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Depuis la saison 2014-2015, Pascal Rophé est le directeur musical de l'Orchestre national des Pays de la Loire. Le chef français y développe des projets afin de rendre l'orchestre indispensable sur la scène musicale. Il revient sur les initiatives et les faits marquants de son travail avec cet orchestre qui parcourt sans relâche sa région à la rencontre de ses publics.
« L'Orchestre national des Pays de La Loire doit se rendre indispensable sur la scène musicale actuelle et être identifié par nos multiples projets. »
ResMusica : Vous venez d'ouvrir votre saison par un opéra ! Est-ce une nouvelle manière de démarrer l'année musicale ?
Pascal Rophé : Nous avons deux ouvertures cette année. La première vient de se dérouler en collaboration avec l'Opéra de Nantes. Nous avons joué l'Heure espagnole de Maurice Ravel, en version de concert, à Nantes et à Angers. Nous collaborons étroitement avec l'opéra et cette ouverture de saison permet de proposer au public des œuvres dont l'effectif instrumental est trop important pour la fosse du théâtre Graslin (où l'ONPL est orchestre résident). Ce rapprochement se poursuivra l'an prochain avec un grand chef d'œuvre du répertoire lyrique, ce sera une production très ambitieuse ! Sinon l'ouverture de la saison purement symphonique se déroulera début octobre avec un programme Brahms-Strauss avec le pianiste Nicholas Angelich en soliste.
RM : Vous avez enregistré, pour le label Bis, un album consacré à Dutilleux. Quel en sera le contenu ?
PR : Nous allons publier en janvier prochain, dans le cadre du Centenaire Dutilleux, un album intégralement consacré à des œuvres de jeunesse et inédites d'Henri Dutilleux. Autour de la version originale du ballet Le Loup, il y aura des mélodies (avec le baryton Vincent Le Texier), et deux œuvres pour orchestre : Trois tableaux symphoniques et la musique du film La fille du diable. Les sessions d'enregistrement, de l'été dernier, avec les ingénieurs du son du label Bis, se sont très bien passées et ce sera, j'en suis persuadé, un très bel album.
RM : Cet enregistrement Dutilleux ne se place-t-il pas dans la filiation de la musique française chère à Pierre Dervaux, le fondateur de l'orchestre ?
PR : Parfaitement ! L'ADN de l'Orchestre est naturellement porté sur la musique française depuis sa fondation et les mélomanes se souviennent des disques fondateurs de Pierre Dervaux pour EMI avec, entre autre, des œuvres de Vincent d'Indy, Henri Rabaud ou Gabriel Pierné. Nous sommes en train de réfléchir, avec le label Bis, à d'autres albums consacrés à la musique française. J'ai par ailleurs découvert des trésors musicaux inestimables dans la bibliothèque de la Société des concerts d'Angers. Ces archives comprennent des merveilles dont même un manuscrit inédit du Chasseur maudit de César Franck.
RM : Quelles sont les relations de l'ONPL avec les autres institutions musicales et culturelles de la région ?
PR : Nous avons une collaboration avec Robert Swinston, directeur du Centre de danse contemporaine d'Angers. Il va chorégraphier des œuvres d'Henri Dutilleux et ce projet sera repris à la Philharmonie de Paris. L'Orchestre se rapproche également de la Folle Journée. Il est important que l'ONPL soit au cœur de cette grande manifestation nantaise dont la visibilité est internationale.
RM : Votre saison est dédiée aux poèmes symphoniques. Pouvez-vous nous en expliquer le concept ?
PR : J'ai organisé cette saison comme la suite de la précédente qui était consacrée aux symphonies. J'ai donc pioché, selon mes goûts et mes envies, dans le vaste panel des poèmes symphoniques. La sélection est également basée sur les besoins de travail de l'orchestre car il est indispensable de nous confronter aux fondamentaux du répertoire. Il y a aura les Préludes de Liszt, l'Île des morts de Rachmaninov et bien sûr les grandes œuvres de Richard Strauss ! l'ONPL joue chaque programme entre 4 ou 8 fois, donc forcément cela limite notre nombre de productions par saison. Le panel sera donc plus synthétique qu'exhaustif ! Nous poursuivons également notre travail avec Pascal Dusapin qui est compositeur en résidence : ainsi son concerto pour violon « Aufgang » sera proposé avant les Planètes de Gustav Holst. L'orchestre poursuit également les cinés-concerts car il s'agit d'un moyen unique de faire venir un nouveau public à l'ONPL.
RM : Comment organisez-vous le travail de l'orchestre ?
PR : Les recrutements ont pu être débloqués et du sang neuf a rejoint les pupitres. Mais pour rebondir sur la question précédente, cette arrivée de nouveaux musiciens implique de travailler les bases du répertoire : les symphonies en 2014-2015 et les poèmes symphoniques en 2015-2016 ! Il y a un potentiel formidable dans cet orchestre ! Il ne demande qu'à s'exprimer ! Nous essayons de voir tout ce que nous pouvons améliorer y compris dans les plannings de travail afin de les rendre encore plus efficients !
RM : Vous avez invité, au printemps dernier, la classe de direction d'Alain Altinoglu du CNSM de Paris, pour participer au travail sur la symphonie n°7 de Mahler. Quel bilan en tirez-vous ? Avez-vous l'intention de poursuivre cette collaboration ?
PR : Cela s'est très bien passé ! Ce fut une excellente expérience et nous avons même accueilli un public de 300 personnes, venues assister à cette première en Pays de la Loire. Les musiciens étaient ravis et les jeunes chefs aussi même si la symphonie n°7 de Mahler reste très difficile à aborder. L'un des jeunes chefs va même revenir cette saison pour un programme éducatif. Nous avions également une académie pour les jeunes instrumentistes lors de cette production avec la symphonie n°7 de Mahler. Nous allons la refaire cette saison avec les Planètes de Holst. Nous avons aussi d'autres projets de professionnalisation des jeunes musiciens, j'espère pouvoir les finaliser très rapidement. L'ONPL doit se rendre indispensable sur la scène musicale actuelle et être identifié par nos multiples projets dont ceux-là.
Bizarre interview ou la baisse notable des subventions de l’orchestre n’est pas évoquée !
Sinon ne pourrait-on espérer que cet orchestre ne relève pas le flambeau de la musique française comme le faisait Plasson à Toulouse il y a pas mal d’années , travail que les orchestres parisiens ne font pas ?
Depuis quand n’a-t-on pas entendu en France une intégrale des symphonies de Roussel ou les magnifiques symphonies de Dukas ou Chausson ?