Festival de Besançon : La Messe en si de Bach et le Fine Arts Quartet
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Besançon. Festival de Besançon. Kursaal. 19-IX-2015. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Messe en si mineur BWV 232. Stéphanie Révidat, soprano ; Salomé Haller (mezzo-soprano) ; Julien Freymuth (contre-ténor) ; Daniel Schreiber (ténor) ; Ekkehard Abele (baryton). La Chapelle Rhénane, direction : Benoît Haller.
26-IX-2015. Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuor à cordes en sol majeur op. 77 n°1. Guillaume Connesson (né en 1970) : Quatuor à cordes. Johannes Brahms (1833-1897) : Quintette pour clarinette et cordes en si mineur op. 115. Fine Arts Quartet : Ralph Evans, Efim Boici, violons ; Juan-Miguel Hernandez, alto ; Robert Cohen, violoncelle. Patrick Messina, clarinette.
Pour cette 68e édition du festival de Besançon: de Bach avec la Chapelle Rhénane à Haydn, Brahms et Connesson avec le Fine Arts Quartet.
La très connue Messe en si de Johann Sebastian Bach permet de nombreuses approches musicales. La tendance actuelle est bien tournée vers le retour aux sources musicologiques. On ne parle même plus de retrouver le spirituel et les multiples et très complexes symbolismes qui y sont attachés, musicaux ou autres (les nombres, les constructions). La version donnée par Benoît Haller appartient bien sûr à notre temps avide d'instruments copie d'époque.
Le public aura apprécié une mise en scène efficace de cette messe : solistes d'orchestre debout, chœur mouvant en demi-cercle derrière dont sont issus les chanteurs solo. Le chef aux larges épaules embrassa l'œuvre d'un grand geste, dans un très bon équilibre entre l'orchestre et les chœurs à part égale en nombre (une vingtaine pour chaque). Des moments-clé jalonnent la longueur de l'œuvre : la réussite tient souvent à celle du chœur initial, du Qui Tollis, de l'Incarnatus est, du Crucifixus et de l'Agnus Dei. Pour le Crucifixus, il faut entendre les clous plantés dans les membres, effets bien rendus dans les coups d'archets. L'Agnus Dei est la dernière impression que nous laissera cette messe : incroyable musique en suspens, redoutable pour l'altiste. Et avouons que Julien Freymuth eut du mal à placer sa voix dès le début et à nous donner cette impression de flottement, cette émotion dans le silence. Mais les autres solistes nous ont ravi : les parties assurées par l'impossible et très périlleux cor naturel (presque juste pourtant) ainsi que les trompettes du même rang, les bois magnifiques (traversos et hautbois parfaitement justes). Jamais sur-dirigée, cette messe bénéficia d'une acoustique bien meilleure au Kursaal que dans bien des églises.
Le son de clarinette de Patrick Messina
Avant-dernier concert de la saison, le Fine Arts Quartet interprète deux œuvres de fin de vie de Haydn et de Brahms. L'avant-dernier des quatuors de Haydn a été joué comme appartenant à cette immense série de chefs-d'œuvre, rattaché à eux stylistiquement et spirituellement par une conduite de la musique qui laisse parler celle-ci au lieu de se l'approprier. On n'aura peut-être pas autant l'impression d'humanité et de naturel telle que la toute première formation du Fine Arts savait la rendre (celle des années 60), mais le respect d'équilibre entre les quatre voix au profit de la seule musicalité était bien présent. L'unique quatuor de Guillaume Connesson (2010) fait irrésistiblement penser à Chostakovitch. Avec ses trois mouvement Calme-Furieux-Triste, il s'agit d'une musique qui naît du silence pour y retourner, avec un mouvement central emporté par une dynamique irrésistible tournée vers la révolte. Ce quatuor raconte une histoire d'humanité, de doutes et de fatalité face à un destin incompréhensible. La voix donnée pianissimo à l'alto seul retournera au violoncelle seul dans la même nuance de désespoir. Poignant. Un quintette dénué de toute lourdeur de Brahms nous permettra de rentrer dans la sonorité de Patrick Messina qui incarne tout ce dont peur rêver un instrumentiste à vent : irréprochabilité des attaques, des tenues de sons, douceurs veloutées, chaleur des basses, ouverture des aigus. En prime, un bis qui n'en est pas un : la totalité du larghetto du quintette K581 de Mozart donné la veille.
Crédit photographique : Patrick Messina © Gilles Swierc
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Besançon. Festival de Besançon. Kursaal. 19-IX-2015. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Messe en si mineur BWV 232. Stéphanie Révidat, soprano ; Salomé Haller (mezzo-soprano) ; Julien Freymuth (contre-ténor) ; Daniel Schreiber (ténor) ; Ekkehard Abele (baryton). La Chapelle Rhénane, direction : Benoît Haller.
26-IX-2015. Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuor à cordes en sol majeur op. 77 n°1. Guillaume Connesson (né en 1970) : Quatuor à cordes. Johannes Brahms (1833-1897) : Quintette pour clarinette et cordes en si mineur op. 115. Fine Arts Quartet : Ralph Evans, Efim Boici, violons ; Juan-Miguel Hernandez, alto ; Robert Cohen, violoncelle. Patrick Messina, clarinette.