Raphaël Sévère et le Quatuor Pražák magnifient Hindemith
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Johannes Brahms (1833-1897): quintette pour clarinette et cordes en si mineur opus 115 – Paul Hindemith (1895-1963): quintette pour clarinette et cordes (1923- révision 1954). Raphaël Sévère, clarinette , quatuor Pražák – 1CD Mirare Mir 282- 58 minutes- enregistré en l’église évangélique tchécoslovaque de Prague en février et mai 2015 – textes de présentation en français, anglais et allemand.
MirareLe couplage des Quintettes pour clarinette et cordes de Brahms (1891) et de Hindemith (1923, révision 1955), permet d'associer d'une part la sublime méditation automnale d'un maître du romantisme finissant, et d'autre la verve et l'esprit de divertissement du jeune trublion de l'avant-garde allemande après le cataclysme de la Grande guerre.
Un rapide coup d'œil sur la photo de couverture nous montre le jeune Raphaël Sévère, 21 ans à peine, mais déjà lauréat de plusieurs concours internationaux et promis à une belle carrière, en léger décalage proéminent, entouré des membres du Quatuor Pražák. Et c'est un peu la même impression qui caractérise cet enregistrement du Quintette Op. 115 de Brahms. Par la faute d'une prise de son un peu biaisée, la clarinette devient ici plus soliste que partenaire, et l'on a parfois l'impression d'un « concerto » de chambre, là où l'intégration de l'instrument à vent dans l'entrelacs des cordes devrait primer. La sonorité un peu pointue, claire, un peu verte « française » de Raphaël Sévère rompt aussi plus d'une fois l'atmosphère de demi-teintes voulues par les quatre archets aux allures plus sombres et feutrées, mais un peu décevantes, venant d'un des meilleurs quatuor en exercice, avec un vibrato un tantinet envahissant surtout aux deux violons, ou quelques prosaïsmes dans le phrasé (la première variation du final où le violoncelle de Michal Kaňka s'avère bien littéral). Le travail de « chambre » aurait donc pu être aussi un peu plus poussé entre partenaires pour mieux encore aiguiser les répliques, coordonner les unissons, ou affuter la conception d'ensemble, entre un ensemble prestigieux au parcours déjà long et un talent certain mais encore juvénile.
Cette lecture, malgré une meilleure connivence dans le mouvement lent doit s'incliner devant les réalisations récentes plus creusées comme celle de Martin Fröst et les invités de Janine Jansen (Bis) ou de Sharon Kam avec le Jerusalem Quartett (HM) , voire …la précédente version du Quatuor Pražák avec Pascal Moraguès (Praga), sans parler des références historiques : entre autres Reginald Kell / Quatuor Busch (Warner); Alfred Boskovsky/ membres de l'Octuor philharmonique de Vienne; Karl Leister /Quatuor Amadeus…
Le quintette d'Hindemith, bien mieux enregistré, est lui beaucoup mieux venu par son acidité, la connivence des interprètes, la verve des tempi, le caractère incisif des phrasés ; tout est ici idéal : la vivacité des mouvements extrêmes (le dernier mouvement est une rigoureuse rétrogradation du premier), les effets d'accumulation un peu angoissants des mouvements lents pairs ou le feu d'artifice du ländler rapide central, où la petite clarinette en mi bémol de Raphaël Sévère vient parfaitement diamanter la goguenardise d'un Quatuor Pražák retrouvé. Seule peut-être la version du Spectrum Ensemble (Naxos) va-t-elle encore plus loin dans le surlignage expressionniste de cette belle et méconnue partition (du moins en France).
En conclusion : contre toute attente, donc un disque à ranger plutôt à Hindemith et en ce qui concerne le quintette de Brahms, en demi-teintes, une discographie pléthorique qui reste inchangée.
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Johannes Brahms (1833-1897): quintette pour clarinette et cordes en si mineur opus 115 – Paul Hindemith (1895-1963): quintette pour clarinette et cordes (1923- révision 1954). Raphaël Sévère, clarinette , quatuor Pražák – 1CD Mirare Mir 282- 58 minutes- enregistré en l’église évangélique tchécoslovaque de Prague en février et mai 2015 – textes de présentation en français, anglais et allemand.
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