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L’impériale intégrale des concertos de Beethoven au Festival Berlioz

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La Côte-Saint-André. 28-VIII-2015. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : intégrale des 5 Concertos pour piano. Orchestre de Chambre de Paris, direction et piano : François-Frédéric Guy.

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FFG4Troisième volet du Beethoven Project de , l'intégrale enthousiasmante, en une seule soirée, des concertos au festival Berlioz continue d'installer l'idée que les deux compositeurs ont beaucoup en commun.

Les 32 sonates en 2013, les sonates pour piano et violoncelle et les sonates pour piano et violon en 2014, la merveilleuse aventure continue. Une manière de rêve s'est réalisée au festival Berlioz pour ceux qui considère que la France a aussi son Beethoven en la personne du grand Hector. L'évidence avec laquelle le Festival nous fait passer de l'un à l'autre fait du voyage à La Côte-Saint-André un des plus passionnants qui soient.

Passion est le maître mot. Passion d'Hector pour Ludwig. Passion de François-Frédéric pour l'un et l'autre. Cela ne peut que générer le genre d'étincelles qui fait les soirées historiques. De fait l'on sait très vite que le pari de est gagné. Le pianiste impulse d'emblée au Concerto n° 1 une puissance annonciatrice de l'Empereur conclusif. Jamais comme ce soir l'on n'avait remarqué combien le « Largo » de l'opus 15 nous projette déjà dans l'immobilité contemplative de l' « Adagio » de l'opus 73. L'on s'émerveille d'emblée des contours de l'. Des cors en majesté. Une clarinette en état de grâce. Des trompettes et des timbales aux effets parfaitement calculés. Des attaques de cordes précises, pleines et lisibles. L'on découvre les mille et une attentions portées à chaque phrase de ces œuvres qui ont fait entrer en musique bien des mélomanes. Le tout est architecturé par un pianiste idéalement nuancé, entre autorité et méditation. De dos face à un Steinway décarapaçonné, heureux comme un enfant face aux potentialités de son jouet, démiurge bienveillant, navigue avec talent entre clavier et direction d'orchestre. Guy de dos, Beethoven en pleine figure, assurément !

L'on déplore que la première séance de 19 h, qui fait entendre ensuite le Concerto n° 4, n'ait pas respecté la chronologie. Les deux premiers concertos de Beethoven n'ont pas la popularité des suivants, ce qui n'est qu'injustice, comme le prouve définitivement François-Frédéric Guy, dont l'interprétation soulignera l'extrême beauté des mouvements lents, la classe des premiers, l'irrésistible vélocité motoriste du « Rondo » du n° 1, le jaillissement jubilatoire de celui du n° 2.

FFG2L' « Andante con moto » du n° 4, étrange pause récitative, est pris ici avec une autorité pressée d'arriver au « Rondo » final. Le pianiste réserve bien sûr un sort tout particulier à ce mouvement ultime, qui le fait littéralement surfer sur une houle tourmentée entre piano et cordes, et à ses trois moments de suspension sonore, où le futur Hymne à la joie balbutie son envol.

Après une pause d'une heure, où le public est invité à la dégustation d'un roboratif « panier du Grognard », François-Frédéric Guy, chemise blanche contre chemise noire, aligne les opus 19, 37 et 73 avec un élan intact. Sa constante impatience d'en découdre, sa connaissance quasi-intime des intentions du compositeur, transforment ce qui ne pourrait être que performance en formidable voyage intérieur de la pensée beethovénienne. Avec son orchestre haut de gamme, il fait de l' « Allegro » de l'Empereur (surnom à l'origine douteuse mais en écho inespéré avec l'intitulé du Festival 2015) un couronnement en cinémascope. On se prend à rêver à une intégrale des symphonies sous les mêmes doigts…

Lorsque François-Frédéric Guy se retourne un peu avant minuit face à l'ovation debout qu'il reçoit de la part d'un auditoire qui retenait son souffle, davantage que le rapace altier de l'intitulé du concert (le Vol de l'Aigle) c'est un Beethoven apaisé, souriant, terriblement humain, qui revit en bordure de scène.

Crédit photograhique: © Delphine Warin/Festival Berlioz

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