Le glorieux été indien d’Itzhak Perlman et Emanuel Ax

A tout juste soixante-dix ans, Itzhak Perlman demeure l'un des plus grands violonistes vivants même s'il ne joue plus guère, se consacrant avant tout à l'enseignement. Avec son vieux complice Emanuel Ax, il nous donne des sonates de Strauss et Fauré rayonnantes de lyrisme et de somptuosité sonore. Quelle leçon de musique!

En complément du récent coffret d'hommage rendu par DGG au grand Itzhak Perlman, désormais septuagénaire, voici que paraît ce nouveau CD qui vient enrichir sa discographie de deux sonates presque contemporaines mais bien différentes. Celle de Gabriel Fauré  est l'un des premiers chefs d'œuvre du maître français alors trentenaire tandis que celle de Richard Strauss reste encore tributaire des modèles beethovéniens et brahmsiens, mais avec cet élan conquérant qui caractérise le jeune compositeur prodige.

Dans les deux, on retrouve avec bonheur la sonorité royale de Perlman même si quelques fugitives imperfections dans l'intonation ou les attaques montrent que le grand maître n'a plus tout à fait la fabuleuse maîtrise instrumentale de ses grandes années. On ne chipotera pas cependant devant une lecture dont l'enthousiasme et la flamme sont intacts, d'autant que l'entente avec un complice de longue date comme Emanuel Ax est quasiment fusionnelle.

Trouvera-t-on que Strauss tombe plus naturellement sous leurs doigts que Fauré ? N'oublions pas que si Perlman a beaucoup fréquenté le post-romantisme viennois dans lequel son généreux lyrisme s'épanouit avec effusion, il a également servi Lalo et Saint Saens avec panache. A un tel niveau de splendeur musicale, on ne peut que saluer le génie de l'un des plus grands violonistes du XX° siècle en son glorieux été indien.