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Khatia Buniatishvili, l’énergie au Verbier Festival

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En quelques années la pianiste s'est imposée comme l'une des jeunes stars incontournables de la musique classique, mélange 2.0 entre une énergie indomptable et un style glamour revendiqué, entre autre, à travers des robes de concerts. Fidèle au Verbier Festival, dont elle fréquenta l'Académie, la jeune femme revient sur son parcours musical de Verbier au monde entier.

« Voir tous ces grands musiciens de si près c'est également fabuleux pour une jeune pianiste, on se prend à rêver de faire, un jour, partie de cet univers. »

ResMusica : Vous êtes l'une des artistes les plus fidèles du Verbier Festival car vous avez participé à l'Académie dès 2003. Qu'est-ce que cette expérience vous a apporté ?

 : j'étais à Verbier en effet, mais pas comme élève de l'Académie avec le cursus complet. J'ai joué, lors d'une classe de maître de Claude Frank, la Sonate de Liszt et cela m'a beaucoup apporté. Je souhaitais aussi travailler avec Leon Fleisher, mais il n'était pas présent cette année-là.  J'avais seulement 16 ans et je savais que Verbier était l'un des plus grands lieux au monde pour la musique classique. Voir tous ces grands musiciens de si près c'est également fabuleux pour une jeune pianiste, on se prend à rêver de faire, un jour, partie de cet univers.

RM : Vous avez également été pendant deux ans, aux claviers (piano, orgue, célesta) dans l'Orchestre du Festival, est-ce que ce fut bénéfique dans votre formation ?  

KB : J'avais 17 ans et c'était formidable de découvrir l'orchestre de l'intérieur. Je pense que tout soliste doit savoir comment sonne et réagit un orchestre depuis ses pupitres, cela aide à comprendre bien des aspects symphoniques et polyphoniques : ainsi Petrouchka de Stravinsky que je joue en soliste et bien je l'ai jouée depuis l'orchestre en tenant le piano principal. Je ne me sens pas une « soliste », mais une musicienne au milieu de mes confrères et jouer dans un orchestre permet de ressentir les pupitres en soi. Le Verbier Festival Orchestra était également une chance extraordinaire de pouvoir jouer des monuments de la musique symphonique avec les plus grands chefs de notre époque.

RM : Est-ce que, quand désormais, vous êtes en récital sur la scène de la Salle des Combins, vous pensez à vos années depuis l'Orchestre ?

KB : Oui, c'est indéniable, mais je ne pense pas avoir changé. J'étais assez sure de moi, j'étais convaincue que j'allais percer dans le monde de la musique, mais je me posais beaucoup de questions. Je me pose toujours ces mêmes questions et j'ai les mêmes doutes qu'à l'époque, même si je suis sur le devant de la scène.

RM : Pour la clôture du festival, vous allez collaborer, pour la première fois, avec .

KB : Oui ce sera ma première collaboration avec le maestro . Curieusement, c'est à Verbier que se concrétisent des rencontres inédites. C'est ici que j'ai joué pour ma première fois avec les violonistes Joshua Bell et Lisa Batiashvili. Je ne sais pas si c'est une coïncidence ou une volonté de la direction du festival, mais c'est ainsi et c'est très plaisant. Je me réjouis de collaborer avec le très grand chef qu'est , il y a un immense respect pour les musiciens solistes et c'est bien sur un tel bonheur, pour une jeune musicienne, de partager la scène avec une légende de la musique.

RM : Vous venez de jouer avec et le Philharmonique d'Israël. Cette rencontre avec le chef indien vous a beaucoup marqué ?

KB : En effet, je l'adore ! J'étais très impressionnée de jouer sous sa direction, c'est un si grand musicien pour lequel j'ai tant d'admiration. J'étais très inquiète car je pensais que du haut de son expérience il allait remettre en cause ma conception de l'œuvre et je voulais apprendre de lui ! Et bien non, il n'a jamais essayé de changer la moindre nuance de mon interprétation.

RM : Vous venez de jouer un programme Ravel-Liszt-Stravinsky. Comment choisissez-vous vos répertoires ?

KB : C'était un répertoire assez neuf pour moi avec des morceaux que je programmais pour la première fois. Mais je choisis les œuvres car j'ai envie de les jouer et je ne me mets pas d'objectifs en fonction des lieux où je joue.  Que ce soit ici à Verbier, ou dans un petit village, je n'ai pas de stratégie établie dans le développement de mon répertoire.

RM : Dans le dossier de presse on parle de vous comme l'icône de la nouvelle génération. Est-ce que c'est quelque chose qui vous fait plaisir ?

KB : (rires) Tiens je ne l'ai pas vu ce texte ! Oui cela fait naturellement plaisir (rires), il ne faut pas mentir !  Mais je sens une complicité et une proximité avec les jeunes. Je sens qu'ils comprennent que je prends des risques, même si cela ne peut pas plaire à tout le monde. J'aime mélanger des éléments comme la profondeur ou le glamour, mais j'aime prendre des risques et trouver un chemin qui me sera propre.

RM : Vous êtes jeune et très énergique, le public de la musique classique est plutôt conservateur dans ses habitudes. Est-ce qu'il y a des choses que vous voulez changer ?

KB : Je crois que le public, quelque-soit son âge aime la nouveauté car la nouveauté c'est frais pour tout le monde. Mais c'est  plutôt aux organisateur de réfléchir à comment changer l'organisation et la sociologie concert. Je ne suis pas inquiète sur l'avenir de la musique classique, je pense que cela dépend de la personnalité des artistes qui peuvent entraîner le public à travers les routes de la nouveauté. Nos personnalités peuvent aider les promoteurs et organisateurs à trouver des solutions pour convaincre ceux qui ne viennent pas au concert d'y venir.  Nous devons travailler de concert.

Crédits photographiques :  © Julia Wesley

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