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Glenn Gould ou le piano de l’esprit. Jean Yves Clément. Editions Actes Sud/Classica. 171 p. 16 €. Avril 2016.
Après son ouvrage sur Alexandre Scriabine chez le même éditeur, Jean-Yves Clément aborde la question de Glenn Gould avec comme fil conducteur l'importance de la pensée, de la structure et de la cohérence musicale pour le pianiste justifiant l'expression « Glenn Gould ou le piano de l'esprit ».
Fidèle à la collection Actes Sud/Classica dans le fond, ne relevant en aucun cas d'un ouvrage musicologique, l'auteur propose malgré tout une sélection pertinente de points biographiques à mette en regard avec la singularité des interprétations de Glenn Gould et un panel d'enregistrements convaincants.
La clarté et l'importance de la structure musicale chère à Glenn Gould trouve un écho dans le premier chapitre intitulé « So you want to write a book » en référence à la fugue So you want to write a fugue écrite par Glenn Gould. En effet, c'est sous la forme d'une « ouverture à la canadienne en 12 variations » que l'auteur nous propose une synthèse sur le pianiste né à Toronto abordant à la fois les questions du son gouldien, de la réception de ses interprétations, ou encore de l'humour chez Glenn Gould, du transfert du mental au corps. Autrement dit, ce premier chapitre offre une synthèse pertinente à la fois sur le fond et la forme, intéressante à différents égards pour tous types de lecteurs, à la fois le profane mais aussi le spécialiste cherchant une présentation synthétique singulière.
L'ensemble des chapitres suivants propose une sélection plus ou moins judicieuse d'éléments biographiques si l'on considère ces derniers seulement dans l'intérêt d'une mise en regard avec les caractéristiques d'interprète de Glenn Gould. En effet, le deuxième chapitre nourrit indirectement une réflexion sur l'interprète en lui-même, cependant les éléments biographiques livrés ensuite ne servent pas forcément les prémices d'une réflexion sur l'interprétation chez Glenn Gould mais simplement une curiosité extra-musicale. Aborder la question de manière chronologique au fil des chapitres accuse la perte de substance de l'ouvrage au fil de la lecture. De ce fait, a contrario d'un premier chapitre introductif à la construction singulière, le reste de l'ouvrage bascule dans le réflexe structurel chronologique et laisse surgir, par le contenu de l'ouvrage, un potentiel d'une construction beaucoup plus intéressante et beaucoup plus médiatrice. Compte-tenu de la richesse des informations, de la documentation (malgré l'absence des sources précises que nous regrettons sincèrement pour chacune des citations), une construction thématique aurait permis au lecteur de bénéficier d'une vision plus synthétique en lui offrant directement les multiples personnages actifs chez le musicien. Cependant, l'auteur n'oublie pas de les mentionner et même de les développer. Nous noterons tout particulièrement les chapitres traitant de Gould réalisateur et compositeur, qui bénéficient d'un regard pertinent, sans oublier de mentionner la démarche très convaincante de l'auteur lorsqu'il propose à chaque fin de chapitre (hormis le premier) une sélection d'enregistrements à découvrir selon les propos développés.
Nous retiendrons principalement une introduction des plus intéressantes de par sa forme et la capacité de synthèse de l'auteur offrant ainsi dès le départ de nombreux éléments de réflexion, et un regard large sur l'œuvre de Glenn Gould en tant que compositeur, réalisateur et bien évidemment interprète. L'ouvrage s'adressant, comme le souhaite l'éditeur, au grand public, le lecteur en quête de sources précises et d'une étude sur l'interprétation devra cependant passer son chemin.
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Glenn Gould ou le piano de l’esprit. Jean Yves Clément. Editions Actes Sud/Classica. 171 p. 16 €. Avril 2016.
Actes Sud