À Salzbourg, la généalogie boulézienne par Daniel Barenboim
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Salzbourg. Mozarteum. 13-VIII-2015. Richard Wagner (1813-1883) : Siegfried-Idyll pour orchestre à cordes ; Arnold Schoenberg (1874-1951) : Kammersymphonie n° 1 op. 9 ; Pierre Boulez (né en 1925) : sur Incises pour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions. Solistes du West Eastern Divan Orchestra ; Daniel Barenboim, piano et direction.
Dans son parcours consacré à Pierre Boulez pour ses 90 ans, le Festival de Salzbourg n'aura pas toujours eu la main heureuse, à cause d'interprètes mal assurés ou d'acoustiques déficientes ; la pleine réussite du concert du West-Eastern Divan Orchestra en petite formation dans la belle salle Jugendstil du Mozarteum suffit à faire oublier une bonne partie de ces frustrations.
La désignation officielle du concert est à vrai dire un peu trompeuse : on parlerait plutôt d'orchestre de chambre que de musique de chambre, et le West-Eastern Divan Orchestra est bien aidé ici d'avoir en ses rangs des musiciens de premier plan qui dépassent le cadre éducatif et régional du projet de Daniel Barenboim et Edward Said : le violoniste Michael Barenboim et le pianiste Michael Wendeberg sont des solistes reconnus, le flûtiste Mathieu Dufour et le percussionniste Dominic Oelze sont solistes du Philharmonique et de la Staatskapelle de Berlin. Mais qu'importe : sous la direction attentive et soignée de Daniel Barenboim, tous donnent des trois œuvres au programme une interprétation d'un tel niveau qu'on aimerait la voir éditée au plus vite dans la belle collection discographique des trésors du festival.
Avec Boulez, il est toujours tentant de présenter des programmes retraçant une sorte de généalogie de la musique : c'est ce qu'a fait ici Daniel Barenboim, en mettant à l'honneur deux des compositeurs que Boulez aura le plus souvent dirigés. Siegfried-Idyll est toujours une bonne occasion pour une formation de chambre de briller, mais la brillante Symphonie de chambre de Schönberg emporte plus encore l'enthousiasme du public : dans cette œuvre où les problématiques formelles sont aussi essentielles que la vivacité des couleurs instrumentales, la fraîcheur et la vie que Barenboim obtient de ses instrumentistes est admirable. Formes, couleur, rythme : ce sont aussi trois composantes aussi de sur Incises, le chef-d'œuvre de la dernière partie de carrière de Pierre Boulez : le public le moins attiré par la musique contemporaine serait pour le moins intrigué par son instrumentarium hors norme qui donne à toute exécution de la pièce un aspect presque scénique. Sans doute Boulez savait comme personne mettre en évidence la variété de sa propre écriture ; ce qu'obtient Barenboim permet en tout cas de s'assurer que, contrairement aux prophéties malveillantes des anti-Boulez, son œuvre est bien partie pour rester pour longtemps à l'affiche des salles de concert.
Crédits photographiques : ICMA-Pierre-Jean Tribot
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Salzbourg. Mozarteum. 13-VIII-2015. Richard Wagner (1813-1883) : Siegfried-Idyll pour orchestre à cordes ; Arnold Schoenberg (1874-1951) : Kammersymphonie n° 1 op. 9 ; Pierre Boulez (né en 1925) : sur Incises pour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions. Solistes du West Eastern Divan Orchestra ; Daniel Barenboim, piano et direction.
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