spectacle s'achève par un quatuor intergénérationnel, réunissant Daniel Larrieu, Odile Azagury, Thomas Lebrun et Anne-Sophie Lancelin, qui se suffirait presque à lui-même. Il est comme un passage de relais entre deux générations, deux étonnantes figures masculines de la danse contemporaine. La filiation de Thomas Lebrun avec Daniel Larrieu, dont il fut jadis l'un des interprêtes, éclate dans toute la délicatesse des gestes, lointain écho au « baroque contemporain » de son prédécesseur au Centre chorégraphique national de Tours. Ces retrouvailles scéniques, en plus d'être émouvantes, sont belles. Elles tissent un fil entre les chorégraphes d'hier et ceux d'aujourd'hui, et tendent une perche à ceux de demain.
Photo : © Jean Couturier
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Paris. Théâtre national de Chaillot. 18-V-2016. Thomas Lebrun : Avant toutes disparitions. Chorégraphie : Thomas Lebrun. Musiques : David Lang, Julia Wolfe, Michael Gordon, McKinney’s Cotton Pickers. Création musicale : Scanner. Lumières : Jean-Marc Serre. Costumes : Jeanne Guellaff. Scénographie : Thomas Lebrun. Son : Mélodie Souquet. Régie plateau : Xavier Carré. Avec Odile Azagury, Maxime Camo, Anthony Cazaux, Raphaël Cottin, Anne-Emmanuelle Deroo, Anne-Sophie Lancelin, Daniel Larrieu, Thomas Lebrun, Matthieu Patarozzi, Léa Scher, Yohann Têté, Julien-Henri Vu Van Dung.