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30 CD Deutsche Grammophon; édition complète. Interprètes : Claudio Abbado, Leonard Bernstein, Pierre Boulez, Robert Craft, Riccardo Chailly, John Eliot Gardiner, Oliver Knussen, James Levine, Mikhail Pletnev, Kent Nagano… Teresa Berganza, Masha Maisky, Anne-Sophie Mutter, Maurizio Pollini, Bryn Terfel, Martha Argerich, Daniel Barenboim… 00289 479 4650 Edition Stravinsky 2015. Texte allemand, français, anglais.

 

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Luxueuse, incontournable et d'un repérage aisé, avec ses sept couleurs sériant les différentes rubriques (six pour chaque genre d'œuvres classées chronologiquement, et une septième pour les enregistrements historiques), cette intégrale Stravinsky vise les sommets.

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Elle est l'aboutissement d'un projet de longue haleine de la part du prestigieux label allemand Deutsche Gramophon (DG). On y trouve en effet des enregistrements déjà anciens du fond Stravinsky de DG, tel le désormais mythique Pulcinella de Claudio Abbado avec Teresa Berganza ou encore Les Noces d'une extraordinaire vitalité de Léonard Bernstein. Martha Argerich et Krystian Zimerman sont au piano au côté de Cyprien Katsaris et Homero Francesch. Le chœur et le quatuor vocal ne déméritent pas dans une version qui hisse au plus haut le chef d'œuvre du compositeur achevé en 1923.

L'arrivée chez DG, dans les années 90, de personnalités comme Pierre Boulez, Oliver Knussen et Mikhail Pletnev, ayant toutes un contrat d'exclusivité avec la maison de disques, a considérablement enrichi le fond Stravinsky et donné l'impulsion d'une intégrale de ses œuvres.

Pierre Boulez y figure en tête (CD 1 à 3) avec les trois ballets commandés à par Serge Diaghilev dès 1909. Boulez est avec l'Orchestre de Chicago dans L'Oiseau de feu et avec celui de Cleveland, l'une des phalanges les plus somptueuses au regard des vents, dans Petrouchka et Le Sacre du printemps, une partition dont il a pénétré toutes les arcanes et qu'il dirige avec une clarté analytique incomparable. On peut d'ailleurs la mettre en perspective avec une version historique (CD 29) et néanmoins précieuse de 1957, conduite par Pierre Monteux, créateur du Sacre au Théâtre des Champs-Élysées en mai 1913. Sur le même disque, Ernest Ansermet, l'ami de Stravinsky rencontré sur les bords du lac Léman, dirige Petrouchka en 1958, avec l'orchestre de la Suisse Romande.

On relève également la présence bénie de John Eliot Gardiner dans les deux ouvrages d'envergure que sont La Symphonie de psaumes et The rake's progress, le seul ouvrage lyrique de grand format que Stravinsky écrit dans sa période américaine. Gardiner y peaufine la langue anglaise et confère finesse et élégance à un ouvrage conçu dans le moule de l'opéras « à numéros » du XVIIIe siècle qui rejoint le mythe de Faust. Sur le même sujet, L'Histoire du Soldat figure dans l'interprétation des solistes de l'Orchestre de Boston, en formation non dirigée. La version historique très célèbre, avec Jean Cocteau (le Narrateur), Peter Ustinov (le Diable) et Anne Tonietti (la Princesse), sous la direction d'Igor Markevitch conserve tout son charme (CD 28). Attachant, sinon très audible, le concerto pour violon enenregistré en 1935 est à l'écoute dans cette même rubrique historique, sous la baguette de Stravinsky lui-même ; en soliste, le partenaire et ami Samuel Dushkin, celui qui fit aimer le violon à Stravinsky. Ce même concerto figure également dans la version somptueuse et irréprochable qu'en donne Anne-Sophie Mutter en 1988, sous la direction de Paul Sacher.

On retrouve Pierre Boulez, avec l'Ensemble Intercontemporain cette fois, dans les bijoux que sont les Poésies de la lyrique japonaise (Phyllis Bryn-Julson, soprano), Quatre chants paysans, Pribaoutki (John Shirley-Quirk, baryton), les Berceuses du chat (Anne Murray, mezzo-soprano). Avec son ensemble toujours, Boulez grave les quelques œuvres néoclassiques de Stravinsky qui trouvent grâce à ses yeux, comme le concerto en mib Dumbarton Oaks, 4 études pour orchestre ou Ebony Concerto. C'est avec les Berliner Philharmoniker par contre qu'il dirige Les Symphonies d'instruments à vent, l'œuvre hommage à Debussy, écrite en 1920, que Boulez affectionne tout particulièrement et dont il a fait son miel.

Les dernières œuvres, chorales et religieuses, qui font appel à la technique sérielle, sollicitent les baguettes de Robert Craft (Threni), (Canticum sacrum) ou encore Oliver Knussen (Requiem Canticles) à la tête de phalanges orchestrales et vocales britanniques (LSO, London Sinfonietta, The Philharmonia…) toutes remarquables.

Il faudrait encore citer bon nombre de chefs et de solistes prestigieux (Ricardo Chailly, Reinbert de Leeuw, Katia et Marielle Labèque, les frères Kontarsky, Maurizio Pollini…) contribuant à la hauteur de cette intégrale. En bonus, Martha Argerich, déjà citée, joue la version pour deux pianos du Sacre du printemps avec Daniel Barenboim : une expérience d'écoute unique assurément !

Au pack des 30 CD s'adjoint un livret très soigné, renseignant avec beaucoup de précisions le contenu de chaque disque. Il inclut un index des œuvres et une biographie détaillée du compositeur. Le musicologue américain Richard Taruskin retrace, quant à lui, la carrière phénoménale d' – « le dernier de son espèce » – avec beaucoup de verve et des révélations sur la période américaine, moins connue, du compositeur. Une série de photos très touchantes voire saisissantes, tel l'enterrement de Stravinsky à Venise, jalonnent ce livret impeccablement rédigé.

On l'aura compris, le coffret Stravinsky 2015 marquera son époque, consacrant la musique d'un des plus grands génies, « avec tout le confort moderne » aurait ajouté Debussy.

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