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Paris. Salle Gaveau. 11-I-2016. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour piano n° 5 en ut mineur op. 10 n° 1 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate pour piano n°1 en ut majeur op. 1 ; Béla Bartók (1881-1945) : Trois burlesques op. 8c Sz.47 ; Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Sonate pour piano n° 7 op. 83. Lukas Geniušas, piano.
Né à Moscou en 1990, le jeune pianiste russo-lituanien Lukas Geniušas a remporté cet été le deuxième prix du concours Tchaïkovski. Son premier grand récital parisien a permis de mesurer l'étendue de ses possibilités musicales et techniques.
Lukas Geniušas avait composé un programme original, en forme peut-être d'autoportrait en jeune pianiste, un programme révélateur des différentes facettes de sa personnalité. Il a surtout permis de dégager dès les premières notes un trait particulier de son art : il prend l'auditeur par la main au début de la pièce et ne le lâche plus. Curieusement le terme à la mode de storytelling s'est imposé en l'écoutant. Avec lui la musique parle, elle raconte une histoire, elle dit quelque chose. Rien d'anecdotique bien sûr, mais elle s'anime en un ensemble vivant et quasi narratif. La construction de chaque pièce est évidente, tenue de bout en bout, les enchaînements se font avec une vraie nécessité et en même temps un parfait naturel.
Dans la cinquième sonate de Ludwig van Beethoven, l'approche est très sobre et claire, avec un recours minimal à la pédale. La sonorité est ronde et chaleureuse sauf peut-être pour les forte dans l'aigu, où elle est un peu plus dure. Le choix de la première sonate de Johannes Brahms, moins jouée que la deuxième et surtout la troisième, atteste de l'originalité du pianiste. Sonate difficile, parfois âpre, en quatre mouvements. Le mouvement lent montre la capacité de Lukas Geniušas à créer une atmosphère, un climat, ici ceux du Lied (il est construit sous forme de thème et variations à partir du chant populaire allemand Verstohlen geht der Mond auf, Furtive la lune se lève). On songe à un voyage d'hiver. La capacité à contraster du pianiste est aussi manifeste dans le troisième mouvement, scherzo endiablé et trio rêveur. Et le finale montre l'étendue de ses moyens techniques. Partout un très beau dosage des pédales avec un vrai jeu, parfois étonnant, des jambes. Les Trois Burlesques de Béla Bartók sont parfaitement caractérisées, avec tous leurs changements de ton et d'humeur. Une toute petite réserve peut-être pour la sonate n° 7 de Sergueï Prokofiev, époustouflante de brio et d'engagement, notamment dans la toccata du precipitato final, mais un peu monolithique.
On peut augurer qu'il se passera très peu de temps avant que le nom de Lukas Geniušas s'inscrive haut, voire très haut, dans le monde des pianistes.
Crédits photographiques : Lukas Geniušas © Anton Vanke
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Paris. Salle Gaveau. 11-I-2016. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour piano n° 5 en ut mineur op. 10 n° 1 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate pour piano n°1 en ut majeur op. 1 ; Béla Bartók (1881-1945) : Trois burlesques op. 8c Sz.47 ; Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Sonate pour piano n° 7 op. 83. Lukas Geniušas, piano.
Et il a eu, en 2010, 2e prix au Concours Chopin de Varsovie. Je me rappelle ses etudes… un tour de force pianisique. Sa grand-mere est une pianiste tres connue, Vera Gornostayeva.