La 3e de Mahler par Jaap van Zweden et le Dallas Symphony Orchestra

Interprétation toute en force et en douceur. De toute évidence, Mahler sied à la phalange texane et à Jaap van Zweden, son chef hollandais.

Le Dallas Symphony Orchestra n'est pas, et de loin, le plus connu et le plus prestigieux des grands orchestres américains. Et pourtant, la phalange texane peut s'enorgueillir, tout au long de son histoire, de la direction artistique des chefs les plus remarqués : Antal Doráti de 1945 à 1949, Sir Georg Solti de 1961 à 1962, Eduoardo Mata de 1977 à 1993, de 2007 à aujourd'hui le chef d'orchestre hollandais Jaap van Zweden. L'orchestre, néanmoins, ne bénéficie pas de la réputation éclatante du New York Philharmonic ou du Boston Symphony Orchestra.

Peut-être sont-ce les accointances légendaires des grands chefs et orchestres néerlandais (Bernard Haitink, Willem Mengelberg, Edo de Waart, le Concertgebouw d'Amsterdam…) pour la musique de Mahler qui expliquent la pleine réussite de ce très bel album. L'auditeur familier des grandes versions de la troisième symphonie aura bien du mal à ne pas succomber à l'écoute de ces cors rutilants et de ces trombones vrombissants, qui à aucun moment ne détonnent dans un ensemble marqué autant par l'intensité quasiment électrique de la lecture que la subtilité des détails et la construction savante des grands mouvements qui composent cette œuvre atypique entre toutes. Les lignes caressantes des mouvements lents, notamment au début du finale, figurent parmi les moments les plus ensorcelants d'une lecture qui devrait, normalement, faire date. À la qualité exceptionnelle des pupitres orchestraux on pourra rajouter la présence d'un chœur investi et compétent, qu'il s'agisse du chœur de femmes ou de la maîtrise d'enfants, ainsi que la prestation pleine de chaleur et de dignité de la mezzo Kelley O'Connor.

Admirateurs de Mahler, précipitez-vous sur cette nouvelle version de la Troisième symphonie. Le choc risque d'être de taille.