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Munich. Herkulessaal. 8-IV-2016. Chœurs d’opéra de Wagner, Mozart, Schubert, Verdi, Nicolai, Weber, Rachmaninov… Chœur de la Radio Bavaroise (préparation : Peter Dijkstra) ; Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, direction : Mariss Jansons.
Anniversaire opératique pour un des meilleurs chœurs du monde, celui de la Radio Bavaroise.
1946 : dans la capitale bavaroise encore marquée par les terribles bombardements subis les années précédentes, la radio nationale de l'État libre de Bavière crée un chœur, avant même de se doter d'un orchestre trois ans plus tard. Comme partout en Allemagne, il s'agit de donner une assise culturelle d'avenir pour construire sur les ruines laissées par douze années d'infamie la nouvelle civilisation démocratique dont l'Allemagne et l'Europe avaient besoin. Soixante-dix ans plus tard, ce chœur est toujours là, et son anniversaire est l'occasion de rendre hommage à ce travail admirable que beaucoup de pays, et la France en tout premier lieu, ne peuvent qu'envier.
Depuis 2005, et jusqu'à la fin de cette saison, le directeur artistique du chœur est Peter Dijkstra, mais son directeur musical en titre est le même que celui de l'orchestre, Mariss Jansons. C'est naturellement lui qui dirige ce concert anniversaire, et il va sans dire que le choix d'un programme composé exclusivement d'airs d'opéra ne lui est pas étranger, lui qui aimerait tant diriger plus souvent des opéras. Il n'y aurait guère de sens de parcourir en détail chacun des dix-huit chœurs interprétés au cours de la soirée, séparés seulement par deux pièces orchestrales : ce vaste panorama qui court d'Idomeneo au Rake's Progress est dominé par Verdi et Wagner, mais on sent bien au cours de la soirée que Jansons dirige avec le même enthousiasme les nobles accents des pèlerins de Tannhäuser ou les douloureuses plaintes des damnés dans Francesca da Rimini de Rachmaninov que l'exubérance folklorique de la Fiancée vendue et du Freischütz. Le chœur est bien sûr la vedette, mais on ne se prive pas d'admirer aussi un accompagnement orchestral d'une finesse et d'une précision qu'on n'entend pas tous les soirs à l'opéra, surtout dans la routine du grand répertoire.
Ce chœur, justement, ne connaît pas cette routine : ce sont les grands oratorios ou le répertoire des chœurs romantiques qui sont son quotidien, sans compter d'importances incursions contemporaines, en compagnie de l'Orchestre de la Radio Bavaroise, dans sa propre série d'abonnement ou sur invitation de beaucoup d'autres orchestres et chefs, notamment à Lucerne. Un des défis principaux de ce concert était de chanter successivement en allemand, en tchèque, en russe, en italien, en français et en anglais : on pourra toujours faire la fine bouche sur tel accent en français, mais l'italien est étonnamment idiomatique pour un chœur qui ne chante pas très souvent dans cette langue, et la diction allemande, elle, est admirable, tout comme la capacité à passer d'un style de musique à un autre tout au long du concert. Ce que le public aime souvent avec les chœurs, c'est la puissance sonore pure, et le programme donne amplement l'occasion au chœur de montrer ses capacités en la matière, mais ce n'est pas là le plus précieux. Tantôt mixte, tantôt seulement masculin ou féminin, le chœur séduit surtout par sa capacité à varier constamment ses couleurs, son degré de transparence, avec une précision rythmique rarement atteinte. L'homogénéité de chaque pupitre, l'engagement de tous pour chaque détail, la disponibilité à chaque demande du chef, voilà ce qui caractérise l'un des tout meilleurs chœurs d'un pays où le chant choral a une importance primordiale. Dommage qu'il ait fallu une guerre mondiale pour qu'un tel bijou soit créé !
Crédits photographique : © Bayerischer Rundfunk
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Munich. Herkulessaal. 8-IV-2016. Chœurs d’opéra de Wagner, Mozart, Schubert, Verdi, Nicolai, Weber, Rachmaninov… Chœur de la Radio Bavaroise (préparation : Peter Dijkstra) ; Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, direction : Mariss Jansons.