Samuel Sighicelli : 12 études pour piano et sampler

Adepte d'une « musicalité étendue », allant du rock expérimental à l'orchestre symphonique, Samuel Sighicelli aime également se situer entre composition et improvisation. Ce n'est qu'après avoir enregistré ses douze études pour piano et sampler, réunies dans ce premier album monographique, qu'il envisage d'en fixer l'écriture.

Il n'y a donc pas de partition sur le piano partiellement préparé de Samuel Sighicelli mais un mini clavier de vingt-cinq touches posé à la place du pupitre, qui lui permet de déclencher des sons échantillonnés participant de l'univers sonore de ses études. Associée au jeu sur les touches et dans les cordes du piano, la source électroacoustique (des mini haut-parleurs sont placés à l'intérieur de la table) contribue à l'élaboration d'un méta-instrument – ce que le compositeur nomme son piano « bionique » – sur lequel l'interprète/performer peut sculpter sur le vif sa matière sonore.

Invoquons un lointain souvenir debussyste – la dernière étude Presque l'aube nous y autorise – dans ces douze microcosmes où Sighicelli poursuit l'aventure dans le sonore, relayé cette fois par la technologie. Chaque étude porte un titre et découvre un univers singulier : espace multidimensionnel et onirique de Carcasse dans la neige, avec ses sons « phonographiques »; dialogue du piano avec son ombre double dans Dernier regard et théâtre de sons dans l'étonnant Mains et souffles, une pièce acousmatique (à écouter uniquement sur haut-parleurs). La même virtuosité du geste et du micro-montage s'exerce dans Édifices et dans L'âge de faire avec ses jeux de fragmentation très abrupte. Suite de métamorphoses impromptues et de concrétions aussi fantasques que jouissives, ces pièces réservent également quelques plages plus contemplatives, comme la plus courte d'entre elles, Monolithe, superbe étude de résonance générant une constellation sonore diamantine.