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Du plaisir de revoir Rain d’Anne Teresa De Keersmaeker

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Chorégraphie: Anne Teresa de Keersmaeker. Musique: Music for Eighteen Musicians, Steve Reich. Ensemble Ictus, sous la direction de Georges-Elie Octors. Ballet de l’Opéra National de Paris. Avec: Valentine Colasante, Muriel Zusperreguy, Christelle Granier, Sae Eun Park, Léonore Baulac, Amélie Lamoureux, Laura Bachman, Vincent Chaillet, Nicolas Paul, Daniel Stokes. Costumes: Dries Van Noten. Enregistré en octobre 2014 au Palais Garnier. DVD Bel Air classique. Durée: 74 minutes.

 

Les Clefs d'or

Ballet à nul autre pareil, Rain (donné à Garnier en 2011) a propulsé au rang des grandes chorégraphes contemporaines et révèle une nouvelle facette des danseurs de l'Opéra de Paris.  a le vent en poupe à Paris, avec à l'affiche son spectacle Bartók/Beethoven/Schönberg, tandis que son chef-d'œuvre sort en DVD.

rain

Quel est le sujet de Rain ? Malgré le caractère apparemment évident du titre, rien n'est évident chez De Keersmaeker. Certes, les fines cordes blanches qui encerclent la scène d'un rideau mouvant évoquent les raies d'une pluie battante. Mais le titre fait, en réalité, référence à un roman de l'écrivaine néo-zélandaise, Kirsty Gunn, qui traite de la fuite de la vie. Une jeune femme tente de ramener à la vie son petit frère qui s'est noyé dans un lac. Un thème sombre pour un ballet lumineux, solaire et réjouissant. Rain évoque aussi une danse rituelle, animée par les vagues de Music for Eighteen Musicians, la composition répétitive et hypnotique de . Peut-être aussi n'est-il tout simplement question que de la joie que procurent la danse et la musique, joie qui illumine les visages des danseurs et se communique aux spectateurs.

Les danseurs de l'Opéra s'approprient avec bonheur la pièce jusqu'alors patrimoine exclusif de la compagnie Rosas.

Rain a été créé en 2001 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles et est entré au répertoire de l'Opéra national de Paris en 2011, à l'initiative de Brigitte Lefèvre. Quel bonheur de voir les danseurs de l'Opéra s'approprier la technique si particulière d' avec un plaisir évident! Dans ce que l'on pourrait appeler de manière oxymorique un ensemble de solistes, chacun peut y faire ressortir sa personnalité: l'élégance fière de , la sensibilité de , l'audace de , la fraîcheur de , la sensualité de . Le groupe fonctionne à merveille, la complicité entre les danseurs est visible, les corps se mêlent, se croisent, les duos se forment et se séparent en un instant.

La musique envoûtante de , merveilleusement jouée et chantée par l', emporte les danseurs dans son flot continu. La pièce est exigeante, une véritable épreuve physique: pendant 1h10, les danseurs ne quittent la scène que de très brefs instants pour changer subrepticement de costumes. Il faut dominer ce rythme effréné, ce tourbillon musical qui les entraine, bondissant dans l'espace structuré par les lignes tracées au sol. Si la rapidité des enchaînements peut donner une impression de désordre sur scène, en réalité les placements sont étudiés avec une rigueur mathématique par Anne Teresa de Keersmaeker.

Rain fait partie de ces œuvres rares que l'on peut voir et revoir, sans se lasser.

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Chorégraphie: Anne Teresa de Keersmaeker. Musique: Music for Eighteen Musicians, Steve Reich. Ensemble Ictus, sous la direction de Georges-Elie Octors. Ballet de l’Opéra National de Paris. Avec: Valentine Colasante, Muriel Zusperreguy, Christelle Granier, Sae Eun Park, Léonore Baulac, Amélie Lamoureux, Laura Bachman, Vincent Chaillet, Nicolas Paul, Daniel Stokes. Costumes: Dries Van Noten. Enregistré en octobre 2014 au Palais Garnier. DVD Bel Air classique. Durée: 74 minutes.

