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Festival international de musique ancienne de Lanvellec et du Trégor.
Les princes ont invité les musiciens au Festival de Lanvellec et du Trégor en Côtes d'Armor.
Durant trois week-ends bien remplis en ce mois d'octobre, le Festival de Lanvellec et du Trégor a mis en scène de manière judicieuse et efficace des rencontres musicales de premier choix en des lieux privilégiés choisis parmi les trésors de son patrimoine architectural.
Un festival de musique reste avant tout une formidable aventure humaine qui trouve sa réussite lorsque l'on arrive à réunir des artistes de premier plan, invités dans des lieux de concert exceptionnels et encadrés par une équipe de passionnés en musique et rompus aux arcanes de la logistique. Pour sa 29e édition, la thématique choisie était « l'invité(e) des princes ».
À partir d'un voyage dans diverses cours européennes de l'âge baroque, tout au long de neuf concerts regroupant des musiciens reconnus dans le monde entier, ce festival propose des œuvres de Vivaldi à Zelenka en passant par Dowland ou Delalande. Une part importante est faite à l'histoire avec cette année une création mondiale d'un oratorio italien mettant en scène Anne de Bretagne, donnée en l'église de Plouaret.
Ces rencontres, sous la houlette experte de leur directrice artistique Geneviève Le Louarn, concentrent une dose incroyable d'énergie, tant de la part de l'organisation que des concerts en eux-même. Pour exemple le concert du 16 octobre donné en l'église Saint-Jean du Baly à Lannion avec l'ensemble Les Surprises, qui présentait sur le thème « Louis XV, souverain des éléments » une œuvre intitulée Les Éléments écrite conjointement par Michel-Richard Delalande et André-Cardinal Destouches. Le jeune ensemble Les Surprises dirigé depuis le clavecin par Louis-Noël Bestion de Camboulas fit littéralement exploser cette musique inédite et inouïe. Orchestre de jeunes musiciens à la fougue sans limites qui portèrent un public enthousiaste durant une heure et quart dans ces climats contrastés d'ombres et de lumières que constituent les quatre éléments.
Le lendemain, 17 octobre, autre lieu, autre ambiance autour de l'orgue historique de Lanvellec construit par le facteur anglais Robert Dallam en 1653, avec un « Concert voyage » auprès des plus grands organistes compositeurs de la fin de la Renaissance et du début du baroque. Cet orgue génère immédiatement une émotion intense, de par sa situation dans un enclos et sa petite église avec une tribune où trône un buffet polychrome de toute beauté. Une fois installé au clavier, l'orgue respire naturellement grâce à un lève-soufflet automatique qui retrouve le mouvement naturel du souffleur à bras qui engendre un vent vivant intact depuis plus de trois siècles, grâce à la splendide restauration de Barthélémy Formentelli réalisée en 1986 et qui sut conserver son harmonisation ancienne. Jean Tubéry, célèbre cornettiste et chef de l'ensemble La Fenice, parle de son émotion à l'écoute de cet orgue qui pour lui est un témoin unique des sons que l'on pouvait entendre à l'époque venant ainsi aider ses propres recherches en matière de restitution sonore pour lui-même et ses musiciens.
Afin de retrouver ces ambiances authentiques, Yasuko et Michel Bouvard organistes invités, proposaient un programme adapté aux possibilités de l'instrument ancien avec des auteurs de l'école européenne dans ce merveilleux passage de la Renaissance au baroque naissant. Sur un petit clavier unique de 48 notes, les quatre mains biens serrées des artistes firent virevolter avec grand énergie les musiques de Widman, Carlston, Tomkins, et même Mozart placé là pour montrer des possibilités élargies pour un tel orgue. Un divertimento en Fa majeur K 213, initialement pour les instruments à vents, et transcrit tel un retour à quelque source imaginaire, terminait en gloire ce récital original et une nouvelle fois formidablement enthousiasmant. De plus Michel Bouvard en grand pédagogue présenta les œuvres, ce qui permit à un public nombreux et attentif de goûter pleinement les délices de la musique et des sons magiques de cet orgue.
Ces expériences musicales montrent à quel point le patrimoine breton est riche, et déplace quantitativement un public fidèle. Le sérieux d'un festival comme celui-ci qui fêtera allégrement l'année prochaine ses 30 ans d'âge ouvre les portes de tous les possibles. Assurément un exemple à suivre !
Crédits photographiques : Ensemble Les Surprises © A.Pialoux; Lanvellec Orgue Dalham © MLC2; Michel Bouvard © DR
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Festival international de musique ancienne de Lanvellec et du Trégor.