Boris Charmatz tel qu’en lui-même

En reprenant, avec Frank Willens, le solo culte de Tino Sehgal créé en 2000 à la Ménagerie de Verre, Boris Charmatz est un Mus(é)e de la danse à lui tout seul !

Pas besoin de compagnie, de cimaises, de costume, de décor, de musique, ni même de théâtre, le chorégraphe et danseur Boris Charmatz, interprète du solo (Sans titre) de Tino Sehgal en miroir avec Frank Willens est un Musée de la danse à lui tout seul !

Impressionnant, le solo revisite l'histoire de la danse au XXe siècle, de Nijinski à Balanchine. Il fait ainsi subtilement écho au projet de Boris Charmatz, actuel directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne de transformer cette institution en un Musée de la danse.

Nu sur le parquet de l'un des studios de la Ménagerie, son corps se marque progressivement de rouge, marbrant les mains, les fesses, les coudes, les épaules avant que la sueur ne commence à perler le long de son dos. Danseur émérite et artiste conceptuel, sa physicalité et sa technique le rendent aptes aux rôles féminins et masculins, au classique comme au contemporain, si tant est qu'il y ait dans cette relecture une différence. Depuis A bras le corps, premier duo écrit et dansé avec Dimitri Chamblas, Boris Charmatz fait de ce corps à nu, à la fois brut et incroyablement raffiné, la matière première de son inspiration. Empoigné, perché, essoré, affamé, retourné (discret hommage à Jérôme Bel), et enfin jaillissant (discret hommage à Duchamp), son corps est là encore dans tous ses états.

Photo : © Sandro Zanziger