Quatre trios rares, précieux et captivants par le Trio Wiek

Toutes les œuvres pour flûte, violoncelle et piano de cette réalisation notable datent de la deuxième moitié du XX^e siècle. Elles sont l'occasion très intéressante d'apprécier la diversité de tons de cette fructueuse époque.

Le Trio Wiek constitué d'excellents instrumentistes allemands confirme la qualité de ses interprétations. On peut les remercier d'assurer avec leur fougue et leur engagement une lecture qui devra, pour beaucoup, permettre de porter un regard et une oreille autrement accueillants vis-à-vis de ces répertoires encore très largement occultés voire dénigrés sans modération. Hormis le Trio H300 de Bohuslav Martinů composé en 1950 et marqué par le sympathique et entraînant bavardage de ce créateur prolixe, les autres ne se sont guère installés dans une incontestable renommée. On évoquera bien sûr la Finlandaise Kaija Saariaho, depuis longtemps parisienne, dont l'œuvre, une des plus présentes partout ailleurs sur la planète, mériterait une beaucoup plus ample proximité avec notre écoute. Sa participation se concrétise avec Cendres de 1998 et convient pour une première approche de son univers sonore.

Deux américains complètent ce programme. Ned Rorem, élève de Copland, vécut plusieurs années à Paris où il fréquenta Cocteau et Poulenc. De retour aux États-Unis, il connaîtra le succès avec ses chansons. Son Trio (1960) nous invite à satisfaire notre curiosité et pourquoi pas à en découvrir davantage. Contemporain de son compatriote, George Crumb, formé à la Hochschule de Berlin et marqué d'abord par Webern, utilisa plus tard des sonorités inédites et des techniques personnelles pour ses œuvres. Son trio nommé Vox Balenae (1971) en fournit la démonstration avec flûte et violoncelle électriques et piano amplifié. Voilà incontestablement un chef-d'œuvre à découvrir et réécouter ad libitum. Sortir des sentiers trop balisés devient possible et aisé avec le Trio Wiek.