L’envoûtant orchestre du XXIe siècle avec Mason Bates

Mason Bates vient nous démontrer à quel point sa conception de l'écriture orchestrale pouvait dresser des correspondances nouvelles guidant un fil conducteur régénéré. Que dire de son travail de créateur ?

Cet Américain de presque quarante ans mêle très habilement la musique symphonique et la musique électronique dans une acception contemporaine et dansée. Depuis ses premiers succès il associe des innovations dans son orchestration, parsemées d'éléments électroniques dont il joue lui-même avec talent. En très peu d'années ses œuvres comptent parmi les plus souvent jouées aux États-Unis. De ses collaborations avec les orchestres symphoniques de San Francisco et de Chicago, il explore, expérimente et affine ses relations créatrices avec le grand orchestre symphonique dont « il élargit la palette symphonique aux sons de l'ère numérique », comme l'indique justement le texte de présentation. Les bruits des glaciers,  ceux d'une sortie dans l'espace de la NASA et des dernières avancées dans le champ de la physique la plus récente, inspirent et enrichissent sa création.

La meilleure des opportunités d'entrer en contact fructueux avec la musique de Mason Bates nous est offerte par ce CD riche de trois des œuvres les plus indispensables de son catalogue. Chacune des trois pièces gravées fourmillent des originalités du jeune maître mais aussi de sa solide formation classique et de sa proximité et de son aisance avec la culture jazz et les rythmes venus de la techno. L'Orchestre symphonique de San Francisco (San Francisco Symphony) exhorté par le chef américain Michael Tilson Thomas (Mason Bates s'occupe des interventions électroniques) donne le meilleur de ses capacités en réussissant à faire adhérer sans douleur l'auditeur néophyte au monde musical de Bates. Alternative Energy, créé par Riccardo Mutti, date de 2011, mobilise un orchestre (celui de Chicago lors de la première mondiale), un ordinateur portable et plusieurs haut-parleurs placés autour de l'orchestre. Liquid Interface (Symphonie sur l'eau), commande du National Symphony Orchestra date de 2007. « Je considère Liquid Interface comme ma première symphonie. Je m'empare de l'idée de programme, dont on pourrait dire qu'elle naît avec la Neuvième de Beethoven », dit Bates. L'Orchestre de San Francisco passa commande de The B-Sides que le compositeur élabora en 2009.

Une plongée ravigotante au cœur d'une création contemporaine remarquable.