 
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6 commentaires sur “Du plaisir de revoir Rain d’Anne Teresa De Keersmaeker”

  • Ollivier dit :

    Dommage que ce soit si mal filmé ! sauts coupés, plans de danseurs en buste, gros plans de visages, mouvements cassés, la réalisatrice n’a visiblement rien compris. Un vrai massacre et un réel gâchis !

    • Simoneau dit :

      Pas d’accord avec Ollivier ! J’étais dans la salle et c’est très bien filmé ! Bravo!

      • Ollivier dit :

        Merci d’argumenter sur:
        -les sauts coupés (on en voit le début mais pas la réception)
        -les plans en buste (ou les gros plans de visages où s’attardent les caméras): qu’en est-il des bras et des jambes ?

        • Simoneau dit :

          Dans un film, on peut sentir ce qu’est un saut sans en voir la réception, et des bras et des jambes en ne voyant qu’un buste. Cela s’appelle l’art du découpage et du montage. Sinon, une caméra de surveillance en plan général ferait l’affaire. Libre à vous de la préférer.

          • Ollivier dit :

            1) Sentir ou voir… Quand je regarde un DVD ce n’est pas pour sentir.
            Je vous laisse cette distinction. Quant à sentir les mouvements des bras et des jambes en ne voyant que buste… « Libre à vous » de ne voir que les mains de la Joconde et de « sentir » son sourire.
            2) Dans la salle, vous êtes bien dans la situation de la caméra fixe. Le fait de filmer permet à un plus grand nombre de personnes de voir le spectacle (et non de le sentir) et aussi de mieux le voir: en plan rapprochés, mais sans rien ôter. La mission du réalisateur est donc de s’effacer au profit du spectacle et des danseurs, de rendre compte, pas de jouer du découpage et du montage pour se mettre en valeur.
            Certains le réalisent très bien et se font oublier: qu’ils en soient remercié !

          • Simoneau dit :

            Trois mots : « 1) votre exemple pictural montre que quelque chose vous échappe concernant le cinéma qui est un art qui a à faire au temps, qui use d’ellipses, de ruptures, de gros plans et de plans larges ; la joconde, elle, ne se déploie pas sous le regard dans le temps mais seulement dans l’espace ; votre comparaison ne peut donc rien prouver. 2) la mission d’un cinéaste n’est pas de s’effacer mais de montrer ce qu’il voit (si cela ne correspond pas à ce que aimez, c’est dommage mais c’est comme ça) ; la mission dont vous parlez est celle d’un simple technicien qui enregistre platement le spectacle : c’est souvent à bailler d’ennui (car l’impression devant un dvd n’a rien à voir avec ce que l’on ressent dans la salle, le copié-collé spectateur/caméra fixe, frontale, est une illusion car un spectacle n’est pas pensé pour être filmé mais pour être vu depuis la salle), au mieux cela vaut comme document ; avec Rain, il y a visiblement la volonté de faire plus qu’une captation technique, et c’est tant mieux : le film vient s’ajouter à ce que j’ai vu dans la salle, il enrichit donc mon regard. 3) Comme c’est la même réalisatrice qui a filmé le dernier spectacle d’Anne de Teresa de K. à l’Opéra, cela ne peut que signifier, connaissant et le caractère et l’exigence de cette chorégraphe, qu’elle était satisfaite de la réalisation de Rain, et qu’elle a jugé que sa danse n’était pas « massacrée », comme vous dites. N’oublions pas que c’est une chorégraphe qui a un rapport fort au cinéma (comme en témoigne les films qu’elle a pu faire avec Thierry de Mey) ; et il y a fort à parier qu’elle a dû se mêler d’une façon ou d’une autre de cette réalisation (afin qu’elle dépasse une simple captation, justement).

            Sur ce, je pense que nous pouvons cesser ce « dialogue », nous ne nous convaincrons pas, et invitons plutôt les lecteurs à se faire une idée par eux-mêmes en regardant ce DVD. Bonsoir Ollivier.

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