Le minimalisme éclairé de Lucinda Childs dans Available Light

Pour le Festival d'Automne à Paris, Lucinda Childs reprend Available Light, une pièce de 1985, conçue avec Frank Gehry et John Adams.

Alors qu'il n'était pas encore l'architecte acclamé de la fondation Louis Vuitton ou du Guggenheim Bilbao, Frank Gehry a imaginé ce système de double plateau pour une création musicale de John Adams sur une chorégraphie de Lucinda Child. Comme dans Dance, où les plateaux se superposent par le truchement du film de Sol LeWitt, la chorégraphe joue sur la juxtaposition de deux espaces de représentation.

La musique nostalgique de John Adams est aussi épurée que l'est la danse minimaliste et répétitive de Lucinda Child. C'est une chorégraphie diabolique à mémoriser car les points de repères musicaux de la partition sont ténus alors que l'ensemble reste très technique.

Dans un unisson parfait à 2, 3, 4 ou tutti, les figures s'enchaînent et se répètent sur une ligne diagonale. Le vocabulaire, inspiré du classique, est simple : pas chassé, sauts, arabesques, tours, déboulés, ports de bras, sauts de chat. Comme sur un échiquier, les danseurs vêtus de rouge, de noir ou de blanc ne se rencontrent jamais, restant chacun sur leur ligne de perspective. Parfois, ils passent du plateau inférieur au plateau supérieur, dont la capacité est limité à trois personnes.

Les lumières, peu flatteuses quand elles sont pleins feux pour les corps parfois alourdis de ces danseuses américaines, se teintent alternativement de rouge, de bleu ou de blanc. Il faut dire que les costumes, très laids, ne sont pas seyants ! Bien qu'hétérogènes, les interprètes sont de haut niveau et nous permettent de découvrir ou de redécouvrir avec plaisir cette pièce du répertoire minimaliste américain.

Crédit photographique : © Craig T. Mathew